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La constitution d’une nouvelle coalition parlementaire entièrement acquise à la cause de l’actuel Président de la République et la mise à l’écart du groupe RPM-RDT qui a été poussé dans l’opposition parlementaire constituent la nouvelle donne qui caractérise aujourd’hui la classe politique malienne.

C’est la volonté affichée par les autres groupes parlementaires présents à l’hémicycle de marginaliser le groupe RPM-RDT dans le bureau de cette auguste institution qui a poussé ce dernier a refusé les postes à lui attribués.

Un refus qui a mis fin à la pratique parlementaire qui voudrait que la répartition des postes dans le bureau de l’Assemblée nationale et dans les bureaux des Commissions techniques se fasse en fonction du poids politique de chaque groupe à l’hémicycle.

Ce jeu politicien qui a été initié par certains de nos honorables députés n’avait d’autre but que de mettre à l’écart la locomotive de ce groupe parlementaire à savoir le RPM.

Le RPM a commis l’imprudence de vouloir présenter son charismatique mentor contre ATT en 2007. Or, en l’état actuel des choses au Mali, une telle déclaration équivaudrait à un crime de lèse majesté.

C’est donc pour laver cet «affront» qu’il a été décidé quelque part «d’isoler et d’abattre le RPM et IBK». Une stratégie qui a été orchestrée et mise en oeuvre par l’ancien parti majoritaire qui a dirigé le Mali pendant une décennie et surtout par certains partis politiques (Cnid, Mpr,Pids) qui ont pourtant porté les mêmes maillots que le Rpm dans le cadre de l’alliance Espoir 2002 lors des dernières élections générales.

A défaut d’affronter directement les cadres du RPM en les chassant du gouvernement, de l’Assemblée nationale et de la gestion des directions nationales pour cause de «consensus politique» initié par le Prince du jour, c’est l’Assemblée nationale qui a été d’abord choisi comme champ de bataille.

La rentrée parlementaire d’octobre 2005 au cours de laquelle tous les bureaux sont renouvelés a servi de repère pour tester la solidité de la stratégie mise en oeuvre.

Et au vu des résultats, on peut dire que tous les objectifs ont été atteints sauf deux. D’abord, la démission de IBK de la présidence de l’Assemblée Nationale qui n’est pas intervenue malgré le sort infligé à sa troupe. Ensuite, le non retrait des ministres Rpm du gouvernement par le Bureau politique national du parti.

Deux objectifs qui étaient pourtant dans la ligne de mire des animateurs de la coalition parlementaire qui pensaient pouvoir s’accaparer des postes laissés vacants par le Rpm.

Après ce démi-échec au parlement, les partis membres de cette nouvelle coalition ont décidé d’ouvrir d’autres fronts sur le terrain extraparlementaire.

Dans les semaines, voire les mois à venir, il n’est pas exclu de voir les émissaires de cette coalition parlementaire sillonné le pays entier pour faire adhérer tout le monde à leur cause, c’est-à-dire le soutien à la candidature de ATT.

C’est donc là une manoeuvre politicienne qui met définitivement fin à une politique consensuelle du pouvoir pourtant entretenue et voulue par le Président ATT.

Cette option politique était-elle une réalité, une conviction certaine de vouloir réconcilier le peuple malien avec soi-même ou était-elle un simple mirage tendant à tromper une fois de plus la vigilance du peuple malien pour des ambitions simplement électoralistes.

La question mérite une réflexion particulière. Ce qui est sûr, à l’analyse de ce qui vient de se passer, le consensus politique en vigueur au Mali depuis 2002 est aujourd’hui mort de sa belle mort.

La démocratie reprend donc ses droits avec désormais une majorité et une opposition.
Quels sont les partis qui seront dans l’opposition ? C’est la seule question qui mérite d’être posée dans un pays où curieusement tout le monde ne jure que par un seul homme : ATT.

Mais depuis quelques temps, par la force des choses, on tente de pousser le Rpm dans l’opposition. Peut-il d’ailleurs en être autrement si on sait que ce parti ne cache plus ses ambitions de rivaliser ATT en 2007.

La logique voudrait donc qu’il occupe ce fauteuil. Mais malheureusement, les responsables politiques de ce parti ne veulent pas encore s’assumer en allant au bout de leur logique.

Quant aux autres partis qui se réclament tous de ATT, il n’est pas exclu d’assister à une querelle d’intérêts dans les mois à venir.

En effet, tout est mis en oeuvre par ces «nouveaux amis» pour occuper la place «du Mouvement citoyen» et des partis membres de l’ACC qui ont soutenu les premiers la candidature de ATT en 2002.

L’Adéma, l’Urd, le Mpr, le Cnid, le Pids qui ont combattu hier ATT et qui se sont farouchement opposés à sa candidature en 2002 veulent aujourd’hui tous les prestiges du pouvoir. Ils veulent tout à eux seuls.

Oublient-ils cependant que ce président s’est fait élire en 2002 comme candidat indépendant sur la base d’un programme «Mon ambition pour le Mali» et un parti, «le parti de la demande sociale».

Peut-on et doit-on fermer les yeux sur ces vérités historiques en cautionnant les agissements et les manoeuvres politiciennes qui sont aujourd’hui en cours au Mali ?

La tâche revient au peuple malien d’apprécier et de trancher au moment venu.

Birama Fall

21 octobre 2005.