La ville de Djenné vit, depuis le 19 février, au rythme de la première édition du festival artistique et
Un travail de sensibilisation est nécessaire pour amener les notables de la ville à comprendre les enjeux touristiques
culturel Djennery. Au programme de l’événement, de nombreuses manifestations culturelles comme le défilé de mode sur les coiffures et les parures traditionnelles, la danse des marionnettes, la nuit des Bozos, la nuit des chasseurs. Le crépissage de la mosquée constitue le clou de l’événement.
Mardi soir, le spectacle présenté par les chasseurs de la ville et des villages environnants a drainé à l’espace culturel de Djenné un public nombreux. Pour accéder à la manifestation, les touristes devaient débourser la somme 3000 Fcfa et les autochtones, 200 Fcfa.
“Nous avons décidé que le spectacle soit payant pour permettre aux touristes de profiter de la manifestation. Si nous l’avions organisé en plein air, la cohue aurait empêché les touristes, venus de loin spécialement pour cela, d’y assister“, explique Amadou Cissé, le président de la commission d’organisation du festival Djennery.
La manifestation qui s’étale sur une semaine est une initiative de l’Association pour le développement de la jeunesse de Djenné. “Le festival vise à faire la promotion de la culture et de l’artisanat de Djenné“, souligne Amadou Cissé, affichant la détermination des jeunes de valoriser l’immense potentiel culturel et touristique de leur cité.
De l’avis général ici, Djenné, classée patrimoine mondial par l’Unesco en 1988, ne tire pas suffisamment de profit de son potentiel touristique.
“Il est incompréhensible que Djenné qui a une telle renommée mondiale, n’organisait pas un festival pour profiter des retombées touristiques“, relève Kantara Diawara, l’adjoint au préfet, qui loue l’initiative de la jeunesse et souligne le soutien logistique à l’organisation apporté par l’administration.
“Le touriste a un impact important sur la vie économique de la ville. Il n’y a qu’à voir la morosité qui s’empare de Djenné pendant la saison morte entre avril et juin, témoigne Souleymane Niaré, le gérant du campement hôtel de Djenné. Si nous parvenons à faire connaître davantage le potentiel de la ville, le touriste rapportera beaucoup plus. La meilleure façon de faire cette promotion réside dans l’organisation du festival“.
Le crépissage de la mosquée de Djenné est un événement qui mobilise l’ensemble de la ville. Il a débuté hier après-midi, s’est poursuivi toute la nuit et doit prendre fin ce matin. Mais pour inscrire cet événement culturel important dans le programme du festival, il a fallu batailler ferme, révèle le président de la commission d’organisation.
“La mosquée de Djenné est le plus grand bâtiment en banco au monde. Son entretien intéresse beaucoup de gens qui veulent y assister. C’est pourquoi nous avons insisté pour l’inscrire au programme du festival“, explique-t-il.
La date précise du crépissage de la mosquée est difficile à savoir à l’avance. “L’idéal aurait été de disposer de cette date 6 à 7 mois à l’avance pour caler le festival autour de cet événement. Mais la fixation de la date du crépissage est entourée d’un certain mystère. Les notables annoncent l’événement quelques jours seulement à l’avance“, déplore-t-il.
Ce facteur empêche les agences de tourisme d’organiser des voyages pour les nombreux touristes intéressés par l’événement. “Les agences nous demandent chaque année de donner des précisions sur la date afin qu’elles puissent vendre la destination. Mais nous ne pouvons pas les satisfaire“, confirme Souleymane Niaré.
L’inscription du crépissage de la mosquée au programme de la première édition du festival Djennery constitue un début encourageant de l’avis de l’adjoint au préfet. Un travail de sensibilisation est nécessaire pour amener les notables de la ville à comprendre les enjeux touristiques de l’événement, estime-t-il.
“Il faut leur faire comprendre que la ville peut tirer beaucoup de profit du crépissage de la mosquée“, souligne-t-il, jugeant que l’idée fait son chemin de confier à la mairie l’organisation du festival afin de le pérenniser et de lui donner une dimension plus importante.
Kantara Diawara estime que le festival peut être un tremplin aussi pour l’artisanat. Djenné est très connu pour son potentiel culturel, pas pour son artisanat. Pour extraire celui-ci de l’ombre du tourisme, les organisateurs du festival ont prévu une exposition qui se tient dans l’ancien magasin de l’Opam.
De nombreux artisans y exposent des objets divers comme des perles en banco, des habits en cotonnade, des chaussures en cuir, etc.
Abdoulaye Sangho qui propose des colliers de perles en banco, assure qu’il fait de bonnes affaires.
“J’ai beaucoup vendu. Je constate au cours de ce festival que tout comme les étrangers, beaucoup de Maliens s’intéressent à ce que je fais. C’est encourageant », souligne-t-il, en faisant le vœu de voir le festival se tenir chaque année.
Envoyés spéciaux
-B. TOURE
-A. SISSOKO
l’Essor n°15399 du 24/02/2005