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La politique du gouvernement consiste à simplifier et à assouplir les procédures administratives afin de renforcer les incitations à la production, de favoriser le fonctionnement du secteur privé, de faciliter la création d’entreprises et d’améliorer l’allocation des ressources. Les politiques financières resteront orientées vers la libéralisation de ressources au profit du secteur privé. Voilà résumé l’objectif du gouvernement.

L’amélioration des finances publiques permettra de réduire les engagements nets du gouvernement vis-à-vis du système bancaire et donc d’accroître l’octroi de crédit au secteur privé pour promouvoir la croissance économique. Pour cela, il faut maintenir et encourager le processus concurrentiel, améliorer la compétitivité des opérateurs locaux, égaliser les chances pour les petites et moyennes entreprises etc. Tel n’est pas le cas dans notre pays nonobstant les efforts du gouvernement.

Au Mali, les problèmes principaux des opérateurs sont : la fiscalité, la faiblesse du pouvoir d’achat et des prix des matières premières importées, le coût élevé des matières premières importées, le coût élevé de l’électricité, l’autorisation foncière, les infrastructures de transport et surtout le coût du crédit.

Depuis l’arrivée de Amadou Toumani Touré au pouvoir, on assiste à la création de nouvelles entreprises. Aussi, la création d’emploi est en hausse. Mais les banques, malheureusement, ne suivent pas l’évolution économique du pays.

Le Président de la République veut faire du secteur privé le fer de lance de l’économie malienne. Dans cette mouvance, il a rencontré à maintes reprises les opérateurs économiques. Mieux, il a créé un Conseil Présidentiel pour l’Investissement (CPI) présidé par lui-même. Mais les banques sont toujours à la traîne et procède par des pratiques discriminatoires et malhabiles dans l’octroi des crédits.

Aujourd’hui, les banques maliennes demandent le ratio ou le fonds de garantie. Dans la pratique, elles versent dans des malversations qui frisent dans certains cas la malhonnêteté pour l’accès au crédit. Tenez-vous bien ! Pour avoir un crédit de 10 millions de FCFA, les banques demandent un mouvement bancaire de 40 millions de FCFA.

Pire, pour les nationaux, le taux d’intérêt des banques s’élève à 18 % alors que pour les étrangers, ce taux tombe jusqu’à 4 %. Les banques maliennes se soucient-elles du développement du secteur privé malien ?

Dans notre pays, l’accès au crédit relève du parcours du combattant. Cela paraît paradoxal dans un secteur où l’on parle de surliquidité. Lors de la rencontre à Koulouba entre le président de la République et les opérateurs économiques, il a été constaté avec amertume que c’est l’argent qui manque aux opérateurs économiques.

Selon nos enquêtes, dans la plupart des banques de la place, pour avoir 100 millions de FCFA, il faut corrompre les personnes qui sont en charge du dossier jusqu’à hauteur de 10 millions de FCFA au moins. Cette situation ne grandit par nos banques après la découverte de ce pot aux roses. C’est la raison fondamentale qui fait que certains opérateurs sérieux et sincères, qui préfèrent garder leur dignité, n’ont pas accès aux sous. Triste constat !

Tant que cette situation va perdurer, le financement des opérateurs privés restera un vain mot. A quand la fin des tracasseries dans les banques maliennes ?
Affaire à suivre.

Issiaka SIDIBE – 21 février 2005