Parcours politique
Cette date est d’ailleurs celle de l’émancipation politique de l’homme (noir) qui commence par la suppression de l’Indigénat, donnant naissance à la pleine citoyenneté du colonisé. Comme conséquence, il y eut l’institution du collège unique et le suffrage universel.
La femme africaine, bénéficiant de ces droits, entre pratiquement dans la sphère des activités politiques en même temps que sa soeur européenne, celle-ci n’ayant accédé au droit de vote, pour nombre de pays européens, qu’au début du XXe siècle.
Au Mali, de 1946 à 1957, les femmes ont participé avec passion, aux côtés des hommes, quoique rangées derrière eux dans le cadre familial, aux rivalités entre les deux principaux partis, le PSP et l’US-RDA. Ce dernier n’a pas hésité à nommer Aoua Kéïta, première sage-femme du Mali, membre du son Bureau Politique National et députée.
En Guinée, à la même époque, la militante du Parti démocratique du Guinée Jeanne Martin Cissé jouait le même rôle. Toutes deux allaient participer à l’essor du mouvement panafricain des femmes.
La IIe République ouvre les portes de ses institutions politiques et administratives aux femmes. L’Union Nationale des Femmes du Mali, organisation de l’UDPM, le parti unique, a une audience certaine auprès des décideurs politiques et des femmes font leur entrée au gouvernement.
D’ailleurs, depuis l’époque du Comité militaire de Libération nationale (1968-1978), elles avaient franchi le seuil de sanctuaires plus gardés, fiefs des hommes : elles étaient devenues militaires, policiers, juges, procureurs.
Il convient de noter à cette époque le rôle croissant de la Première Dame dans la vie publique, à travers des oeuvres de bienfaisance à l’endroit des handicapés (comme l’Union malienne des Aveugles), un rôle qui se maintiendra et s’amplifiera au niveau continental et même mondial.
Avec la II République, c’est l’explosion de joie chez les féministes. Un des gouvernements d’Alpha compte jusqu’à 7 ministres femmes, dont des portefeuilles prestigieux, comme celui des Affaires étrangères.
Pour la première fois, une femme devient Gouverneur (du District de Bamako), ambassadeur, préfet, maire. Mme Aminata Dramane Traoré, sociologue et écrivain, défend les positions du mouvement altermondialiste et s’oppose à toute allégeance du gouvernement aux forces capitalistes mondiales, montrant qu’elle n’est pas là pour des raisons alimentaires.
Femme et démocratie
Peu d’hommes pourraient faire comme elle. D’ailleurs, avec l’avènement de la démocratie multipartite, les “hommes politiques” ne sont-ils pas de venus de simples instruments des partis politiques ? Et ces derniers, de simples machines aux mains des leaders, qui les tournent dans le sens voulu par les circonstances ?
Et pourquoi de tels “hommes politiques” ne pourraient-ils pas être des femmes ? Si la politique est désormais le domaine réservé de professionnels de la chose, ceux, qui, par un trait naturel, y ont vocation et s’y consacrent, alors force est de constater que les femmes sont très douées pour cette matière.
Elles ont, par exemple, le don de mobiliser les foules pour les meetings, auxquels des candidats masculins vont prendre la parole pour se faire élire.
Le prestige atteint par les femmes dans les autres domaines professionnels, considérés comme plus valeureux que ceux de la politique, milite largement en leur faveur.
Il y a aujourd’hui des femmes multimillionnaires, qui font des transactions avec l’Asie du Sud-Est, des femmes professeurs d’université, des femmes juges ou officiers de l’Armée. Au Sénégal, une femme a été Premier ministre.
Et quand elles regardent du côté de leurs soeurs d’Occident et du reste du monde, elles voient des femmes Premiers ministres en France, en Grande-Bretagne en Inde, au Pakistan ; des femmes cosmonautes en Russie, des femmes Prix Nobel de Littérature, de Chimie, de la Paix, des femmes membres de l’Académie française. De quoi lever les réticences des plus conservateurs, ici et ailleurs, sur la valeur de la femme.
L’Union Africaine n’a pas eu de complexe à instaurer la parité hommes femmes en constituant sa commission. Que dire d’autre, sinon que la femme africaine est mûre politiquement?
Ibrahima KOITA
13 octobre 2005.