Cheick Oumar Cissoko, ministre de la Culture a présidé le 11 juillet 2006 la cérémonie de vernissage de l’exposition « Kénédougou, terre de lumière « .
A travers 120 photographies réalisées entre 1952 et 1954 par Mme Renée Colin-Noguès, le Musée national du Mali invite les Bamakois à revisiter le royaume de Kénédougou de la veille de la décolonisation. Dans des images claires et précises qui permettent une comparaison rapide avec des scènes d’aujourd’hui, l’exposition « Kénédougou, terre de lumière », est un hommage rendu à Mme Renée Colin-Noguès. Passionnée de photographie et de l’Afrique, Mme Colin est décédée en 2000, sans avoir pu mener à bien l’exploitation du capital exceptionnel de ses activités de photographe dans le Kénédougou des années 1950. Née à Paris en 1928, Renée débarque en janvier 1952 à Bamako en compagnie de son mari, administrateur Colonial.
Après quatre mois passés à Koulouba, la « Colline du pouvoir », cité administrative et siège du gouvernement, le couple qui aspire participer de l’intérieur au grand mouvement de décolonisation de l’Afrique, est affecté à Sikasso où M. Colin devait assumer les fonctions d’adjoint au Commandant.
Selon Roland Colin, les deux années qui ont suivi son affectation à Sikasso furent pour sa femme, celles d’une initiation en profondeur à la vie d’une population marquée, d’une part, par les traumatismes du rapport Colonial, et d’autre part, s’attachant à préserver farouchement ses valeurs premières et son identité. Il a indiqué que la connaissance de la langue dioula véhiculaire a permis véritablement « la traversée du miroir Colonial » par sa femme. Il dira que pendant cette période, il sera accompagné par cette dernière dans tous ses déplacements réguliers relatifs à ses fonctions, notamment les recensements de population et les audiences foraines du tribunal coutumier. « Elle acquiert de la sorte une familiarité intime avec les gens, spécialement dans la vie de tous les jours, sans omettre les cérémonies des cultes villageois qui imprègnent la quotidienneté« , a-t-il révélé. C’est pendant cette période d’immersion que Mme Renée Colin Noguès a pratiqué la photographie, dans ses relations naturelles avec la société paysanne. « Elle saisit de cette manière, au fil des jours, les imperceptibles évidences qui constituent l’identité d’un univers totalement en marge de la société blanche, encore lourdement engluée dans le rapport Colonial, sur le déclin mais toujours vivant« , a-t-il indiqué.
L’exposition « Kénédougou, terre de lumière » a été montée à partir d’une infime partie de l’oeuvre photographique de Mme Renée Colin Noguès qui a immortalisé de multiples scènes de la vie, tant en sillonnant la brousse qu’en déambulant sans fin dans le marché hebdomadaire de Sikasso, qui n’avait pas de secrets pour elle. Selon son mari, la richesse de ce marché la passionnait. Les visages, les corps, les génies, les dieux, les travaux et les jours ont été capturés sur des centaines de clichés, en noir et blanc, à l’aide d’un appareil Semflex reflex 6 X 6. Remarquablement conservés après plus de cinquante ans, les négatifs ont permis un traitement numérique, à la fois de sauvegarde et de mise en valeur, qui donne des images d’une qualité hors du commun, si l’on se réfère aux documents historiques habituels. Selon Samuel Sidibé, directeur du musée national du Mali, les travaux de mise en forme ont été réalisés par le fils de la photographe, Dominique Colin, ancien élève de l’école Louis lumière et chef opérateur de Cinéma.
Cheick Oumar Cissoko, ministre de la Culture a salué le couple Colin pour le travail accompli, afin de restituer au Mali et à l’Afrique sa mémoire. En plus de cette exposition photographique, mis à la disposition du public malien par la famille Colin, Roland Colin, directeur de recherches à l’université de Paris III,a publié en 2004 un ouvrage intitulé « Kénédougou au crépuscule de l’Afrique Coloniale ».
L’exposition est aussi accompagnée d’un catalogue de 160 pages en noir et blanc coédité pour le musée national du Mali et la Revue noire.
Assane Koné
13 juillet 2006