Selon une étude de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) sur le financement des investissements, le Mali figure parmi les derniers des 155 pays où les entrepreneurs rencontrent le plus d’obstacles.
Cette mauvaise posture s’explique par le fait que notre pays possède des réglementations compliquées, des droits de propriétés non solides, une protection sociale inadaptée, des taxes trop élevées et des infrastructures peu adaptées. L’étude révèle que le chemin à parcourir pour arriver à un bon environnement d’ensemble des affaires reste très long pour certains pays africains, notamment le nôtre.
Un bon climat de l’investissement nécessite la stabilité politique et économique en l’occurrence la sécurité du droit de propriété. La taxation des entreprises et transactions peut en outre apporter des ressources conséquentes au Trésor public sans pour autant compromettre les opportunités du marché et les incitations des entreprises à investir. De même, une mauvaise qualité des services d’infrastructures constitue un goulot d’étranglement important pour la promotion des investissements.
La promotion de l’investissement requiert la bonne gouvernance définie comme étant le moyen par lequel l’Etat fonctionne et ce, non seulement par les lois qu’il édicte mais aussi par les moyens de lutter contre la corruption, de protéger l’ordre public et par la qualité de la politique économique et sociale.
Ces réflexions sont d’ailleurs à la base de l’avènement du ministère de la Promotion des investissements et des Petites et moyennes entreprises. Mais, selon des entrepreneurs, la création de ce département n’a jusque-là pas comblé leurs attentes dans le domaine de l’amélioration de l’environnement des investissements.
Procédures longues et coûteuses
La procédure de création d’une entreprise est très coûteuse et lourde au Mali. « Les entrepreneurs doivent corrompre les agents de l’administration publique pour accélérer les procédures, qui sont le plus souvent, associées à des pratiques de corruption », révèle le rapport.
Au Mali, il faut 13 procédures pour créer une entreprise contre seulement 2 en Australie et 8 au Bénin. Le temps consacré à la création d’une société est de 42 jours contre 2 en Australie et 35 au Niger. Pour obtenir une licence au Mali, il faut remplir 17 procédures avec un coût d’obtention de 4903 % contre 175,9 % au Sénégal.
Le nombre de signature à l’importation est de 60 contre seulement 9 en Afrique du Sud et 12 au Sénégal. Il faut 61 jours pour importer au Mali et 67 jours pour exporter. Les entreprises au Mali payent au total 60 taxes par an contre 35 au Ghana et 40 au Burkina.
Ces statistiques relatives au climat des investissements constituent une source d’inspiration et invitent l’Afrique à fixer des objectifs ambitieux pour pouvoir compétir efficacement dans la recherche de financement.
Bien que les politiques macro économiques soient essentielles, la qualité de la réglementation des affaires par les pouvoirs publics est un atout majeur pour la prospérité.
L’absence d’une lecture adéquate des conséquences de la réglementation empêche les décideurs politiques d’évaluer convenablement les situations qui prévalent et de concevoir en conséquence les réformes adéquates.
Les statistiques présentées constituent à ce titre un système d’alerte pour le Mali et un stimulant pour la prise de mesures volontaristes d’incitation à l’investissement.
Sidiki Y. Dembélé
Lueur d’espoir
Afin de relancer l’investissement, les dirigeants maliens, en collaboration avec la Commission des Nations unies pour l’Afrique (CEA), à travers son bureau pour l’Afrique de l’Ouest et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), tiennent, depuis mardi, au Centre international des conférences de Bamako, le forum sur l’investissement en Afrique de l’Ouest.
Ce forum permettra de créer un partenariat fécond entre les secteurs publics et privés au niveau régional et international, d’améliorer l’environnement des affaires dans l’espace Cédéao, de mobiliser des ressources, de renforcer des capacités de l’entreprenariat et développer les agro-industries.
L’Afrique est une puissance économique mais qui est dormante, a déclaré Abdoulaye Niang. « Le forum est, a expliqué Jeamille Bittar, président de la Chambre de Commerce du Mali, opérateur économique, une bonne initiative. Il peut favoriser le climat d’échange entre les opérateurs économiques et les investisseurs étrangers. Il suffit d’un rien pour que l’Afrique se développe ».
La promotion de l’investissement en Afrique constitue l’une des priorités de la communauté internationale qui fait de la mobilisation du secteur privé une partie intégrante de tout effort soutenu et viable de réduction de la pauvreté.
Sidiki Doumbia
(stagiaire)
23 février 2006.