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une-94.jpgMounira attendait son tour d’être reçue. A ses côtés se tenaient une jeune mère et son tout nouveau-né. Le bébé venait de faire ses selles et la jeune mère, une primipare, ne savait pas trop bien comment s’y prendre. Elle demanda donc à Mounira de tenir son enfant pendant qu’elle sortirait chercher de quoi nettoyer les selles. Mounira accepta de bon cœur. Il était dans les environs de 16 heures 30.

A 17 heures, la jeune mère n’avait pas encore fini de nettoyer les selles. Mounira sortit voir. Elle n’était pas à portée de vue. Passablement inquiète, elle revint s’asseoir sur le banc. Un peu plus tard, bébé se mit à vagir. Mounira, maintenant inquiète, sortit voir où était passée la mère ; elle n’était pas dans la cour. Mounira fit le tour des lieux. Personne. Au bord de l’affolement, elle revint vers les locaux de l’Action sociale. Il était l’heure de la fermeture et les portes étaient closes. En proie à une vraie panique, Mounira éclata en sanglots devant ce qui lui arrivait : « Tu viens à l’Action sociale pour exposer ton problème et voilà qu’une inconnue te laisse son bébé entre les bras avant de disparaître…ce n’est pas de la sorcellerie ça ? ».

Le plus grave c’est que Mounira ne savait pas où rentrer avec le bébé. Elle avait été virée du boulot et son village se trouve à une vingtaine de kilomètres de Ouagadougou. Du reste, qu’irait-elle dire à ses parents à propos de cet enfant qui n’est pas son bébé ? L’idée lui vint de le déposer devant la porte de l’Action sociale et de s’en aller. C’est en ce moment que des agents de la mairie qui n’étaient pas encore rentrés chez eux, la virent pleurant, son fardeau entre les bras. A ceux-ci, elle expliqua son problème. Ils ne la crurent pas, pensant que c’était son astuce pour se débarrasser de son bébé. On voulut même voir le bout de ses seins.

Mais devant la sincérité de son désarroi, on fit appeler un responsable de l’Action sociale, Ladji, homme de bonne volonté qui ne rechigne pas à la tâche. Et Ladji arriva. Il reconnut Mounira et accepta ses explications car il avait également remarqué dans l’après-midi la jeune mère qui était assise auprès d’elle avec son bébé. Par ses soins, on trouva un endroit où Mounira et le bébé passèrent la nuit et le week-end, elle, se trouvant à langer un bébé qui n’était pas le sien.

Ce n’est que la semaine suivante que, prise de remords, la véritable mère revint à l’Action sociale. C’est ainsi que l’on sut que si elle avait abandonné son bébé, c’est qu’elle était coincée ; le prétendu père refuse de reconnaître qu’il en est le géniteur et ses parents à elle, refusent de la recevoir chez eux avec un bébé sans père connu.

Au moment où je prenais connaissance de cette affaire, les responsables de l’Action sociale étaient en pleine réflexion pour savoir que faire, afin de protéger la vie de cet innocent.

En fait, quand on vous dit de porter des préservatifs-là, ce n’est pas uniquement pour vous protéger du Sida, il y aussi les grossesses non désirées, mais qui arrivent par la force de persuasion et la filouterie de « l’homme en rut ». Mesdemoiselles, votre péché, c’est de succomber ainsi aux chants et sirènes, oubliant qu’après ce son, vos pleurs prendront la relève.


Sacré Chedou OUEDRAOGO

Sidwaya du 29 juillet 2008