L’approvisionnement du marché en riz connaît quelques difficultés en dépit des exonérations accordées au mois de février par le gouvernement aux commerçants. La priorité donnée à l’importation d’intrants agricoles en est la cause. Les stocks sont sur le point de s’épuiser.
Pour faire face à la pénurie de riz due à une campagne agricole, qui n’a pas comblé toutes les attentes et surtout pour prévenir la période de soudure, le gouvernement et la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM) ont signé un protocole d’accord portant exonération du riz pendant une période de trois mois (du 1er mars au 31 mai 2009). L’effet de l’exonération va s’épuiser dans moins de deux mois alors que le marché a du mal à s’approvisionner.
Ce ne sont pas les initiatives qui ont manqué du côté des importateurs céréaliers, qui ont lancé des commandes auprès de leurs fournisseurs. Le président du Groupement des importateurs céréaliers et PDG du Grand grenier du bonheur (GGB), Bakoré Sylla, a donné le ton en important 100 000 tonnes de riz avec un de ses partenaires français, Louis Dreyfus. Ses premiers camions de près de 600 tonnes sont arrivés à Bamako le 21 mars 2009.
Cette opération d’approvisionnement du marché national butte, semble-t-il, à des difficultés liées aux moyens de transport. Les ports de Dakar et d’Abidjan sont les principaux corridors empruntés par les opérateurs économiques maliens.
L’acheminement de leur riz a coïncidé avec la période d’importation d’intrants agricoles et d’exportation de balles de coton de la CMDT sur les mêmes axes. Depuis environ deux mois, les bateaux chargés de riz ont déversé leur cargaison dans ces deux ports. Les propriétaires de ces marchandises, dont Bakoré Sylla, qui dit disposer de 25 000 tonnes à Abidjan et 30 00 tonnes à Dakar, ne savent plus où donner de la tête.
Spéculations
Les camionneurs ont renchéri le coût du fret. La tonne est passée de 35 000 à 37 500 F CFA. Pis, pour être servi, le transporteur est obligé d’acheminer les balles de coton de la CMDT pour en retour acheminer du riz ou de l’engrais.
La direction nationale des transports terrestres, maritimes et fluviaux saisie n’a pas encore trouvé la solution. La circulation sur le pont de Kayes sera coupée dans quelques jours pour des travaux de réparation. Cet ouvrage est un passage obligé pour rallier le corridor sénégalais. C’est la preuve que les commerçants et les consommateurs ne sont pas encore au bout de leur peine.
Au vu de la faible capacité de notre parc auto, les importateurs veulent faire recours aux Ghanéens. Mais d’ici là, une menace de pénurie de riz plane sur le pays. Selon certaines sources, des magasins de commerce au détail sont en rupture totale de stocks et il est même difficile de trouver une tonne de riz chez certains grossistes.
Il y a deux semaines, le président du Groupement des commerçants détaillants du Mali, Hama Abba Cissé, qui est aussi le président de la commission de distribution du riz exonéré aux commerçants détaillants, dévoilait son plan de ravitaillement des magasins témoins à l’intérieur de Bamako.
Il prévoyait de créer 30 magasins témoins dans les six communes du district et dans les régions. Mais, il plaidait en même temps, pour l’approvisionnement correct du pays en riz, en prévision de l’hivernage connu comme la période de soudure au Mali. M. Cissé n’écartait pas l’idée de prolonger le protocole d’accord du 27 février 2009 ou le cas échéant d’en signer un autre.
Abdrahamane Dicko
17 Avril 2009