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Depuis 2003, c’est la troisième fois que le président de la République rencontre le secteur privé pour débattre de leurs préoccupations. La rencontre d’hier s‘inscrit dans ce cadre, il s’agit d’instaurer de façon périodique un dialogue. “J’ai souhaité vous rencontrer de manière périodique pour échanger, prendre des dispositions et mesures de part et d’autre, en vue d’améliorer les performances de notre secteur privé”, a dit le Chef de l’Etat.

Parlant de l’année 2004, le Chef de l’Etat a martelé qu’elle a été difficile marquée par un mauvais hivernage, une invasion acridienne et des chocs sous-régionaux, régionaux, voire mondiaux. Le but de ce partenariat est la défense des intérêts vitaux et la promotion du secteur privé. J’y veillerai personnellement, a martelé ATT.

Le Chef de l’Etat a évoqué certains projets et programmes déjà lancés ou en cours de préparation. Il s’agit du projet d’appui aux sources de croissance, du projet de compétitivité et de diversification agricole, du processus du Cadre Intégré d’Assistance Technique lié au commerce et le programme d’appui au commerce de bétail.

Contrairement à 2004, le président ATT estime que les prévisions sont bonnes pour 2006 et que le taux de croissance du Mali, 5%, est l’un des plus élevés de l’espace UEMOA.

Au cours de cette rencontre, il s’agissait de procéder à une évaluation des rencontres déjà tenues. Il y a eu une communication sur l’état d’exécution des recommandations issues des deux rencontres tenues en 2003 et 2004.

Selon Mohamed Traoré, les recommandations des précédentes rencontres ont été traduites en un plan d’action comportant 20 objectifs généraux couvrant aussi bien les actions à réaliser au titre du gouvernement que du secteur privé.

A ce niveau, dira M. Traoré, 34 actions retenues dans le plan ont été classées selon les cinq catégories thématiques suivantes :
– les facteurs de production et de productivité : 7 actions ;
– le cadre légal et réglementation : 5 actions ;
– la fiscalité, la parafiscalité et la douane : 4 actions ;
– le financement et la promotion des investissements : 8 actions ;
– la formation, l’information et l’appui institutionnel : 10 actions.

Parmi les facteurs de production et de productivité, nous avons l’aménagement des zones industrielles, le renforcement des capacités des organisations consulaires, le renforcement de la capacité de stockage des fruits et légumes à l’aéroport de Bamako-Sénou, le renouvellement du parc de véhicules de transport et la réduction des coûts de télécommunications.

Le secteur privé a fait des propositions au Chef de l’Etat et son représentant Jeamille Bittar a centré son intervention sur la “problématique du financement des entreprises”.

Le président de la Chambre de Commerce a affirmé que le contexte économique mondial nous soumet à une concurrence rude qui impose à chaque Etat, à chaque nation de s’organiser au mieux de ses intérêts pour y faire face. La mondialisation impose à nos économies beaucoup plus d’exigences en matière de compétitivité et de productivité afin d’éviter de se voir emporter par la vent de la concurrence.

Selon M. Bittar, le principal problème qui retarde le décollage de nos entreprises est celui du financement. Il a parlé de la problématique du secteur financier, de son état actuel, de ses capacités d’intervention, de son concours dans le financement du secteur privé, de ses limites et enfin des solutions alternatives ou complémentaires.

Evoqué depuis des années et malgré les actions engagées par les uns et les autres, le problème de financement demeure. L’accès aux capitaux, c’est à ce niveau que toute la question demeure.

Selon M. Bittar, les entreprises maliennes rencontrent de nombreuses difficultés pour accéder aux capitaux. Pour cela, elles utilisent trois sources pour assurer leur financement : l’autofinancement, le système bancaire, le marché financier régional dont la Bourse des Valeurs Mobilières.

Quant au marché financier, son accès n’est pas facile pour toutes les entreprises, celles-ci doivent remplir certains critères pour évoluer dans l’un des compartiments du marché.

Au regard des constats, il ressort que les banques maliennes interviennent très peu dans le financement du secteur productif. Le crédit se caractérise par son inadéquation aux besoins des entreprises et sa concentration sectorielle. Aussi, un autre constat s’impose, les entreprises payent généralement le crédit au coût maximum.

SOLUTIONS ALTERNATIVES

Au regard de ce qui précède, le secteur privé, par la voix du président de la CCIM, propose la création d’un certain nombre de mécanismes alternatifs de financement et de soutien au développement des entreprises.

Conformément au pacte de solidarité, pour la croissance et le développement, il a été décidé de créer un fonds de garantie et de participation.

Ce fonds d’initiative privé aura pour but de favoriser l’accès au crédit bancaire des entreprises qui, en raison de l’insuffisance de sûretés qu’elles peuvent offrir, ne pourraient normalement obtenir des banques les ressources dont elles ont besoin pour se créer et se développer.

Pour cela, le Conseil National du Patronat du Mali dans le cadre du pacte de solidarité pour la croissance et le développement a initié avec le CCIM et le Réseau de l’Entreprise en Afrique de l’Ouest des actions en vue de la création d’un fonds de garantie et de participation.
Il s’agit d’un établissement financier sous forme de société de droit malien.

D’autres types d’actions en vue de nouer des relations de partenariat seront développés à l’endroit des banques suivantes : la BAD, la BOAD, la BID, le Fonds Gari, l’Union Européenne, l’AFD…

Parmi les propositions figurent la création d’un Fonds National des Investissements, la relance du secteur de l’assurance.

Après l’intervention de Jeamille Bittar, place a été laissée aux débats. La particularité de la rencontre de cette année réside dans le fait que le président de la République a donné la parole à tous ceux qui ont souhaité intervenir. Ce qui a été apprécié à sa juste valeur par les opérateurs.

Dans sa réponse aux intervenants, le Chef de l’Etat a demandé aux banques d’être compréhensives à l’égard des opérateurs et, il a demandé à ceux-ci aussi de rembourser les crédits.

Mamadi TOUNKARA

1er février 2006.