Le financement interne des partis politiques a été de tous les temps la
principale source de revenus des partis depuis les années d’avant
l’indépendance et de l’indépendance jusqu’à ce jour même si en 2001
l’ancien Président de la République Alpha Oumar Konaré a décidé d’octroyer
aux partis une aide financière publique pour le rôle qu’ils jouent dans la
société.
Cet appui, qui selon nos interlocuteurs, n’est qu’un appoint pour
les multiples changes des partis politiques qui se résument à la
formation, aux missions, à l’entretien des sièges, aux réunions, aux
salaires du personnel permanent, à l’entretien courant (eau et
électricité), etc. Toutes ces activités nécessitent une programmation
financière auxquelles doit répondre le parti à travers prioritairement le
financement interne.
Dans presque tous les partis politiques en République du Mali et
conformément à la charte des partis, ce sont les militants, les
fonctionnaires et cadres du parti, les sympathisants et les bonnes
volontés qui financent le parti.
Les sources
Ce financement se font principalement sous forme de cotisations, mais
aussi de contributions. La cotisation, qui est la principale ressource
financière des partis, est aujourd’hui un casse-tête pour l’ensemble des
formations politiques qui reconnaissent presque toutes la difficulté
qu’elles ont aujourd’hui à l’imposer aux militants. C
ertes, cette
difficulté est relative dans certains partis qui la résument à un manque
de formation et de sensibilisation, et qui trouve, que malgré tout,
certains militants s’imposent le devoir de s’acquitter de leurs
cotisations.
Au-delà de ce débat, il s’est agit de voir si les cotisations
payées çà et là répondent-elles aux voeux de partis où atteignent-elles
une certaine importance. Les partis constituant notre échantillon sont
formels « les cotisations sont très insuffisantes ».
C’est pourquoi, sans
exception, ils font tous recours aux contributions des cadres et
fonctionnaires de leurs formations respectives. En somme les contributions
sont de fait la ressource principale des partis politiques.
Elles sont
demandées à plusieurs occasions notamment pour des événements
exceptionnels ou non prévisibles comme les cas sociaux. Les cotisations
pouvaient-elles remplacer un jour les contributions ?
Les partis
n’écartent pas l’éventualité même s’ils s’accusent mutuellement de la
lourde responsabilité d’empêcher les militants de s’acquitter d’une
cotisation.
Un chef de parti disait « au lieu de faire obligation aux
militants de payer les cotisations, on leur donne de l’argent« . Ainsi les
militants ne se mettront même pas à l’idée qu’ils devraient soutenir
financièrement le parti en payant des cotisations.
Donc le parti qui se
hasarderait à imposer une quelque cotisation à ses militants contribuera
par la même occasion à leur démobilisation.
Même, à la question de savoir
si les partis connaissent leurs militants, il a été regrettable de
constater qu’à ce jour, aucun parti politique en République du Mali ne
connaît l’ensemble de ses militants et n’aurait entamé le processus de
recensement des militants.
Ce qui rend complexe et difficile la
récupération des cotisations des militants.
En plus des cotisations et des contributions, les partis politiques ont
d’autres sources privées de financements à savoir la vente des cartes de
membres, les dons et legs, les contributions des Ongs.
S’agissant de cette
dernière, il faut préciser qu’elles viennent en appui aux financement des
activités de formation des partis, mais dont la gestion de leur appui ne
passe pas par les partis.
Destination des fonds privés
Selon la loi, les partis politiques sont des organisations de citoyens
réunis par une communauté d’idées et de sentiments, prenant la forme d’un
projet de société, pour la réalisation duquel ils participent à la vie
politique par des voies démocratiques.
Ils concourent de ce fait à
l’expression du suffrage universel.
Ce qui conduit à la prise en charge des besoins pouvant leur permettre
d’assumer leur rôles. Parmi ces besoins, certains doivent-ils faire
l’objet d’un financement privé.
Les partis répondent pour la négation car
ils expliquent toutes leurs activités sont budgétisés conformément au
financement interne. C’est pourquoi, ils mettent beaucoup l’accent sur le
fait que l’aide public n’est qu’un appoint, et un droit surtout,
insistent-ils.
Mais en tout état de cause, elle ne doit pas être un
obstacle à l’exécution de leur programme d’activités annuel. Alors le
financement interne n’est nullement destiné à une activité spécifique.
Elle prend en charge l’ensemble des activités du parti. Ce qui nous
emmène à faire quelques remarques.
Les constats
Au regard de tout ce qui a été dit, il ressort que l’argent des partis
politiques ne prend sa source que principalement dans les contributions et
l’aide publique de l’état.
Les cotisations auxquelles les partis
politiques font expressément référence le plus souvent n’est que mirage
car sans le recensement et la maîtrise des militants, on ne peut parler de
cotisations comme source principale du financement interne des partis
politiques.
D’autres part, il est revenu le plus souvent aux responsables
des partis de dire que l’aide publique n’est qu’un appoint et un droit. Il
est plus que cela et peut être considéré comme une source fondamentale des
ressources financières des partis.
Ce n’est pas gratuit quand les leaders
politiques s’agitent dès que le financement public prend du retard ou
bloqué pour d’autres raisons. Ensuite les cadres et les fonctionnaires
sont en réalité les seuls et vrai militants des partis en ce sens qu’ils
sont les principaux pourvoyeurs de ressources des partis.
Ce qui prouve quelque part que les partis politiques maliens n’appellent
militants de leurs partis que ceux que nous autres pouvons appeler « de
simples électeurs ».
Si le financement interne des partis devraient
dépendre de ces électeurs, l’avenir restera certainement sombre pour les
partis politiques à moins qu’ils décident, avant qu’il ne soit trop tard,
de prendre les toureaux par les cornes en imposant la prise en charge des
activités du parti aux militants.
Idrissa Maïga
24 janvier 2006.