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«Aucun commerçant ne peut nous convaincre avec des chiffres fantaisistes.
Rien ne justifie la vente du kilogramme de riz à 300 F Cfa et à 325 F Cfa.
Tout Commerçant qui le vend à plus de 275 F Cfa, fait de la spéculati
on».

C’est en ces termes que Choguel Kokala Maïga, ministre de l’Industrie et du Commerce s’est exprimé hier devant les gros importateurs de riz au Mali.
Dès les premières minutes de la rencontre, le ministre de l’Industrie et du Commerce a indiqué que le moment, pour que les différents acteurs se disent certaines vérités, est arrivé.

Le ministre Choguel Maïga a d’abord fait le point d’exécution des importations des 50.000 tonnes de riz et des 100.000 tonnes de maïs sans TVA. A la date du 31 août 2005, dans le cadre de cette opération sans TVA, trente huit opérateurs économiques ont fait rentrer 72.036 tonnes de riz et 7.684 tonnes de maïs.

Le ministre dira ensuite que les sacrifices consentis par l’Etat, dans le cadre de cette opération, s’élèvent à plus de 3,5 milliards de F Cfa.

«Malgré cet effort de l’Etat, nous assistons à une augmentation inacceptable du prix du riz sur nos différents marchés» a-t-il dénoncé.

Il a indiqué que la décision courageuse du gouvernement du Mali d’exonérer l’importation de 50.000 tonnes de riz et 100.000 tonnes de maïs est mal apprécié par les partenaires financiers de notre pays. «Nos partenaires sont opposés à notre décision parce qu’ils pensent que l’Etat accorde des subventions déguisées aux opérateurs économiques» a-t-il déclaré.

Selon lui, en prenant cette décision, l’Etat du Mali s’était fixé l’objectif de faire rentrer le maximum de céréales afin de faire baisser les prix. «Mais hélas, des spéculateurs se sont mêlés du jeu pour faire grimper le prix du riz» a-t-il regretté.

Le ministre Choguel Maïga a indiqué aux opérateurs économiques que les associations de consommateurs auraient, depuis le début de l’opération, demandé à l’Etat de fixer des prix limites.

«Mais, nous avions estimé qu’il fallait sensibiliser les commerçants tant que les prix restaient dans une fourchette raisonnable eu égard à la conjoncture internationale» a-t-il révélé.

Cependant, il a estimé que malgré l’augmentation du prix des hydrocarbures qui a renchéri le prix des transports, rien ne justifie le prix de 300 F Cfa que certains commerçants pratiquent sur le kilogramme de riz à travers le pays.

«Aujourd’hui, nous sommes convaincus qu’il y a des réseaux structurés pour faire la spéculation sur le riz. Ce ne sont les importateurs qui profitent, ni les consommateurs. Il y a des intervenants qui se sont glissés dans la chaîne pour faire monter les enchères» a-t-il dénoncé.

Et comme la borne de 275 F Cfa le Kg de riz est aujourd’hui franchie, le ministre Choguel a clairement dit aux opérateurs économiques que l’Etat va prendre ses responsabilités en édictant des mesures administratives pour imposer un prix homologué.

Il a aussi dénoncé la mauvaise qualité du riz que certains opérateurs économiques ont mis sur le marché. Cette sortie musclée du ministre Choguel a surpris plus d’un.

Hama Abbas Cissé, président des commerçants détaillants, sentant sa corporation menacée par la mesure annoncée par le ministre de l’Industrie et du Commerce, a été le premier à prendre la parole.

Il a reconnu que le pays traverse une période difficile. Pour cela, indique-t-il, personne ne peut empêcher l’Etat de prendre des mesures administratives. Il a estimé que «la sensibilisation en cours est plus qu’une mesure administrative». Cependant, a-t-il souhaité que le ministre leur accorde un délais de 48 heures pour qu’ils puissent faire une proposition allant dans le sens de la réduction des prix.

Pour sa part Cheick Hamalah Bathily a qualifié la situation d’inacceptable. «Pendant que l’importateur gagne 15 F sur le kilogramme, les détaillants gagnent 75 F» a-t-il révélé.

Selon lui, la seule façon pour ramener l’ordre dans le secteur est l’édiction d’une mesure administrative. Hamadou Djigué, de la société Djigué SA a souhaité que l’Etat rassure les opérateurs quant à la date buttoir de la fin des importations exonérées de la TVA.

«Nous voulons avoir un délais qui n’est pas le 30 septembre 2005, parce que les opérateurs ont déjà embarqué le riz. S’ils sont menacées par le délais, ils vont vendre leur cargaison à Abidjan où dans d’autres pays limitrophes» a-t-il expliqué.

M. Diakité, vice-président de l’Ascoma a indiqué que si l’Etat avait écouté les associations de consommateurs, la population n’allait pas souffrir comme c’est le cas aujourd’hui. «L’Etat ne peut pas renoncer à des droits et que des opérateurs véreux s’en accaparent. Il faut des mesures administratives» a-t-il indiqué.

Il a aussi demandé à l’Etat de vérifier la qualité du riz importé. Selon lui, un gros importateur n’a fait qu’importer du riz périmé.

Mieux, il a dénoncé le prix du kilogramme de sucre sur le marché et souhaité que des dispositions soient prises pour le ramener à des propositions raisonnables en cette veille de mois de carême.

De son côté, Abdoulaye Traoré de Consoligue a demandé au gouvernement de faire appliquer des prix homologués sur les différents marchés du pays en ce qui concerne les 10.000 de riz que l’Opam compte mettre à la disposition du peuple.

Il a aussi souhaité des mesures administratives pour ramener les spéculateurs dans les rangs. Maridjé Kéïta de la Redecoma a appuyé la demande des autres associations de consommateurs quant à la mesure administrative.

Si le ministre Choguel Maïga n’a pas publié le contenu de sa mesure administrative, il a mis les détaillants et les grossistes en demeure de se rencontrer pour dégager un prix raisonnable.

Avant de quitter la salle, les commerçants détaillants et les grossistes se sont donnés rendez-vous pour aujourd’hui à la Chambre de Commerce.

Cette réunion qui s’annonce houleuse doit permettre aux commerçants de dégager un prix raisonnable. Sinon, la décision administrative va sévir.

Assane Koné

13 septembre 2005.