Le phénomène migratoire n’est pas un problème récurrent propre seulement à notre continent. Il constitue une équation à résoudre tant pour l’Afrique que pour l’Europe. Pour chaque jeune africain, le plus important, c’est partir vers le Nord à la recherche d’un avenir meilleur. La question se pose avec acuité tant qu’elle domine l’actualité. C’est pourquoi elle est au centre des débats du présent Forum Social Mondial de Bamako qui prendra fin demain.
Les statistiques sur le phénomène migratoire
Selon les dernières estimations de la Division de la Population des Nations Unies, 180 millions de personnes vivent en dehors de leurs pays d’origine, soit 2,9% de la population mondiale. Entre 1970 et 1999, sur 152 pays, le nombre de pays de départ des migrants est passé de 39 à 67, celui des pays émetteurs de flux migratoires est passé de 29 à 55.
Et le nombre des pays considérés à la fois émetteurs et récepteurs de flux migratoires est passé de 4 à 15. Selon un rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le Développement (CNUCED), 32 pays parmi les 42 les moins avancés sont africains. Il a été également prouvé qu’avec la politique de Nicolas Sarkozy, la France expulse plus de 22.000 immigrés. En effet, les statistiques ont montré que dans les 30 prochaines années à venir, l’Europe aura besoin d’un accroissement d’immigration pour pallier le déficit de la main d’oeuvre.
Dr Oumar Mariko du Réseau Kayira a, dans son introduction, énuméré les causes de l’immigration. Par conséquent, il a condamné l’expulsion des sans-papiers sous toutes ses formes. En effet, en Afrique subsaharienne, il y a une recrudescence de la pauvreté. On estime que 47,5% des personnes vivent en dessous du seuil de la pauvreté (moins de 1 dollar par jour). Le nombre de pauvres dans la région a augmenté de 82 millions entre 1980 et 2000 et 100 millions à l’échéance 2004. De même, tous les ans en Afrique subsaharienne, meurt 1,2 million de personnes de paludisme, 3,1 millions de SIDA, et plus de 3 millions de faim.
C’est l’extension de poches de misères, des fléaux et le chômage, dira Dr Oumar Mariko, qui pousse la jeunesse à regarder de plus en plus vers le Nord. En réalité, dans cette situation de désespoir, la responsabilité est indiscutablement partagée. Autant la responsabilité des dirigeants occidentaux est engagée, autant celle des dirigeants africains est engagée.
Dans son intervention, Jean Claude Amara du “Droits Devant” en France, a indiqué que les centaines de milliers de sans papiers vivant en Europe, dont la France, subissent aujourd’hui le double étau de la répression et de l’exploitation avant d’ajouter que la politique du gouvernement, portée à la hussarde par Sarkozy, pratique le double affichage d’une répression accrue envers les sans-papiers tout en faisant la promotion d’une immigration choisie. Ce processus post colonialiste stigmatise l’étranger et spolie les pays les moins avancés de ses muscles et cerveaux. “Ces politiques ne pourraient néanmoins autant s’affirmer sans la collaboration de gouvernement du sud avec ceux du Nord” a -t-il conclu.
M. Amadou Tiéoulé Diarra a, pour sa part dénoncé le traitement inhumain infligé aux immigrés africains à Ceuta et à Melilla. Par conséquent, il a indiqué que le Maroc et l’Espace sont justiciables devant les juridictions internationales parce qu’ils rentrent en violation de certaines conventions internationales, notamment la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, et la Communauté Internationale des Nations Unies. Toutes ces conventions interdisent l’expulsion des immigrés en bloc.
Moussa TOURE
24 janvier 2006.