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A quelques semaines de la Tabaski, les moutons du Mali sont des plus convoités par des Libyens et Sénégalais. Le marché risque de connaître une pénurie comme l’année dernière.

Le Mali est un grand producteur de bétail. Les ovins et caprins représentent plus de 18 millions de têtes. Notre pays est du coup le premier producteur de petits ruminants de la sous-région. Mais cette richesse ne profite guère au Malien moyen, confronté à la cherté du prix de la viande et des sous-produits de l’élevage.

Avec la Tabaski qui pointe à l’horizon, la Libye a consenti des efforts pour permettre à ses citoyens d’accomplir le sacrifice d’Abraham en s’approvisionnant sur notre marché. De source sûre, le pays du Frère Guide de la Révolution libyenne, Kadhafi, vient de lancer une offre d’achat au niveau de la Fédération du bétail et de la viande du Mali (Fébevim) de 150 000 moutons. Le Sénégal, notre voisin de l’ouest, entend de son côté acheter 80 000 têtes.

En l’absence du président de la Fébevim, René Alphonse, en déplacement, le secrétaire exécutif de l’Observatoire bétail viande et secrétaire aux conflits de la Fébevim, Dr. Bamoussa Coulibaly, a reconnu que la Libye veut effectivement acheter 150 000 têtes. Mais, selon lui, « l’offre n’a rien d’officiel ni de formel. La demande vient d’un privé libyen qui aurait personnellement contacté le président de la Fébevim, René Alphonse, pour lui livrer 150 000 moutons au port de Dakar ou d’Abidjan d’ici l’Aïd el Kébir », prévue entre le 8 et le 9 décembre 2008.
Spéculations

« Compte tenu du délai de livraison relativement court et surtout du nombre important de têtes demandées, j’ai suggéré de formaliser d’abord l’offre et d’impliquer nos partenaires burkinabé et nigériens » , a expliqué Dr. Bamoussa Coulibaly. Selon lui, rien de concret n’a été fait jusque-là et ses informations se limitent à ce niveau. Il a aussi reconnu avoir reçu il y a dix jours, une correspondance de la Chambre de commerce et d’industrie de Dakar leur demandant d’autoriser des commerçants de bétail sénégalais à se rendre à Kayes pour discuter des conditions d’achat de moutons de Tabaski. A ce niveau, aucun nombre n’a été précisé dans la lettre reçue par le secrétaire exécutif.

Il est certain que des offres émanant d’autres pays procurent de l’argent et de la plus-value à nos éleveurs et surtout pour le Trésor public. Mais le danger est que ces commandes risquent de rafler les 2/3 de nos moutons et même de provoquer la spéculation sur le marché national. Selon des statistiques, entre 4 à 5 millions de béliers sont égorgés chaque année au Mali pour le sacrifice d’Abraham.

Chaque année, des milliers de têtes sont exportées dans la sous-région. L’année dernière, le pays a connu une crise de moutons sans précédent à cause de cette exportation massive. Des agneaux ont été vendus à des prix prohibitifs. Cette année encore, des risques de flambée des prix sont réels. Des béliers faméliques ou de petit gabarit sont proposés au double de leur prix réel.

Le bétail malien ne doit pas être un luxe pour le Malien.


Abdrahamane Dicko

20 Novembre 2008