Profitant du troisième Salon international du tourisme qui se tenait à Bamako, les dirigeants d’Air Mali et d’Aigle Azur étaient face à la presse, vendredi dernier dans l’après-midi, pour s’expliquer longuement et sans détour sur les raisons et le contenu du contrat réciproque de représentation commerciale signé par les deux compagnies aériennes le 5 juillet 2010. Mesure effective depuis le 1er août dernier, permettant à Air Mali de commercialiser les trois fréquences hebdomadaires d’Aigle Azur, opérées en Airbus A321.
Le directeur général d’Air Mali, Abderrahmane Berthé et le président du directoire d’Aigle Azur, François Hersen, ont répondu avec disponibilité et courtoisie aux nombreuses et pertinentes questions des journalistes, à l’occasion de la conférence de presse de vendredi dernier dans l’après-midi au Centre international de conférence de Bamako.
Une grande complicité a été notée entre les deux dirigeants des deux compagnies aériennes, signe de la confiance mutuelle entre Aigle Azur et Air Mali. C’est tant mieux pour la compagnie aérienne malienne dont le partenariat avec Aigle Azur ne fera que renforcer ses capacités opérationnelles et commerciales, au moment où Bamako tend à devenir le hub par excellence de l’Afrique de l’ouest.
En effet, les opérateurs du transport aérien (grands comme petits) ont jeté leur dévolu sur le Mali car elles y ont senti les bonnes affaires. Dans cet élan de développement de l’activité, il faudra bagarrer ferme pour se tailler des parts de marché appréciables, en vue de maintenir la rentabilité et la compétitivité souhaitées. En d’autres termes, il faut du talent managérial pour se tirer d’affaires.
C’est dans ce cadre qu’Air Mali, au lieu de se lancer dans une politique coûteuse et hasardeuse d’investissement pour acquérir un parc d’avions dont l’entretien et la rentabilité seraient un casse-tête, a opté pour une stratégie de développement des connexions, en vue de parvenir à un maillage d’un réseau mondial fondé sur l’exploitation de partenariats féconds avec Air Burkina, Air Ouganda, Brussels Air lines, Emirates, Eurofly S.p.a, Hahn Air, Heli Air monaco, Iberia, Kenya Airways, Turkish Airlines.
Dans cette lancée, après un arrêt temporaire de ses vols directs à destination de Paris, Air Mali revient en force sur cette ligne très prisée par les voyageurs, grâce à un partenariat avec Aigle Azur, une compagnie fondée en 1946 et qui est actuellement la troisième compagnie française, synonyme d’expérience et de notoriété. En effet, avec 12 Airbus de la famille A320, 1 700 000 passagers transportés en 2009, 300 vols par semaine, 300 000 000 d’euros de chiffres d’affaires en 2009, Aigle Azur a décidé de déployer davantage ses ailes en Afrique. Après l’Algérie qui constitue sa destination phare à partir de Paris, le Maroc et la Tunisie, le Mali complète l’offre existante avec 3 vols hebdomadaires par semaine.
C’est dire que le partenariat entre Air Mali et Aigle Azur s’avère gagnant-gagnant. L’une voulant s’ouvrir davantage au marché européen, l’autre souhaitant pénétrer encore un peu plus le marché africain. Ainsi donc, le contrat de représentation commerciale signé le 5 juillet 2010 et effectif depuis le 1er août dernier, sonne-t-il le tocsin d’une union sacrée entre les deux compagnies, en vue de l’optimisation de la desserte entre Paris et Dakar.
Le savoir-faire du personnel d’Air Mali, loué par le président du directoire d’Aigle Azur – la même chose a été faite la veille par le dirigeant d’Emirates- sera mis à profit pour booster ce partenariat qui s’étend aussi au trafic cargo. En effet, selon le directeur commercial d’Aigle Azur, Alain Bel, qui accompagne son patron à Bamako, cette préoccupation a été prise en compte et il est possible de procéder dans un premier temps à des vols mixtes -fret et voyageurs jumelés- en mettant à la disposition d’Air Mali des avions répondant à cette exigence, au cas où la demande du marché l’exigerait.
Quelle sera alors la caractéristique distinctive que les deux compagnies mettront en avant pour s’imposer sur la ligne Bamako-Paris très concurrentielle ? Une politique de proximité cultivée par une présence forte sur le terrain, à l’écoute du public et de ses habitudes, en plus du professionnalisme du personnel des deux compagnies.
