Soir de Bamako : Sous quel signe placez-vous cette fête du 1er Mai ?
Siaka Diakité : Cette fête du 1er Mai 2005 a été placée par l’Union Nationale des Travailleurs du Mali sous le signe de la restauration de l’autorité de l’Etat. Aujourd’hui, il y a manque d’autorité de l’Etat et l’incivisme a gagné du terrain. Or quand il y a incivisme, les gens ne se mettent pas au travail. Et quand on ne travaille pas, on ne se développe pas. Quand il y a le non développement, il y a forcément insécurité. C’est le manque d’autorité qui a amené tous les phénomènes que nous sommes en train de vivre aujourd’hui. Nous nous sommes dit que placer la fête sous la restauration de l’autorité de l’Etat ne signifie pas que c’est l’Etat seulement qui est interpellé. En tant que responsable syndical, nous sommes aussi interpellés. Nous devrons éduquer ceux qui nous accorde leurs suffrages et que chaque association démocratique et regroupement travaillent à enseigner cette notion de citoyenneté à sa base pour que l’Etat soit ce qu’il doit être.
Soir de Bamako : Face à la cherté de la vie, qu’est-ce que l’UNTM envisage de faire pour l’amélioration des conditions de vie et de travail des populations ?
Siaka Diakité : Le 1er Mai est l’occasion pour toute centrale syndicale d’évaluer le bilan qu’il a fait et de poser des revendications. Les revendications pour cette année vont en premier lieu dans le sens de dépolitiser l’appareil administratif. Nous avons demandé et exigé que le ministère en charge de l’Emploi du Travail et de la Fonction Publique soit un ministère indépendant de la gestion des structures politiques. Plus l’administration est politisée, plus on ne se développera pas. La seconde revendication porte sur le statut général des fonctionnaires. Il y a eu certes des dérapages par rapport aux catégories B1 et B2. Nous disons que tous les travailleurs étant dans une situation légale et réglementaire et si par notre acte nous avons commis une erreur dans la reformulation de la grille, nous exigeons que l’erreur que nous-mêmes avons commise soit corrigée en prenant en compte la différence. La troisième revendication porte sur les tarifs d’électricité, des hydrocarbures et des frais pharmaceutiques. La commission en charge de la diminution des tarifs et des frais pharmaceutiques a déposé depuis le 30 décembre 2003 ses conclusions auprès du gouvernement. Nous n’avons aucune suite. Il faut rappeler que cette action a été initiée par l’UNTM en 1999 selon le protocole d’accord UNTM/gouvernement. Même si certains sont en train de dire qu’on empiète sur le champ de revendication du Chef de l’Etat, je leur demande de réfléchir et de se remémorer un peu. En 1999, nous avons demandé une diminution des tarifs d’électricité, de téléphone et des produits pharmaceutiques. Nous avons à l’époque et dans le cadre d’un consensus pris acte des 10%. Aujourd’hui, si on veut appliquer les 10% pourquoi ne pas nous approcher pour nous donner tous les détails, les explications et les chiffres qui les ont poussés à arriver à ce taux de 10%. Nous estimons qu’il y a du dilatoire. On exige aujourd’hui la révision du contrat d’EDM/SA. On nous a informés que c’est au mois de juin. Attendons donc pour mieux voir.
Soir de Bamako : Qu’est-ce qui explique l’absence de la CSTM ?
Siaka Diakité : L’Union Nationale des Travailleurs du Mali est pour la liberté d’association. Personne ne peut le contester à travers les actes posés par l’UNTM qu’elle marginalise une couche sociale organisée. Il n’y a pas et il ne saurait y avoir une concurrence quelconque entre l’UNTM et une Centrale syndicale. Nos revendications sont pour l’ensemble du monde du travail. Nous n’avions de tension avec aucune structure syndicale. Nous sommes une structure mère. Nous sommes sûrs des actes que nous posons et de notre stratégie syndicale. Nous n’avons pas de concurrent sur la scène nationale, mais on est complémentaire pour le monde syndical.
