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« Min Ye« , le nouveau long-métrage de fiction de Souleymane Cissé, vient d’être sélectionné officiellement pour la 62ème édition du Festival de Cannes.

Ce long-métrage, réalisé par un Africain et sur le continent, est hors compétition. Il fait partie d’un groupe de 6 oeuvres
qui seront projetées lors de séances spéciales, a annoncé jeudi Gilles Jacob, le délégué général du festival au cours d’une conférence de presse.

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« Min Ye » traite des problèmes de tous les jours vécus par une famille. Il s’agit d’un réalisateur de cinéma et de son épouse, employée dans une ONG. Dans ce foyer, il existe, comme dans la plupart des familles, des tensions, mais aussi de l’amour.

Il s’agit, pour Souleymane Cissé, de montrer que, dans nombre de familles africaines, riches comme pauvres, il y a de tels problèmes, qu’il faut obligatoirement résoudre entre hommes et femmes. Les principaux rôles sont tenus par Sokona Gakou, animatrice à Africable et Assane Kouyaté, réalisateur de cinéma au Centre national du cinéma du Mali (CNCM).

C’est donc ce sixième long métrage de notre compatriote qui représentera tout le continent africain dans le plus grand festival de cinéma au monde. En fait, il s’agit d’un double retour. D’abord pour le réalisateur lui-même qui a été le premier, en 1987 à remporter le prix spécial du jury avec « Yeelen ». Il était revenu en 1995 avec « Waati » dans la catégorie « Un certain regard« .

Il faut remonter à 2006 pour trouver la trace d’un film africain en sélection officielle. C’était Bamako de Abderrahmane Sissako de la Mauritanie.
« Finyè » de Souleymane Cissé en 1982, « Faraw », une mère des sables de Abdoulaye Ascofaré et « Taafé Fanga » de Adama Drabo en 1997, la Genèse de Cheick Oumar Sissoko en 1999 et « Kabala » de Assane Kouyaté en 2002 ont tous eu la chance d’être présentés au Festival de Cannes.

Y. D
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Exploitation cinématographique : Bientôt le bout du tunnel

Le Centre national de la cinématographie du Mali, avec l’appui de l’État, a entrepris des actions pour attirer les cinéphiles dans les salles de cinéma

L’exploitation cinématographique est en panne dans notre pays. Depuis la disparition de l’Office national de la cinématographie du Mali (OCINAM) et la vente de la plupart des salles, la mécanique d’exploitation et de distribution s’est retrouvée complètement rouillée. Pas de salles, pas de films. Quelques exploitants, assez courageux, qui ont résisté avec des vieux films ont fini par jeter l’éponge.

Ainsi, au fil du temps même les salles privées ont mis la clé sous le paillasson. L’activité d’exploitant et de projection fut sauvée en 2004 avec l’ouverture des deux salles Babemba. Ces deux salles sont équipées des dernières technologies de son et de projection. C’est-à-dire les meilleures conditions pour voir un film en salle et sur grand écran. Babemba projette les films les plus récents du box office international.

Il y a aussi une dizaine de salles en mauvais état. A Bamako, El Hilal à Médinacoura et Wassouloun au Banconi font de la projection vidéo dans des conditions exécrables. De quoi faire fuir même les cinéphiles les plus accrocs. Au El Hilal, une salle située en plein coeur de Médinacoura, il ne reste que quelques chaises rouillées, un projecteur des pellicules 35 mm qui fonctionne avec un projectionniste bien passionné.

Elle fait partie des salles de l’ex OCINAM qui n’avaient pas trouvé acquéreur. L’État vient de la céder au Centre national de la cinématographie du Mali (CNCM), tout comme celles de Koulikoro, le Méguétan, le Méruba à Ségou, le Ciné-Lafia à Kati, et les salles de Mopti et San.

Parmi ces salles, seule le Méruba est en état de fonctionnement. Elle a été rénovée entièrement à l’occasion de la Biennale artistique et culturelle qui s’est tenue en 2005 dans la capitale de la 4è région. L’État a consenti un effort supplémentaire pour l’équiper d’un projecteur de type 35 mm afin de permettre la tenue de la 4è édition de la Semaine nationale du film africain de Bamako (SENAFAB).

Montrer les films aux Maliens

Paul Gabriel Diabaté, un exploitant bien connu dans le temps, n’en démords pas. Pour lui, il est inadmissible qu’une grande capitale comme la nôtre soit aussi pauvre en salle de cinéma. Il est nostalgique de la période pendant laquelle les gens allaient au cinéma pour se détendre après une dure journée de travail. Il estime que l’activité des salles de projection de cinéma a, à la fois, des avantages sociaux, culturels et économiques. Ce loisir saint, éduque, cultive et fait vivre beaucoup de petits commerces.


Quant à Félix Diallo,
un autre exploitant, il estime que l’espoir est permis. Il cite à ce propos le geste de l’État qui vient de montrer sa disponibilité en cédant les 7 salles qui lui restait au CNCM. Il explique qu’avec seulement 5 salles en état de fonctionnement, l’activité pourra repartir. Car ensemble, précise-t-il, ces salles peuvent louer et même acheter des films.

