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Les rideaux sont définitivement tombés dimanche soir, 9 novembre 2008 au Stade Modibo Kéïta, sur la deuxième édition du tournoi de l’Union Economique et Monétaire Ouest-africaine (UEMOA) qui s’est ouverte le 02 novembre dernier. Les Aigles qui ont laissé leurs chances leur filer entre les doigts se mordront pendant longtemps les doigts. Stephen Keshi n’a pas pu trouver le feeling normal qu’il fallait pour venir à bout des Ivoiriens très volontaristes, solidaires et combatifs.

En effet, après une semaine de compétition sans répit, la 2è édition du tournoi de football de l’Union Economique et Monétaire ouest africaine a pris fin dimanche dernier à Bamako avec le sacre de la Côte d’Ivoire, 6-7 aux tirs aux buts (1-1 après prolongation). Au terme des 90 minutes réglementaires, le score était de 1-1. Les prolongations n’ont rien pu donner. Il a fallu recourir aux tirs au but pour pouvoir départager les deux équipes.

Il est à noter qu’en match de gala qui a précédé cette grande finale, l’Amicale des Anciens footballeurs du Mali et l’équipe du ministère de la Jeunesse et des Sports étaient aux prises. Score final: zéro but partout. Dans cette dernière formation figuraient M. Sékou Diakité (ministre du Développement social, de la solidarité et personnes âgées) et Hamane Niang (ministre de la Jeunesse et des sports). Ceux-ci étaient accompagnés sur la pelouse du stade Modibo Kéita par le ministre ivoirien des sports et des loisirs.

Après ce match de gala, il fallait passer au plat de résistance du tournoi, à savoir la grande finale. Dans un stade archi comble, cette finale a tenu toutes ses promesses. Les Maliens qui avaient été éliminés en match de poule lors de la première édition par les Ivoiriens, ont été, malgré le soutien populaire, surpris à la 37è minute alors qu’ils faisaient le jeu.

Bien que le Mali soit favori, selon les pronostics, avant le match surtout avec l’appui de son public, la Côte d’Ivoire, elle, misait sur son traditionnel avantage psychologique. Elle tenait à concrétiser son rêve de conserver le trophée remporté en 2007 à Ouagadougou au Burkina Faso. Pour le Mali, le trophée de cette seconde édition de la Coupe UEMOA devait rester à Bamako.

La rencontre s’annonçait alors palpitante et pleine de suspens. Surtout que l’éclat de cette finale était rehaussé par la présence du président de la Commission de l’UEMOA, M. Soumaïla Cissé. Il avait à ses côtés les ministres ivoiriens et maliens des sports, ainsi que Jean-Amadou Tigana, parrain de cette 2è édition.

C’est donc une partie qui a démarré sur des chapeaux de roue avec les premières actions à l’actif des Aigles du Mali. Les trente premières minutes sont très animées avec une nette domination des Aigles dans tous les compartiments du jeu. Mais, les Aigles qui brillaient par leurs maladresses répétées, échoueront à plusieurs reprises sur la défense ivoirienne.

C’est donc contre toute attente que la Côte d’Ivoire ouvrira le score à la 37è minute grâce à Adou Dago Blaise qui était à la réception d’un coup franc. C’était alors un silence de mort au Stade. Seul le petit groupe de supporters des Eléphants B de la Côte d’Ivoire donnait de la voix. Du côté des supporters des Aigles du Mali, c’était le début du découragement, un signe annonciateur de mauvais augure. Car, pour la première fois depuis le début de cette deuxième édition du Tournoi de l’intégration, le Mali était mené au score. Malgré la pression malienne pour revenir au score, l’arbitre togolais, Sedzro Kossi, sifflera la mi-temps sur le score d’un but à zéro en faveur de la Côte d’Ivoire.

Au retour des vestiaires Stephen Keshi décide de muscler son attaque en faisant rentrer Yahaya Coulibaly à la place d’Amadou Diamouténé. Puis c’est Mohamed Traoré qui remplace Cheick Fanta Mady Diarra au milieu du terrain. Loin de se décourager, les poulains de Stéphane Keshi vont maintenir la pression. Les Ivoiriens sont poussés dans leurs derniers retranchement. Et, à force de pousser, les Aigles B obtiendront l’égalisation à 87è minute grâce à Souleymane Dembélé à la réception d’une pénétration en force d’Aboubacar Tambadou.

