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Malgré la manne financière qu’ils reçoivent de l’Etat tous les ans, les partis politiques restent incapables d’assumer leurs missions d’éducation civique des citoyens et de consolidation de la démocratie. D’où l’organisation d’une journée de réflexion du Réseau des journalistes économiques du Mali (Rjem), en partenariat avec la Fondation Friedrich Ebert Stiftung, sur le financement public des partis politiques. C’était samedi à la Bibliothèque nationale.

En organisant une journée sur le financement public des partis politiques au Mali, le Réseau des journalistes économiques, aux dires de son coordinateur Alexis Kalambry, voulait engager les débats sur une question à la fois politique et économique et qui interpelle tous les fils de la nation.

Les partis politiques maliens se partagent, bon an mal an, 900 millions de F CFA du moins du contribuable. Si l’esprit de ce financement est d’aider les partis politiques à assurer leurs missions de formation de la volonté politique, de l’éducation civique des citoyens et de la consolidation de la démocratie, il faut dire que c’est raté.

Car : « Les actes de mauvaise gestion dénoncés au quotidien détruisent la confiance du citoyen dans le personnel politique. La preuve, le refus des citoyens à aller voter », argumentera M. Kalambry qui s’est posé la question de savoir « s’il est encore possible de justifier les affectations financières consenties aux partis politiques en raison de l’échec collectif de ces derniers à mobiliser la population malienne ».

Dans son exposé, le conférencier Moussa Kaba Diakité, économiste et consultant en relations publiques, a fait un bref rappel de l’historique et la philosophie du financement public avant de développer les critères d’éligibilité, les missions, usages et contrôle ainsi que son impact sur la démocratie.

Selon lui, c’est avec l’avènement de la démocratie plurielle en 91 qu’est apparue la nécessité d’accorder des financements aux partis politiques ; les caisses de l’Etat se confondant avec celles du parti sous la première République. Les partis politiques ne toucheront à leur premier financement qu’en 1997 sur la base de critères et conditions édictés dans la loi 0547 du 18 août.

Il s’agit de justifier la tenue régulière des instances dirigeantes du parti, disposer d’un siège et d’un compte dans une institution financière reconnue, tenir un inventaire annuel des biens du parti, justifier la provenance des ressources financières, avoir participé aux élections générales, etc.

La section des comptes de la Cour suprême est chargée de vérifier en aval la moralité des dépenses et a la latitude d’exclure tout parti qui présente un faux bilan. Parlant de l’impact de cet argent, le conférencier dira « qu’à l’usage, ces ressources servent surtout à organiser les instances des partis, congrès, conférences et autres activités politiques. Très peu de partis consacrent ces fonds à l’éducation civique des citoyens ». Toutefois, ajoutera-t-il, le financement permet à certains grands partis de se renforcer davantage et à d’autres de stagner.

C’est pourquoi, aux termes des débats et au regard du cas spécifique où le président de la République a dû décidé de partager une partie du financement entre les partis, tous déclarés non éligibles, les participants, (une trentaine de journalistes) ont proposé, entre autres, la révision des critères d’attribution des fonds à défaut de leur suppression pure et simple, la délocalisation des ressources…


Sidiki Y. Dembélé


L’argent du contribuable englouti par les partis politiques de 1997 à nos jours en F CFA

Adéma : 1,411 milliard

RPM : 673 millions

Cnid : 195 millions

Parena : 172 millions

URD : 137 millions

US-RDA : 74 millions

Sadi : 76 millions

Bdia : 76 millions

MPR : 90 millions

UDD : 97 millions

RND : 60 millions

PDR : 42 millions

Ramat : 39 millions

PSP : 30 millions

PIDS : 28 millions

PDJ : 27 millions

Miria : 23 millions

RDT : 19 millions

Bara, Fama, PEI : 17 millions chacun

RDS, UFDP, Madi : 15 millions chacun

Les autres, du 70e parti politique au 106e : 879 000 F

06 août 2007.