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Ainsi, le nombre de femmes députées a chuté pendant la législature passée de 18 à 15 sur les 147 que compte l’Assemblée Nationale ; le nombre de femmes ministres a aussi chuté de 6 à 4 sur les 27 ministres que compte le gouvernement. Sur les 8 institutions de la République prévues par la constitution de 1992, aucune femme n’a été désignée première responsable.

Malgré leur poids démographique dominant (52%) la prépondérance de leur apport à l’économie nationale (70% ) dans la production alimentaire, les femmes subissent la dictature des hommes.

Comment faire pour corriger cette injustice ? Djoumé Sylla, chargé de programme du Fonds d’Equipement des Nations Unies (FENU) à la représentation du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD)-Mali propose de “s’engager pour changer”.

DES HANDICAPS A L’EVOLUTION DU STATUT POLITIQUE DE LA FEMME

Plusieurs facteurs d’ordre socioculturel, politique et économique ont été mis en avant pour expliquer cette faiblesse de représentation politique dans la vie publique au Mali. “En plus, il semble que le potentiel dont disposent les femmes n’a, jusqu’à ce jour, pas eu d’incidence proportionnelle sur leur statut politique.

L’une des difficultés liée à l’élection des femmes est le mauvais positionnement de leurs noms sur les listes de candidatures des partis politiques quand il s’agit des élections de proximité et cela malgré leur nombre écrasant et l’importance de leur rôle dans la mobilisation des militants et l’animation au sein de ces formations politiques etc.

LES ELECTIONS COMMUNALES DE 2004, L’EXCEPTION

Les résultats des dernières élections communales de mai 2004, élections dites de proximité ont permis d’enregistrer une avancée relative dans la participation des femmes à la vie publique.

Curieusement, le milieu rural, pourtant faible économiquement et où les pesanteurs socioculturelles pressent le plus, eh ! bien, le milieu rural serait curieusement plus favorable à l’essor politique de la femme que le milieu urbain.

En 1999-2003, le nombre de femmes conseillères communales était de 437 sur un total de 10.540 élus soit 4,14% dont 5 femmes maires, toutes en milieu rural sur les 703 communes.

A l’issue des élections communales de mai 2004 le nombre de femmes conseillères est passé à 703 au sein des conseils communaux sur un total de 10.765 élus soit 6,53%.

De cinq femmes maires en 1999-2003, elles sont aujourd’hui au nombre de 7 dont une seule d’entre elles a été élue en milieu urbain (la Commune I du District) et les six autres en milieu rural.

MOPTI, UN CAS D’ECOLE

En regardant à la loupe les résultats des élections communales de mai 2004, la région de Mopti se classe première sur les 8 régions administratives plus le District de Bamako que compte le Mali.

Mopti semble constituer un cas d’école, une région où les femmes ont presque réussi à doubler leur nombre au sein des conseils communaux passant de 59 conseillères en 1999 à 113 en 2004.

La cinquième région a également triplé le nombre de femmes élues maires qui passe de 1 à trois à la même période.
En plus de cela, trois autres ont été élues premières adjointes contre 0 en 1999 ; 9 femmes ont été élues troisièmes adjointes contre 4 précédemment.

Pour l’ensemble de la région le nombre de femmes dans les bureaux communaux est passé de 8 en 1999 à 16 en 2004. Ce progrès n’est pas le fait du hasard, Djoumé Sylla, chargé du programme FENU au PNUD-Mali avance que ce progrès trouve sa justification dans l’engagement des femmes elles-mêmes d’abord, le dynamisme de leur environnement familial, sociopolitique, une certaine confiance en soi et une nette perception des enjeux ensuite.

LE SOUTIEN DES PARTIS POLITIQUES AUX FEMMES

Les partis politiques ont joué un rôle prépondérant dans l’ascension des femmes dans l’espace politique local. Ils ont joué au <> en inscrivant <> sur des listes, des femmes qui possédaient un potentiel réel de mobilisation des populations.

En échange, certaines candidates ont été diversement (moyens matériels et financiers) soutenues par ces partis. Le schéma inverse a aussi été observé par endroit ; à savoir inscrire en bonne place des femmes qui n’ont pas à priori un potentiel immense de mobilisation de militants mais qui disposent à contrario des ressources financières nécessaires pour conduire leur campagne. Dans les deux cas de figure, ces stratégies ont été payantes avec l’accompagnement nécessaire.

Un accompagnement adéquat et harmonieux des femmes en milieu rural permet de surmonter les principales contraintes qui handicapent leur marche vers l’espace public.

De l’avis des élues locales, les principales contraintes rencontrées dans la politique locale pourraient être résumées sous le vocable insuffisance de ressources financières et logistiques (62% des femmes) pour financer leur campagne.

D’autres contraintes comme l’hostilité des hommes, la méconnaissance des textes et les problèmes d’inscription sur les listes électorales ont été également ressenties dans une moindre mesure par les enquêtées.

Ce constat confirme qu’un environnement sociopolitique et institutionnel favorable à la promotion des femmes, combiné à une nette perception par les femmes elles-mêmes des enjeux politiques, soutenu par un engagement militant créent les conditions idéales de la promotion des femmes dans la vie publique.

En somme, on peut désormais tenir pour acquis que dans la région de Mopti et voire probablement dans le reste du pays, rien ne sera plus comme avant en matière de participation des femmes à la vie publique locale.

Le ciblage des femmes comme groupe ayant ses spécificités propres et ses contraintes particulières, la mise en place d’une offre d’accompagnement adaptée et le développement du partenariat de type <> entre parties prenantes concourent à l’émergence d’un espace public partagé (homme et femme) au niveau local.

Daba Balla KEITA
Source : PNUD-Mali

29 juillet 2005