Dans les extraits qui suivent, le ministre fait un plaidoyer politique en faveur de nouveaux mécanismes de financement du développement mais aussi et surtout invite les Nations à se donner la main pour venir à bout des pandémies.
« La Conférence de Paris organisée à l’initiative du président de la République vient de s’achever, et les débats, mais aussi et surtout les résultats auxquels nous sommes parvenus en font une étape décisive de l’aide au développement et de la recherche de nouveaux financement.
Tout cela va dans le sens d’une mondialisation plus juste et plus solidaire que la France appelle de ses voeux. En prenant l’initiative de cette Conférence, la France avait trois objectifs :
– D’abord, nous voulions approfondir et élargir le consensus international autour des financement innovants du développement, ces mécanismes justes, rationnels et techniquement faisables qui doivent être mis en oeuvre pour répondre concrètement, sur le terrain, aux défis du développement, en particulier le défi sanitaire ; nous voulions aussi élargir le cercle des pays qui ont décidé d’adopter et d’appliquer, sur leur territoire, une contribution de solidarité sur les billets d’avion ; enfin, la France avec le Brésil et le Chili, souhaitaient présenter à la communauté internationale leur projet de Facilité Internationale d’Achat de Médicaments (FIAM), car c’est dans le cadre de ce Fonds que nous proposons aux pays partenaires d’utiliser conjointe-ment le produit de leurs contributions sur les billets d’avion.
L’idée de financements innovants du développement a été lancée, vous le savez, à l’automne 2003 par le président de la République. Cette question se trouve aujourd’hui à l’ordre du jour de toutes les enceintes internationales concernées, notamment des Nations unies. Le Sécrétaire général, M. Kofi Annan a tenu, d’ailleurs, à venir personnellement à Paris pour en parler et apporter son soutien à notre projet de Facilité Internationale d’Achat de Médicaments.
Concernant maintenant la contribution sur les billets d’avion, 12 pays ont affiché leur intention très concrète de rejoindre l’initiative de la France : le Chili, le Brésil, la Norvège, Chypre, Madagascar, le Royaume-Uni, le Luxembourg, la Jordanie, le Congo, Maurice, la Côte d’Ivoire, le Nicaragua. Un grand mouvement de solidarité est désormais enclenché, il est irréversible, d’autres pays prendront certainement une décision similaire dans les mois à venir.
La Conférence de Paris a permis de concrétiser une nouvelle conception de l’aide au développement : ce n’est plus seulement un transfert du Nord au Sud mais une redistribution des bénéfices de la mondialisation de la part de ceux qui en tirent le plus grand avantage.
La Conférence de Paris marque une étape décisive dans cette évolution. La mondialisation que nous voyons fait en sorte que certains deviennent de plus en plus riches et d’autres de plus en plus pauvres. Il est bon de savoir que ceux qui deviennent de plus en plus riches participent pour aider ceux qui sont les plus pauvres.
Enfin, la France a proposé aux côtés du Brésil et du Chili de créer une Facilité Internationale d’Achat de Médicaments (FIAM). Cette idée a été très bien accueillie par les participants qui ont vu dans ce Fonds une modalité d’affectation des ressources particulièrement adaptée aux enjeux sanitaires cruciaux des pays en
développement.
Un groupe pilote de 40 pays va être constitué. Il va s’employer, en liaison avec toutes les parties prenantes, à finaliser notre proposition d’ici le mois de septembre 2006, avec l’objectif d’aboutir à un consensus au moment de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations unies sur le VIH/Sida, qui se tiendra, comme vous le savez, à New York, le 1er juin prochain.
Cette conférence représente un jalon crucial dans la recherche de nouveaux financements pour le développement. La France veut montrer qu’il est possible, dès lors que la volonté collective existe, de réconcilier, sur le terrain, les impératifs d’efficacité et de solidarité.
Vous savez, il y a 40 millions de personnes affectés pas le Sida, cela fait beaucoup. 5 millions de nouvelles infections par an, une infection toutes les 6 secondes. 90% des nouvelles infections, ce sont dans les pays en voie de développement. 3 millions de morts par an.
Plus de 6 millions de malades ont besoin d’un traitement, tout de suite, urgent; or il n’y a qu’un million de patients qui ont accès au traitement qui leur est nécessaire. C’est une exigence éthique et morale d’être à ce rendez-vous. Je crois que nous allons créer, par cette Conférence de Paris, un élément tout à fait nouveau, révolutionnaire.
Les gouvernements demanderont à leurs concitoyens une somme, parfois modeste, parfois plus conséquente pour des hommes et des femmes qui n’appartiennent par obligatoirement à leur pays. C’est une nouvelle manière de voir les choses parce que, après tout, l’avion est fruit de la mondialisation. Et il est bon que l’on profite des fruits de la mondialisation pour aider ceux qui en ont le plus besoin.
La deuxième chose, c’est que lorsque l’on demande une participation à un homme ou une femme sur la planète, et en particulier dans les pays riches, il est normal de leur dire où concrètement va cette aide. L’idée de cette Facilité Internationale d’Achat de Médicaments permet tout simplement de faire passer un message.
Avec cet agent, nous allons pouvoir commander sur une longue durée un certain nombre de médicaments. Et plus la somme sera importante, plus le prix du médicament sera bas. Et plus le médicament aura un prix bas, plus le nombre de malades traités avec la même enveloppe sera important.
C’est donc une idée concrète, et je remercie encore Celso Amarim à qui je donne la parole, d’y avoir participé si grandement.»
Une synthèse de
Tiémoko TRAORE
06 mars 2006.