Pour acquérir un film actuellement, il faut débourser environ 6,5 millions de Fcfa sur le marché occidental, contre 2 millions de Fcfa pour les films hindous. Ce qui vous donne droit à 3 années d’exploitation, des affiches, une bande annonce et le transport. Notre interlocuteur estime qu’il est impossible d’amortir un tel investissement avec une seule salle.

Quant au CNCM, il entreprendra très prochainement le tour du Mali avec Fantan Fanga, le long métrage de Adama Drabo et de Ladji Diakité. Moussa Ouane, le directeur général de cette structure, ne veut plus attendre la mise en état des salles pour commencer à montrer les films aux Maliens.

Du coup, il entend susciter l’engouement des cinéphiles et réveiller l’amour du cinéma qui dore chez de nombreux adultes. Mais, tout sera payant, car le public doit réapprendre à payer pour voir les films. Techniquement, cette tournée est possible avec des projecteurs 35 mm et DVD.

Pour ce qui est de la réhabilitation, le travail commencera dès cette année au cinéma El Hilal. Le CNCM va conclure un accord avec la direction du Palais de la culture Amadou Hampaté Ba pour l’exploitation de cette salle équipée d’un projecteur 35 mm en bon état.


Y. DOUMBIA


L’artiste se produisant en livre lors du dernier Festival sur le Niger

Dès l’âge de 8 ans, ce natif de Niono, jouait le « tamani » et aidait son père cordonnier. Le maestro Oumar Koïta s’est révélé au grand public malien juste après mars 1991. C’était une période d’euphorie où la liberté d’expression fraîchement conquise donnait une impression de renaissance.

jpg_Oumar-Koita-1-200.jpgOumar Koïta : Le chantre de nos valeurs ancestrales

Et Oumar Koïta est arrivé avec son célèbre titre « Be your self » et le fameux morceau « An ka gno ban bo ». Ce titre en bambara signifie que nos récoltes couvrent bien nos besoins. Le texte rappelle et valorise nos traditions abandonnées au profit des valeurs importées. Le morceau est chanté sur un rythme reggae, musique de revendication par excellence.

Il a rencontré très vite un succès total partout au Mali. Oumar Koïta s’est donc installé sur la scène musicale et dans le coeur de nos compatriotes comme un musicien épris de justice, défenseur de nos valeurs ancestrales.

Quelques années plus tard, en 1996, il sort l’album « Ban bè ka so », suivra en 2003, « Mali Ba ». Ces créations confirmeront le succès populaire du compositeur. Les mélomanes sont reconnaissants à cet artiste au talent immense qui reste toujours fidèle à la thématique liée à la revalorisation de nos traditions.

Il nous exhorte à avoir confiance en nous-mêmes. Selon Oumar Koïta, l’histoire passée de notre pays est riche de grands noms contemporains comme Bazoumana Sissoko, Modibo Keïta, Amadou Toumani Touré ou Alpha Oumar Konaré. Ceux-ci se sont hissés à la hauteur de nos glorieux ancêtres. Ils ont tous été des dignes représentants de nos traditions.

En vingt ans de succès, Oumar Koïta n’avait jamais donné une prestation live dans notre pays. Ce manque a été comblé lors du dernier Festival sur le Niger en février 2009 à Ségou. La prestation du merveilleux chanteur a procuré un immense bonheur aux milliers de ses fans qui avaient effectué le déplacement dans la capitale de la 4è région. L’artiste s’est déclaré particulièrement heureux d’avoir suscité un grand enthousiasme dans la foule de ses admirateurs.

Ce natif de Niono, région de Ségou, a commencé, dès l’âge de 8 ans à jouer le « tamani » et à décorer les chaussures en peau que fabriquait son père. Ce dernier l’a envoyé successivement à Sikasso, Sokolo, Sanankoroba pour poursuivre ses études. Il fallait l’éloigner parce qu’il avait pris goût à la fréquentation des musiciens de l’orchestre le « Bronconi Jazz » de Niono. Après avoir obtenu le DEF, il décide, avec la bénédiction de son oncle, d’entrer à l’Institut national des arts (INA) de Bamako. Il réussira à la fois le test d’entrée en section musique et art plastique.

Il choisira de s’engager dans la seconde filière. Oumar Koïta mène de front ses deux hobbies : la musique et l’art plastique. Il remplace le bassiste de l’orchestre « INA Start » pendant tout son cycle et côtoie dans ce groupe une autre future vedette, Habib Koïta.

En art plastique, en compagnie de certains camarades de promotion comme Modibo Diallo, il crée le « Bogolan-bari ». Cette technique consiste à coller des morceaux de tissu sur le bogolan. Ces oeuvres originales ont été raflées à l’époque par les expatriés.

Arrivé en Allemagne en 1987, Oumar Koïta s’inscrit comme auditeur libre à l’Institut d’art de Hambourg pour prendre des cours d’art plastique. En même temps, il devient back vocal et bassiste de l’orchestre « Abantou », constitué de Sud-Africains. Au cours d’un séjour en Jamaïque, Oumar Koïta décide d’écrire des textes de musique. Il avait été frappé par la solidarité des Noirs de ce pays de l’Amérique latine.

Pour autant, il n’abandonne pas l’art plastique. Il travaille actuellement sur la technique du « Papier cuit » qui permet de faire des décorations d’intérieur et de fenêtre. « Je vis essentiellement d’art », se réjouit le très imaginatif enfant de Niono.

Y. DOUMBIA

Essor du 27 Avril 2009