Cette conférence réunira près d’une centaine de pays du Nord et du Sud partageant la même ambition, notamment les pays ayant souscrit à la déclaration du 14 septembre 2005. Notre pays, le Mali en fait partie, et le privilège sera donné à Amadou Toumani Touré de faire un discours sur les nouveaux mécanismes de financement du développement. Elle réunira également les organisations internationales intéressées par les questions de développement et de santé publique, les fondations les plus actives dans ce domaine, les syndicats, les organisations non gouvernementales, et les collectivités territoriales seront également très largement représentées.
Suscitant l’intérêt croissant de la communauté internationale, la question des financements innovants du développement occupe désormais une place centrale au coeur des enjeux de l’avenir de notre planète. Elle est inscrite à l’ordre du jour des Nations Unies, de la Banque Mondiale, du fonds monétaire international, de l’Union européenne et du G8. Cette conférence marquera une nouvelle étape dans les mobilisations de la communauté internationale et favorisera un large échange de vues.
Ouverte par le président de la République française, elle sera l’occasion d’illustrer la réflexion sur la mondialisation solidaire et la lutte contre la pauvreté pour lesquelles la France souhaite des avancées concrètes. Des contributions internationales de solidarité pour redistribuer les fruits de la mondialisation.
La mondialisation constitue pour les pays en développement une formidable opportunité de s’insérer dans le flux d’échanges commerciaux et de capitaux. Faute d’une régulation suffisante, elle conduit également au creusement des inégalités entre les pays riches et les pays les plus pauvres. Les contributions internationales de solidarité permettraient de prélever une partie des nouvelles richesses créées par la mondialisation et de la redistribuer aux pays les plus pauvres.
Les contributions internationales de solidarité poursuivent donc un double objectif : Compléter l’aide publique au développement (APD) traditionnelle afin d’apporter les 70 milliards de dollars annuels supplémentaires nécessaires, au minimum, à la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement, instaurer des mécanismes de redistribution des richesses à l’échelle de l’économie mondialisée.
Les pays en développement ont besoin de plus d’aide
Les pays en développement ont besoin de plusieurs dizaines de milliards d’euros de ressources supplémentaires pour améliorer la qualité de leurs infrastructures, progresser en matière d’éducation et de santé et atteindre d’ici 2015 les objectifs du Millénaire pour le développement que s’est fixés la communauté internationale en 2000.
Les pays pauvres n’ont pas seulement besoin d’une augmentation de l’aide, mais aussi d’une aide plus prévisible et plus efficace. L’aide publique au développement traditionnelle est en effet souvent volatile et difficile à anticiper, car dépendante des contraintes budgétaires des pays donateurs. Les contributions internationales de solidarité, complémentaires de l’aide publique au développement traditionnelle, permettront de financer certains coûts récurrents des programmes de développement humain des pays pauvres comme les salaires des instituteurs ou encore l’achat de médicaments.
Rappelons qu’une première contribution internationale de solidarité a été approuvée par le Parlement Français en décembre 2005 mais n’entrera en vigueur que le 1er juillet 2006 pour permettre aux compagnies aériennes de préparer sa mise en place. Elle s’appliquera à tous les passagers décollant du territoire français à l’exception de ceux qui sont en correspondance. Son produit, estimé à 200 millions d’euros par an, sera collecté via les compagnies aériennes. La loi a déjà fixé des taux plafonds différenciés selon la destination du vol et la classe du voyage.
Pourquoi les billets d’avion ?
Le transport aérien est un secteur en croissance rapide et globalement assez peu taxé bien qu’il engendre des nuisances environnementales. Cette assiette est cohérente avec la volonté de redistribuer une partie des fruits de la mondialisation, en particulier lorsque des taux supérieurs sont appliqués aux passagers voyageant en classe affaires ou en première. La contribution sur les billets d’avion présente l’avantage de pouvoir être mise en oeuvre facilement sans préjudice économique pour les pays participants.
La France propose d’utiliser les sommes collectées pour faciliter l’achat de médicaments contre les principales pandémies du monde en développement.
La lutte contre les trois pandémies (VIH/Sida, tuberculose, paludisme) constitue un défi tant pour les pays du Nord que pour les pays du Sud. Ces trois pandémies tuent chaque année 6 millions de personnes. Des financements innovants permettraient d’apporter une réponse durable à la hauteur des enjeux, et sur une base régulière.
Les sources innovantes de financement, du fait de leur stabilité et de leur prévisibilité, pourraient être plus particulièrement affectées à l’achat de médicaments sur le long terme, afin de diminuer leur coût. A l’heure actuelle, 5 millions de personnes n’ont pas accès aux traitements antirétroviraux contre le sida dont elles auraient immédiatement besoin. Le coût des traitements de seconde ligne reste en effet encore très élevé. Les 200 millions d’euros de recettes apportées par la contribution française sur les billets d’avion permettraient d’acheter des traitements antirétroviraux pour environ 1,3 million de personnes.
Moussa TOURE
27 février 2006.