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Le secteur privé est le moteur du développement économique et social d’un pays. A ce titre, il permet de créer des richesses et des emplois, relais vers la croissance économique. Mais au Mali, les tracasseries bancaires bloquent toutes opérations. Faut-il conclure que les banques maliennes sont confinées seulement à un rôle de banques d’épargne ?

Les banques maliennes doivent s’adapter aux réalités de l’économie malienne. Même les micro-entreprises n’ont pas accès au crédit. Le marché international est devenu un lieu de placement des banques maliennes. Leur exercice favori est de courir après les investisseurs étrangers. C’est pourquoi les nationaux mettent en doute leur patriotisme. Certains néophytes vous diront que les banques financent la SOTELMA, l’EDM et la CMDT. Mais laquelle de ces entreprises n’est pas dirigée par des actionnaires étrangers ? L’on comprend alors aisément l’afflux massif des banques vers ces 3 secteurs.

Ce qui est paradoxal, c’est que les banques maliennes parlent de surliquidité alors que les opérateurs économiques n’arrivent même pas à rentrer en possession de leurs créances. Les crédits des opérateurs sont passés récemment de 45 à 50 milliards de Fcfa. Leur non paiement ne favorise pas les rentabilités.

Au moment où les opérateurs économiques maliens sont confrontés à ces difficultés, on assiste à un silence coupable des ministères concernés : Economie et Finances ; Promotion des Investissements et des Petites et Moyennes Entreprises ; Industrie et Commerce.

En terme clair, tant qu’il n’y aura pas une implication des banques maliennes dans le financement du secteur privé, le Mali restera un pays de consommation.
L’incapacité des banques à financer le secteur privé est d’autant plus incompréhensible que leur risque est couvert à 100 %.

Les pratiques malveillantes des banques maliennes ont créé un climat de méfiance entre celles-ci et les opérateurs. L’on se rappelle qu’avec la complicité des cadres de banques, on octroyait des crédits à de paysans lesquels ont fini leurs vies en prison. Le Mali actuel est loin de ce scénario. Les opérateurs économiques maliens n’évoluent plus dans l’anonymat. On sait désormais qui est qui.

Au Mali, les banques sont gérées comme une entreprise familiale. Les camaraderies, copinages et autres pratiques occultes sont monnaies courantes. Ce qui pose la problématique de leur crédibilité. Les injonctions du Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga auprès des banques n’ont pas abouti.

Les négociations sont en cours pour inciter les banquiers à s’intéresser à l’économie nationale. Selon nos informations, ces derniers seraient en train de fuir les débats. Mais il faut espérer que Pinochet ne se laissera pas piéger.

Les cadres de banques maîtrisent-ils les secteurs affaires ? Si tel est le cas, c’est leur moralité qui est mise en cause.

Etant donné que tout développement véritable passe par le financement du secteur privé, les banques maliennes doivent à notre avis s’employer pour aider et accompagner les opérateurs. Pour cela, il faut revoir le taux d’intérêt qui est de 18%.

A cela s’ajoute la taxe spéciale qui s’élève à 16%, ce qui donne un taux global de 34%. Quel est l’opérateur économique qui peut réussir avec un taux aussi prohibitif?

Il urge donc pour nos banques de faire un effort et de participer davantage au développement national. Affaire à suivre.

Issiaka SIDIBÉ – 24 février 2005