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L’avènement de la démocratie a été douloureux dans notre pays. Le Mali était dirigé par un régime aux mains d’acier présidé par le Général Moussa Traoré et ses exécutants. IL a regné pendant 23 ans durant lesquels les droits et les libertés des peuples ont été bafoués. L’accession de Moussa Traoré au pouvoir a mis un frein au décollage de l’activité économique du pays. La construction d’usines entamée par feu Modibo Kéïta a été interrompue.

Ce moment constitue la période médiévale de l’histoire de notre pays. Face à la situation, le peuple a décidé de prendre son destin en main. Des Associations de Défense des Droits de l’Homme, l’association des élèves et étudiants, les syndicats se sont organisés et ont posé des revendications. La non satisfaction de ces revendications a provoqué des soulèvements à travers le pays, particulièrement dans la capitale. Les manifestations ont été très violentes et un groupe de jeunes officiers ayant à sa tête le Lieutenant-Colonel Amadou Touré a pris le pouvoir le 26 mars 1991.

L’avènement de la démocratie a été salutaire dans notre pays ; c’était une exigence sociale, tout le peuple aspirait à la démocratie. C’est ainsi que des partis politiques ont vu le jour et que plusieurs d’entre eux ont participé aux premières élections démocratiques. C’est le candidat de l’ADEMA-PASJ Alpha Oumar Konaré qui a remporté les premières élections présidentielles. L’ensemble de la classe politique a participé aux législatives, et le parti au pouvoir a eu la majorité absolue. Mais de 1992 à nos jours, on constate une faible mobilisation des électeurs.

COMMENT UN PEUPLE QUI A ACQUIS SI CHEREMENT LA DEMOCRATIE PEUT AVOIR PEU D’INTERET POUR LE VOTE?

Parmi les principes fondamentaux de la démocratie figure évidemment l’élection au cours de laquelle, le peuple est appelé à faire un choix ou à élire un candidat parmi tant d’autres. Ce principe ne semble pas être du goût de nos compatriotes qui se rendent très peu dans les bureaux de vote pour accomplir leur devoir civique. Le constat est qu’à chaque élection il faut sensibiliser les électeurs pour retirer d’abord les cartes. Aussi, lors du recensement, la commission est obligée de faire le porte à porte pour recenser les électeurs. Cette procédure est trop compliquée pour l’Etat et surtout, elle est trop coûteuse.

En choisissant des points fixes, c’est sûr que peu de gens se déplaceront pour s’inscrire. Lors des concertations entre les partis politiques et le ministère de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales, certains hommes politiques avaient suggéré l’inscription volontaire sur les listes électorales. Il ne sert à rien d’inscrire des gens qui ne voteront pas, avait laissé entendre l’un d’eux avant d’ajouter que cela ne servira qu’à “élever le nombre d’électeurs pour avoir un taux de vote très bas”.

C’est ce qui est arrivé aux élections législatives partielles en Commune V du District de Bamako et à Mopti. Le dimanche dernier, l’affluence n’était pas au rendez-vous; les électeurs ne se sont pas du tout mobilisés. Dans un bureau de vote à Daoudabougou en Commune V, il n’ y a eu que 3 votants sur 575 électeurs, ce qui dépasse notre entendement.

La situation est aussi valable en Commune V du District de Bamako qu’à Mopti. Aux élections législatives de 2002 et aux présidentielles de la même année, le taux de vote a tourné autour de 34%. Ce qui n’est pas à la hauteur du souhait contrairement à d’autres pays où le taux de vote atteint les 65%. Les seules élections où les citoyens votent le plus, ce sont les élections communales dites de proximité, car chaque commune élit ses représentants connus de tous dans la localité.

POURQUOI LE PEU D’ENGOUEMENT DES ELECTEURS?

La question mérite bien d’être posée au lendemain des élections legislatives partielles du 26 Mars 2OO6 où le taux de vote est très bas. Selon nos informations, le taux de vote tourne autour de 8% dans plusièurs bureaux de la commune V.

Il faut tout de même reconnaitre que le faible taux de vote dans notre pays n’est pas un fait nouveau. Quand nous remontons au début des premières élections démocratiques de notre pays dans les années 1992, nous remarquons qu’elles ont mobilisé plus d’électeurs que celles de 2002.

Le comportement peu honorable de certains hommes politiques a terni l’image des hommes politiques auprès de l’opinion nationale. Le non respect des promesses électorales, le mensonge, le detournement d’argent sont entre autres maux reprochés aux hommes politiques.

Les électeurs leur reprochent le plus souvent de ne penser qu’à eux seuls, une fois élus. Certains estiment qu’ils se battent pour leur propre intérêt et non celui du groupe. C’est l’une des raisons qui explique le manque d’intérêt des populations à la chose politique

D’autres aussi pensent que les élections ne servent à rien dans la mesure où les dés sont pipés d’avance. Ces derniers ne croient pas à la véracité des résultats des élections, compte tenu des fraudes orchestrées qui sont le fait de certains acteurs politiques.

Une réflexion doit être menée sur la faible mobilisation des électeurs et l’on doit revoir systématiquement le mode de recensement des électeurs.

Mamadi TOUNKARA

29 mars 2006.