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Selon les constats du Commissariat à la sécurité alimentaire (CSA), le déficit céréalier causé par le manque de pluies et l’invasion des criquets pèlerins dans notre pays est de 347 000 tonnes.

Le CSA reconnaît la précarité de la situation alimentaire tout en indiquant qu’elle est en voie d’amélioration dans les zones pastorales avec la régénération des pâturages, les nouvelles récoltes surtout celles du fonio sauvage au nord étant prévues entre septembre et octobre et l’amélioration des conditions d’abreuvement du bétail.

La disponibilité en céréales dans les zones sédentaires et urbaines est jugée moyenne à suffisante.

Pourtant, il y a moins d’une quinzaine de jours, le Pam sonnait l’alerte sur l’imminence d’une famine au Mali, au Burkina Faso et en Mauritanie si rien n’était fait. Le Pam jugeait la situation critique surtout au niveau des enfants gagnés par la malnutrition. L’organisme onusien se disait en manque d’argent pour contrer le mal.

Mardi 23 août dernier sur RFI, le représentant local du Pam, Pablo Recalde affirmait, dans un langage d’optimisme, que le mal est circonscrit grâce aux actions de prévention du Système d’alerte précoce (Sap), à la présence d’un Fonds national de sécurité alimentaire, d’un Stock national de sécurité (SNS) et la création de banques de céréales à Bamako et à l’intérieur du pays. Le représentant du Pam reconnaissait tout de même une malnutrition chez un nombre élevé d’enfants dans le Septentrion.

Difficultés et non famine

La chargée de mission du CSA, Ténimba Monékata, se fiant aux déclarations des experts soutient, « qu’il y a certes des difficultés d’approvisionnement en nourriture pour des populations à revenu limité, mais il n’y a pas de pénurie de céréales sur le marché et les gens ne portent pas de signes de malnutrition ».

Notre consœur, qui précise que la famine se détermine sur la base de données techniques, charge une ONG internationale de la place « d’être à la base de cette campagne visant à faire croire que notre pays est menacé de famine en vue d’empocher l’argent des bailleurs de fonds ».

Les estimations du CSA font état de 175 000 enfants qui doivent faire l’objet de récupération nutritionnelle. Il est prévu de distribuer pendant six mois, 5000 tonnes de farine et compléments à 46 593 enfants malnutris et à 128 012 enfants à risque de malnutrition.

Le plan stratégique de lutte contre la famine du CSA a consisté courant 2004 en la création de 178 banques de céréales pour contenir la flambée des prix. Une autre opération de 3000 tonnes de céréales destinées à 178 banques de céréales dans 160 communes a été lancée début août sous l’égide du chef de l’Etat.

L’optimisme demeure au CSA si l’on s’en tient aux informations selon lesquelles, des provisions de riz importées par des commerçants céréaliers sont en voie d’acheminement. Il urge de faire face au mois de carême prévu en octobre et qui est une période de grande consommation de denrées de première nécessité.

Abdrahamane Dicko

Banques de céréales à sec

Selon des informations persistantes, les banques de céréales installées dans les quartiers périphériques du district au compte des associations féminines connaissent une rupture de stocks depuis quelques jours. Une rupture due à la ruée des populations avec comme conséquence la vente du kg de riz à 375 CFA.

Le CSA revendique la création courant 2004 d’une quinzaine de banques de céréales à Bamako, approvisionnées chacune en raison de 20 tonnes de riz. D’autres au nombre de 18 s’y sont ajoutées courant août et ont bénéficié de 10 tonnes. Si ces stocks initiaux étaient gratuits, leur renouvellement est payant.

Ténimba Monékata souligne qu’ils ne sont pas au courant de pénurie dans la mesure où le CSA, affirme-t-elle, n’a pas été saisi officiellement par les associations féminines tenancières de ces banques de céréales.

A. D.

25 août 2005