De toutes les façons, à entendre parler les dirigeants des deux compagnies, ce partenariat est profitable aux deux parties car, en dehors de la desserte Paris-Dakar, les destinations africaines du réseau d’Air Mali au départ de Bamako font partie intégrante de cet accord et seront vendues par Aigle Azur.
Autant de choses qui permettent à Air Mali de tendre vers ses objectifs : recouvrer une identité connue dans toute la sous-région ; bâtir une compagnie plus forte ; accéder à un niveau de compétence indispensable dans le domaine du transport aérien ; fournir des services innovants de qualité ; ouvrir le monde à ses clients.
Amadou Bamba NIANG
Devant les journalistes et voyagistes du Mali :
Le Directeur régional d’Emirates dévoile ses am bitions pour Bamako
Le transporteur international basé à Dubaï, Emirates Air lines, est intéressé par le Mali. La révélation en a été faite par son directeur régional basé à Dakar, Ernest Dikoum, en mission commerciale à Bamako en fin de semaine dernière. A l’occasion de son séjour au Mali, accompagné d’une forte délégation de collaborateurs, il a rencontré les agences de voyages et les journalistes, jeudi dernier, à l’hôtel Radisson de Bamako. A cette occasion, deux billets d’avion Bamako-Dubaï-Bamako ont été gracieusement offerts à deux agences, suite à un tirage au sort.
La capitale malienne est-elle en passe de devenir le hub incontournable de l’Afrique de l’ouest ? Au vu de l’intérêt croissant manifesté par les compagnies aériennes, on n’est pas loin de répondre par l’affirmative. En effet, en peu de temps, une multitude de transporteurs aériens se sont manifestés à Bamako, chacun voulant se tailler la plus grosse part de marché du transport aérien au Mali.
Emirates Air lines, ce géant fort de 150 gros porteurs, avec une moyenne d’âge de 5 à 6 ans, prévoit de doubler sa flotte car c’est le plus gros client de Boeing pour la 777, avec une commande ferme de 203 appareils pour une somme de 68 milliards de dollars. Desservant actuellement 104 destinations passagers et 7 destinations cargo, la compagnie aérienne de Dubaï est en train de faire une percée sur le continent africain.
Comme le dit Ernest Dikoum, » la compagnie Emirates a été toujours présente en Afrique et plus précisément au Mali, mais de façon discrète « . Il faut comprendre, à travers ces propos, que des agences de voyages du Mali commercialisaient déjà des destinations desservies par Emirates. Mais actuellement, la compagnie veut se rendre plus visible en scellant un partenariat avec Air Mali.
En effet, cette disposition est hautement stratégique car Emirates, désormais représentée à Dakar où se trouve d’ailleurs sa direction régionale, a commencé à opérer à partir du Sénégal depuis le 1er septembre dernier. En s’appuyant sur Air Mali, la connexion pourra se faire facilement à partir de l’aéroport de Dakar et permettra ainsi aux voyageurs de prendre de plus en plus les lignes Emirates. Comme le précise la directrice commerciale, Fama NDiaye : » Emirates entend d’abord être opérationnel en relais et juger le potentiel du Mali« .
Mais pourquoi avoir préféré s’installer d’abord à dakar au lieu de Bamako ? Le directeur régional Ernest Dikoum a été très clair : « En termes stratégiques, tous les points, toutes les villes nous intéressent. Nous avons choisi le Sénégal comme point d’entrée dans la sous-région parce qu’à ce niveau tout était déjà préparé pour nous accueillir. Dès que nous aurons la même disponibilité au Mali, nous serons plus actifs « . Il est conscient que les potentialités existent, mais que certainement sa compagnie veut avancer à pas feutrés, dans le cadre d’une évolution par étapes distinctes.
En tout cas, avec son gigantesque parc d’avions, ses 116 vols hebdomadaires, ses 600 milliards de FCFA de profit net en 2009 et pour avoir forgé son expérience dans une rude concurrence à partir de Dubaï où opèrent 120 compagnies aériennes dans le cadre d’une politique de » ciel ouvert « , il y a de quoi redouter que ce géant ne vienne » bouffer » les petites compagnies, comme l’a exprimé un confrère.
Réponse d’Ernest Dikoum: » Nous ne venons pas pour cela, mais nous allons nous prouver par notre touche personnelle fondée sur la qualité de nos services et la particularité de nos offres innovantes « . A bon entendeur…
Il faut noter que la délégation d’Emirates a rencontré les agences de voyages et a profité de l’occasion pour leur offrir deux billets gratuits Bamako-Dubai-Bamako, après tirage au sort.
Amadou Bamba NIANG
L’indépendant du
18 Octobre 2010