Des agents de santé compétents, respectueux de la déontologie et bien soutenus constituent le socle de la santé d’une nation. Hier, 8 juin et pour la deuxième année consécutive, notre pays a célébré la Journée nationale de la maternité à moindre risque.
La cérémonie, qui a eu pour cadre le Centre international de conférences de Bamako, était présidée par l’épouse du président de la République, Mme Touré Lobbo Traoré qui avait à ses côtés la ministre de la Santé, Mme Maïga Zéïnab Mint Youba.
L’objectif visé à travers la célébration de cette journée est d’inciter les décideurs, la communauté internationale, la société civile à agir pour préserver la santé des mères et des enfants et éviter que tous les ans des millions de femmes meurent en couche de même que des millions d’enfants à bas âge.
S’il est admis que le développement des ressources humaines constitue le prix à payer pour la santé à tous, les organisateurs de cette 2e journée nationale de la maternité à moindre risque ne se sont pas trompés en choisissant comme thème « la problématique des ressources humaines dans la réduction de la mortalité maternelle et néonatale dans le monde et au Mali ».
Un thème d’ailleurs fort évocateur pour qui sait la corrélation entre le personnel des agents de santé et la survie maternelle et néo-infantile : plus le nombre du personnel qualifié en santé est élevé, plus la survie s’accroît chez le nouveau-né et la mère.
Nonobstant cette réalité, force est de reconnaître que trop de femmes meurent encore aujourd’hui en donnant la vie. Les statistiques sur la mortalité maternelle et néonatale dans le monde et au Mali font froid au dos.
Toutes les trois heures, une femme meurt en donnant la vie et 80 nouveaux-nés meurent chaque jour. Il est établi qu’une des causes principales de cette situation « odieuse » est l’insuffisance de personnel qualifié et motivé dans les structures de santé.
Les données disponibles indiquent que dans la sous-région seulement 42 % des accouchements sont assistés par un personnel compétent. Au Mali, la disponibilité et la répartition des sages-femmes ne sont guère satisfaisantes. Alors que les normes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) préconisent une sage-femme pour 5000 habitants, au Mali, une sage-femme s’occupe de 16 000 habitants.
De plus, la clé de répartition des sages-femmes par région est jugée inégale : 68 % d’entre elles sont en exercice dans le district contre 32 % dans les régions. A cette faiblesse de gestion des ressources humaines s’ajoutent l’absence de plan de carrière, la faible motivation, l’insuffisance de formation continue du personnel, la migration etc.
Les causes sont connues et la meilleure façon d’y faire face est de posséder des ressources humaines qualifiées, compétentes et motivées. C’est fort de cette conviction que l’épouse du président de la République a annoncé qu’aucun sacrifice ne sera de trop pour améliorer le sort et la santé des mères et de leurs enfants.
Pour corroborer cette vision, Mme Touré Lobbo Traoré a fait allusion à l’Initiative 2010 qui a vu le jour en mai 2001 à Bamako avec comme objectif la réduction de la mortalité maternelle et néonatale. Elle a invité les agents de santé à plus d’écoute, d’attention en faveur de la promotion de la santé des femmes.
Mme la ministre a rappelé la place de choix accordée par le Prodess II au développement des ressources humaines. Il en est ainsi de la mise en place d’une entité chargée de la gestion des ressources humaines, la validation d’un plan de carrière concernant l’ensemble du personnel, la motivation du personnel fortement impliqué dans la réduction de la mortalité maternelle et néonatale avant d’ajouter que 75 % des décès maternels sont évitables d’autant que les stratégies pour y parvenir sont connues : assistance pendant la grossesse, l’accouchement et le post-partum par du personnel qualifié.
Une minute de silence a été observée en la mémoire du responsable de l’OMS décédé il y a quelques jours.
Mohamed Daou
Des prix à des lauréats
En marge de la cérémonie, la première dame a remis le prix Tara Boré à certaines personnes qui sont distinguées par leur courage dans le domaine de la gynécologie obstétricale.
Il s’agit de Dr. Boureima Maïga, gynécologue-obstétricien à l’hôpital du Point G, Mme Awa Diallo, sage-femme, Mme Sirandou Wagué, sage-femme à Tombouctou, et Mme Mariam Diakité de la Société malienne de gynécologie obstétricale.
M. D.
09 juin 2006.