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Encore une fois, le procès que les 311 travailleurs de la mine d’or de Morila, licenciés par la Somadex pour avoir observé un mot d’ordre grève de 72 heures, a été renvoyé. L’affaire était inscrite sur le rôle du 28 juillet 2008 du tribunal de première instance de la commune III du district de Bamako.

Elle a été renvoyée pour la quatrième fois. «Nous avons demandé que le procès soit reporté au 29 septembre. Nous l’avons décidé en tenant compte des conseils de notre avocat, pour mieux préparer la défense du dossier», a déclaré Fassery Traoré, membre du collectif des anciens travailleurs licenciés de la Somadex.

Une semaine avant le report du procès, le 22 juillet 2008, les anciens de la Somadex ont animé une conférence de presse pour dénoncer la complicité que l’Etat malien entretient avec leur ancien employeur qu’ils accusent de les avoir renvoyé abusivement, sans droits.

Au-delà du cas de la Mine d’or de Morila, c’est tout le secteur minier du Mali qui fait face à des actions juridiques. L’Action pour l’environnement et la santé (APES), une association malienne, également auteur d’une plainte, réclame la somme de 150 milliards de F Cfa aux grandes sociétés minières pour réparer les dégâts causés par leurs activités sur l‘environnement local et sur les populations autochtones.

Fin mai, le juge des référés du tribunal de première instance de Bamako s’est déclaré incompétent pour la demande de l’APES en vue de commettre des experts multidisciplinaires afin de constater les dégâts sur le terrain. La perspective d‘une fin de non-recevoir par la justice malienne ne semble pas décourager les plaignants.

«Nous nous battrons, s’il le faut, jusqu’à la Hayes pour le respect des intérêts de la population locale. Aucun sacrifice n’est de trop pour contraindre les sociétés minières à réparer les dégâts qu’elles ont causés», a affirmé Me. Cheick Oumar Konaré, un des conseils de l’APES.

Mais pour le Directeur général de Randgold Resources Mali, Mamadou Samaké, l’APES, créée en avril dernier, l’a été pour les besoins de la cause. «Les sociétés minières sont prêtes à répondre aux accusations mensongères de l‘APES. Nous travaillons depuis des décennies sous le contrôle de l’Etat malien, qui a des compétences avérées en matière d’expertise dans le domaine de l‘environnement. Nous n’allons pas les laisser nous extorquer de l’argent», a-t-il expliqué avec un peu de colère.

Pourtant, depuis 1990, l’extraction d’or est devenue une activité économique majeure du Mali, et la deuxième source de revenus d’exportation après le coton. Cette rapide croissance a suscité de nombreux espoirs de développement, renforcés par le boom du cours de l’or sur les marchés mondiaux depuis quelques années.

Mais les sociétés minières estiment qu’il y a une cabale contre elles. «Cet acharnement a commencé par la publication en 2007 d’un rapport par la FIDH (Fédération internationale des droits de l’homme)», a soutenu Ibrahim Kantao, secrétaire général du Conseil national des opérateurs miniers du Mali.

Ce rapport, qui ne fait pas de reproches aux sociétés minières au sujet de l’environnement, souligne que l’or n’a pas permis au Mali de sortir de la pauvreté, tandis que «les codes miniers mis en place encouragent l’investissement étranger en offrant aux entreprises de vastes exemptions fiscales pendant 5 ans, privant ainsi l’Etat des ressources qu’il pourrait tirer de cette activité économique».


Soumaila T. Diarra

05 Aout 2008