Après le but, Sékou Camara dit Mc Carthy (meilleur buteur du tournoi) cède sa place au vieux briscard Bréhima Traoré dit Bouramablen. Malgré les incursions menées de part et d‘autre, ce score de parité ne changera pas jusqu‘à la fin des 90 minutes réglementaires.

Il fallait alors procéder aux prolongations (2 x 15 minutes). Durant cette épreuve, le scénario restera identique avec des Aigles très maladroits. Mais sous la grosse pression malienne, la nervosité gagna les Ivoiriens quelques peu dépassés par les événements. En témoigne l’expulsion de leur capitaine,Touha Charles à la suite d‘un second carton jaune.

Mais à la hargne de vaincre, s’opposait la farouche résistance ivoirienne. Logiquement donc le score restera inchangé (1-1) à la fin des prolongations. Il fallait alors recourir à l’épreuve fatidique des tirs au but pour savoir à qui devait revenir le précieux trophée mis en jeu. C’est à l’issue de cette épreuve que les Ivoiriens se sont imposés par 6 tirs réussis contre 5 pour le Mali.

Les Eléphants enlèvent ainsi, au grand dam des Aigles qui y croyaient fermement, la coupe et un pactole de 5 millions de F CFA. Les Aigles se consolent avec 3 millions. Le Trophée du Fair-play (une coupe, 3 millions de F CFA et 15 ballons offert par l’ONG «Rigth To Play) est revenu à la Guinée-Bissau pour la seconde fois consécutive.

Ils ont dit…

Kouadio Georges (entraîneur Ivoirien) :

Je suis content de l’exploit que viennent de faire les gosses. On voulait cette coupe, on l’a eue. Les enfants ont été solidaires entre eux sinon, on n’allait pas faire cela. En sept jours quatre matches, vous conviendrez avec moi que ce n’est pas facile. Bien qu’après le but égalisateur du Mali, nous avons été fébriles un peu, on a pu remonter la situation. Les gens pensaient qu’ils sont petits et qu’ils ne pouvaient pas prendre la coupe. Ils viennent de prouver qu’Abidjan est une école de formation de football. Merci à eux et Bravo !

Stephen Keshi (entraîneur des Aigles du Mali):

Non, je ne m’attendais à un tel scénario. Nous sommes venus pour gagner, mais ça a été le contraire. Malgré tout, je félicite les jeunes et tous les supporters maliens qui nous ont soutenus durant tout le tournoi. Ainsi, va le football. Il faut toujours un gagnant et un perdant. On a été battu, on l’admet. Nous allons tirer les leçons. J’espère que pendant les éliminatoires de la CAN et de la coupe du monde combinées, on sera encore plus soutenu par le public sportif malien.

Lassana Fané (Capitaine des Aigles du Mali)

Franchement, c’est très dur pour nous. Lors des précédentes rencontres, on a concrétisé toutes les occasions trouvées. Aujourd’hui, ça a été le contraire. On est passé complètement à côté de la plaque aujourd’hui devant les buts ivoiriens. Nous tirerons les leçons de cette défaite. Je félicite la côte d’ivoire pour son sacre.

Tambadou Aboubacar (Milieu de terrain du Mali)

Je n’ai rien à dire. Cela fait mal de voir la coupe partir. Mais, c’est le football. Il ne fallait pas manquer les occasions trouvées.
Bon ! Tournons cette page et regardons l’avenir.

Tanoh Jacques (Ailier ivoirien)

Je suis très heureux d’avoir remporté le trophée. Je rends hommage à tous mes coéquipiers, à l’encadrement technique pour ce que nous venons de faire. Nous avons joué une très bonne finale. Je tiens à dire que le Mali est une très bonne équipe. Mais, peut être qu’il était dit que c’est nous qui devrions retourner avec le trophée. Notre force mentale a surtout fait qu’on a gagné la finale.

Karamoko Alassane (Milieu de terrain ivoirien)

Je suis très content de cette victoire. Je crois que c’est le mental, le courage, la détermination et la force de l’équipe qui ont amené ce sacre. On était venu pour repartir avec la coupe et on l’a fait. Dieu merci. Je dis félicitations aux Maliens qui nous ont dominés. Seulement, ils n’ont pas eu la chance de concrétiser leurs occasions.


Bruno Lama

11 Novembre 2008