Soir de Bamako : Qu’allez-vous faire pour l’instauration d’un véritable dialogue social ?
Siaka Diakité : Nous avons demandé qu’il est opportun aujourd’hui qu’on provoque un débat public pour avoir des stratégies et des positions justes pour notre Etat. Nous sommes en rapport avec tous les partenaires de la société civile. Apolitique nous le sommes et notre objectif est loin de voir Koulouba. On va travailler en bonne collaboration avec le reste de la société civile pour obliger ceux qui ont les prérogatives à Koulouba à prendre des dispositions adéquates pour notre développement. Le Malien est pauvre et il le devient de plus en plus.
« Nos rapports n’ont pas changé avec l’UNTM »
affirme Hamadoun A. Guindo secrétaire général de la CSTM
Les travailleurs du Mali ont célébré hier la fête du 1er Mai. Nous avons approché le secrétaire général de la Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali Hamadoun Amion Guindo. ll nous parle du 1er Mai, des conditions des travailleurs maliens, des rapports de la CSTM avec l’UNTM
…Soir de Bamako : Sous quel angle placez-vous la commémoration du 1er Mai 2005 ?
Hamadoun A. Guindo : A l’instar des autres travailleurs du monde, l’ensemble des militants et militantes de la CSTM fête le 1er Mai. Nous plaçons cette fête du travail, au niveau de la CSTM, sous le signe du respect des engagements. En effet depuis des décennies, nous avons écouté et entendu beaucoup de discours politiques. Nous avions vu signer beaucoup de traités, d’arrêtés et d’accords allant dans le sens du bien-être de l’ensemble des travailleurs du Mali. Nous disons qu’il est essentiel aujourd’hui que nous défilions sous le signe du respect des engagements pris par nos autorités et nos employeurs.
Soir de Bamako : Donc vos attentes n’ont pas été comblées ?
Hamadoun A. Guindo : Pas tout à fait. Quand nous voyons le coût de la vie sinon de l’environnement économique et social dans lequel les Maliens vivent, quelque part, nous disons est-ce que les promesses ont été tenues ? La situation devient de plus en plus difficile. Des engagements ont été pris et n’ont pas été respectés.
Soir de Bamako : A quand l’instauration d’un véritable dialogue social ?
Hamadoun A. Guindo : Il est essentiel que ceux-là qui doivent créer les conditions d’un vrai dialogue social, c’est-à-dire les pouvoirs publics, les acteurs sociaux, accordent l’esprit sinon la conception du terme du dialogue social. C’est avec le dialogue social qu’on peut se fixer des objectifs et en atteindre les buts. Nous avons l’impression que ceux-là qui doivent, au regard de nos textes, faire accepter l’idée d’un vrai dialogue social, n’ont pas joué le jeu. Certains acteurs sociaux ont profité de ce comportement des autorités et des employeurs pour ne pas jouer le jeu d’un vrai dialogue social. Il est donc essentiel que chacun fasse son autocritique et qu’on essaye d’accepter d’aller à un vrai dialogue.
Soir de Bamako : Quel est l’état de vos rapports avec l’UNTM ?
Hamadoun A. Guindo : Les rapports n’ont pas changé avec l’UNTM et cela est regrettable. Mais, nous sommes obligés de vivre l’effet comme il se présente. Nous aurions souhaité avoir de meilleures relations et défiler ensemble au nom de l’ensemble des travailleurs du Mali, et ce, quelles que soient nos divergences. Mais malheureusement, nous sommes tenus de respecter la décision des autres.
Soir de Bamako : Avez-vous un appel ?
Hamadoun A. Guindo : Un sursaut et un certain dépassement de soi-même au profit du mandat que nous avons accepté d’assumer au nom des intérêts des travailleurs du Mali, sont nécessaires.
Tiémoko TRAORE
2 mai 2005