La 2ème édition du Festival international des cauris (Fescauri), tenu du 1er au 2 novembre 2008 à Siby, a répondu aux attentes des organisateurs et des participants. Initié par l’agence Kory-consult et placé sous le parrainage de Soumaïla Cissé, président de la commission de l’UEMOA, l’événement traduit désormais dans la sous région un phénomène d’interconnexion culturel à travers la valorisation du cauris.
Le Fescauri, qui recouvre tout un ensemble d’événement socioculturel à caractère folklorique et artisanal, s’exporte chaque année à Siby pour réhabiliter l’histoire du cauris. A l’occasion de la rencontre 2008, la sous préfecture de Siby, située à 45 km au sud-ouest de Bamako et chef lieu de ladite commune, s’est transformée durant ces deux jours de festivités en un carrefour culturel et artistique des pays de l’Afrique de l’Ouest qui ont exposé et magnifié les savoirs et techniques africains.
A la cérémonie d’ouverture, Soumaïla Cissé, à la suite du chef de village de Siby, Falaye Camara, et du maire de la commune Adama Koné, a remercié les organisateurs du Fescauri pour avoir associé la commission de l’UEMOA à « cette manifestation culturelle à fort potentiel d’intégration ».
Ainsi, en tant que symbole de l’intégration culturelle, ce festival témoigne, pour le président de la commission de l’UEMOA, le lieu de rassemblement d’un grand public assez diversifié autour du cauris, dont sa portée historique transcende toute l’Afrique de l’Ouest à travers son évolution inédite.
Félicitant les autorités maliennes pour leur engagement en faveur de la culture en vue de construire un espace communautaire, il dira que « le Mali assume ainsi sa mission et sa vocation de pionnier, voire de champion de l’intégration du continent ».
Hamed Diane Séméga, ministre de l’équipement et des transports, représentant la première dame, Lobo Traoré, a rappelé qu’il y a deux ans, le président ATT disait à Loulou, que la véritable mine d’or, qui fera le Mali de demain, est sa richesse culturelle. Partant, il a renouvelé l’engagement de sa structure en faveur de la politique nationale du désenclavement pour promouvoir le tourisme et la culture.
Avec la participation effective des femmes et de la confrérie des chasseurs de la localité, plus les regroupements des différentes communautés de l’espace UEMOA résidant au Mali, le Fescauri 2008, optant pour la renaissance du patrimoine culturel africain, a su magnifier le savoir faire de différentes traditions dans la diversité.
A ces manifestations socioculturelles, des exposants venus du Bénin, de la Guinée Bissau, du Sénégal, etc. ont, entre autres, exposé des articles de la bijouterie, des tissus traditionnels et des séances de jets de cauris.
Le Fescauri 2008, c’était aussi une conférence sur le thème « Femmes et cauris », dont le rôle de modérateur était assuré par Bakary Koniba Traoré, dit Bakary le pionnier, à l’hôtel Kamadjan dans le « vestibule du Mandé« .
Le conférencier principal, Abdoulaye Sylla, directeur adjoint du Musée national, a amené le public dans un profond voyage historique et comparatif pour reconstituer l’évolution de ce petit animal assez énigmatique à travers ses multiples fonctions religieuses, sociales et économiques d’antan en parallèle avec le statut de la femme.
Lequel statut, autrefois sacré, se consume avec l’évolution des sociétés africaines sous le poids de la prédominance des valeurs occidentales. Ainsi, selon lui, à l’image de la société mère malienne, elle est victime des contraintes modernes qui véhiculent des valeurs autres que celles dont l’Africain a toujours retenues de la femme idéale. Pour finir, il se dit désolé face à la détérioration des mœurs et us, la disparition de la famille large au profit de nucléaire et prône le retour à l’africanité.
Ben Chérif Diabaté, communicateur traditionnel et président du Recotrade, a abordé la question dans le même sens que son prédécesseur, à la différence qu’il a mis l’accent sur l’aspect occulte du cauris. Il affirme, en bon adepte de la tradition orale, qu’« il n’ y a de savoir que du cacher ». C’est pourquoi, il invite les jeunes, de plus en plus distants des personnes âgées, à accorder plus d’intérêt à la quête du savoir local.
Le Fescauri, c’était aussi des concerts gratuits animés, entre autres artistes, par Mangala Camara, Sina Sinayogo et Ina Stars. Le dimanche, 2 novembre 2008, il a pris fin par des visites touristiques dont le plus célèbre est l’Arche de Kamandjan.
SOUMAÏLA CAMARA
Envoyé spécial
l’Aube du
06 Novembre 2008