« Offrir, chaque année davantage de spectacles de qualité », tel est le credo de la Fondation Festival sur le Niger, qui organise la manifestation du même nom. Le samedi 20 novembre, l’organisation lançait les activités de la 7è édition de son festival qui se déroulera du 1er au 7 février 2011.
Le Festival sur le Niger qui regroupe de nombreux artistes du pays, de la sous-région et du monde entier prépare sa 7è édition qui aura lieu du 1er au 7 février prochain. « De nombreuses têtes d’affiches nationales et internationales » seront présentes pour cette nouvelle édition. Cette année, tout comme les années précédentes, le Festival sur le Niger proposera une programmation de musique, danse, théâtre mais également des expositions d’art, un forum de discussion et des conférences…
La programmation sera plus éclectique et la grande nouveauté sera l’organisation de Master Class avec de grands artistes africains pour que « les artistes de renommée internationale rencontrent les jeunes talents et les populations ». Plusieurs soirées à thèmes seront organisés : blues du nord, wassoulou, mandingue… Les soirées de conte seront remises aux goûts du jour car le festival est « une scène de découverte et d’intégration », selon Mamou Daffé président de la fondation Festival sur le Niger. L’exigence culturelle est de mise, ainsi une 3è scène sera mise en place dans « le but de faire exploser la création pour fêter les 7 ans du festival ».
25 000 festivaliers attendus
Le festival est devenu depuis 2005 un patrimoine commun à toute la ville de Ségou, c’est pourquoi Mamou Daffé exhorte les populations à prendre part à l’événement. « A partir d’aujourd’hui, Ségou vit au rythme du festival sur le Niger. Tous les samedis, des activités seront organisées dans ce sens. Tout le monde doit se mettre à l’œuvre », a affirmé M. Daffé. Se mettre à l’œuvre aussi parce que « le festival est l’un des moteurs de la commune », selon le maire de Ségou Ousmane Simaga.
Le ministre de l’Artisanat et du Tourisme, N’Diaye Bah poursuit en déclarant que « depuis 2004, Ségou est devenue une ville touristique par excellence. La population doit soutenir le festival ! ». Selon les organisateurs et les autorités locales, le festival est bénéfique pour tout le monde, l’emploi est dopé pendant la durée du festival. Le festival, c’est aussi plus de deux mois de préparation et près de 1500 emplois directs et indirects (hôtels, restaurants, commerçants, vendeurs ambulants, éleveurs, maraîchers, etc).
Les organisateurs espèrent pour cette nouvelle édition dépasser les 25 000 festivaliers qui selon les prévisions viendront majoritairement de la sous-région et d’Afrique.
Malheureusement, le public occidental devrait manquer à l’appel. La ville de Ségou est en effet classée en zone orange de dangerosité par le ministère des Affaires étrangères français et rouge par le Foreign Office Britannique. Le maire de Ségou Ousmane Simaga exprimait cette inquiétude en s’adressant au ministre de l’Artisanat et du Tourisme M N’diaye Bah. « je voudrais que vous soyez le porte-parole auprès de certaines autorités.
Ségou est une ville sure, il n’y a pas d’Al Qaida à Ségou, la ville doit être établie en zone verte ». Ndiaye Bah de répondre dans la foulée que « depuis 2002, le Mali est devenu la 1er place hôtelière de l’Afrique de l’ouest. Les structures ont été multipliées par 3,4. Le pays est victime d’un acharnement, certains pays nous en veulent et créent une insécurité fictive dans notre pays. Ces dernières années, 29 otages ont été enlevés dans la sous-région dont 1 seul au Mali », a dit le ministre.
Kaourou Magassa
(envoyé spécial)
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Ségou capitale artistique de l’Afrique de l’ouest
Le projet clairement avoué est de faire de Ségou à court terme, la capitale artistique de l’Afrique de l’ouest.
« Dans 10 à 20 ans, il faut voir les traces du festival à Ségou », a affirmé un organisateur. D’autres objectifs partiellement atteints sont aussi affichés. Il s’agit de participer à la sauvegarde des expressions artistiques et culturelles de la région ; appuyer l’économie locale ; impliquer les populations locales dans un projet commun et susciter des initiatives ; créer une plate-forme internationale d’échanges avec le forum scientifique ; participer à la sauvegarde du fleuve Niger et faire du festival un point de rencontre incontournable pour les professionnels de la culture et une référence artistique sur le plan international.
La création d’un centre de référence et d’un musée de la musique africaine, inaugurés le 3 février vont dans ce sens.
K. M.
Ségou cité créative
La musique est le premier gisement de la culture, ainsi la Fondation Festival sur le Niger créé en août 2009 vise à la création d’un centre pour le développement de l’art à Ségou. Les infrastructures existantes ou en cours d’habilitation sont le siège de la Fondation Festival sur le Niger dans les anciens locaux de la CMDT. Il comprend des bureaux, une salle d’exposition et une chambre de résidence pour les artistes. Le Centre Korê qui sera inauguré le 3 février prochain s’inscrit dans le « développement de l’art et de la culture par une réévaluation du matériel ». Porté sur la formation continue avec notamment des stages pour les artistes et sur l’avenir en prévoyant de faire de l’éducation artistique chez la jeunesse de Ségou, ce centre sera équipé d’un studio d’enregistrement, d’une salle de répétition, de danse et d’une salle de spectacle de 150 places. Un musée dédié à la musique et à la danse africaine sera également mis en place. Tout cela dans le but de mettre en valeur trois composantes, les spectacles vivants, les arts contemporains et le patrimoine.
K. M.
Tradition et modernité en questions
En marge de la journée de lancement des activités du festival sur le Niger un forum animé par le professeur Yamoussa Coulibaly et Dr. Mamadou Fanta Simaga a été organisé sur le thème : tradition et modernité quels repères pour la jeunesse africaine ?
Selon les deux intervenants, l’Afrique n’arrive pas à résoudre l’équation tradition et modernité pour entrer véritablement dans le développement. La jeunesse qui est le maillon essentiel du développement est en manque de repère.
La compréhension de ces deux données permettrait un meilleur développement. « Nous sommes dans une société de consommation, dans un monde d’information. Nous avons besoin de réseaux, de connectivité car nous vivons dans un monde de compétition, les règles sont les mêmes pour tout le monde. Ségou est en compétition avec des villes comme Tokyo et New York.
L’arme principale pour nous affirmer dans cette compétition est la modernité. Le défi qui nous est posé est de trouver les liens entre la tradition et la modernité pour nous projeter dans celle-ci », font comprendre les conférenciers. La solution, selon les deux intervenants, est de faire la synthèse de ces deux composantes en prenant « ce qu’il y a de bon dans la tradition pour aller vers la modernité ».
K. M.
Les Échos du 25 Novembre 2010.