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On constate de plus en plus dans la région de Sikasso la pratique de l’orpaillage traditionnel qui risquera de nuire au développement de la région. Faut-il souligner qu’avec la découverte de l’or les champs se vident de bras valides au profit de l’orpaillage. Aussi, dans les villages où se fait l’orpaillage traditionnel, on assiste à une dégradation de l’environnement et des moeurs, un accroissement de la pauvreté et surtout une insécurité grandissante.

Pour preuve, n’eût été l’implication de l’administration de l’Office de Développement Rural de Sélingué (ODRS) les paysans de Sélingué allaient démenager à Dalabala à environ 6km de Sélingué pour l’exploitation de l’or. Rappelons qu’en mois de septembre dernier, les paysans avaient abandonné leurs champs pour aller à Dalabala où ils passaient toute la journée à creuser. Les femmes, quant à elles, avaient aussi abandonné toutes leurs activités au profit de cette activité.

Au moment où les uns passent la journée sur les lieux pour creuser, d’autres transportent le banco pour trier.

Selon le Directeur de l’ODRS M. Siby, généralement en milieu d’hivernage, Sélingué est confronté à un manque terrible de main d’oeuvre pour l’exploitation des périmètres irrigués, parce que les activités aurifères demandent l’utilisation de l’eau qui necéssite de la main d’oeuvre.

Il faut rappeler que la première conséquence grave de l’abandon des champs est l’insécurité alimentaire. Lorsqu’on sait que Sélingué est une zone d’agriculture par excellence. En plus des périmètres irrigués pour la culture du riz, on cultive à Sélingué le mil, le maïs, la patate et des produits maraîchers. C’est pourquoi, selon le Directeur de l’ODRS, l’année dernière, ils ont pris la décision de fermer les lieux avant la fin de l’hivernage.

Aussi, avec la situation actuelle de Machôko dans la région de Sikasso, cercle de Kadiolo, les Maliens ont toutes les raisons d’avoir peur, en raison de l’affluence vers cette localité. Avant la découverte de l’orpaillage traditionnel, Machôko comptait moins d’un millier d’habitants mais avec la multiplication de l’orpaillage traditionnel dans ce village, on compte environ six mille âmes dont des nigériens, nigerians, sénégalais, ivoiriens et burkinabé.

Pire, avec l’accroissement de la population, on assiste à une dégradation de la forêt classée dans ce village. Ce qui est surtout préoccupant dans cette localité, c’est l’insécurité. Avec une telle population autour d’une telle activité dans un petit village et la présence de ressortissants de plusieurs pays, l’insécurité prend de l’ampleur. En plus, on ne doit pas exclure la dégradation des moeurs. Généralement la prostitution se développe dans les zones aurifères. Les professionnels du sexe ont pour destination ces zones puisqu’elles estiment c’est là où il est facile de gagner plus d’argent avec ces exploitants miniers.

Heureusement que les autorités sont au courant de la chose et sont conscientes des conséquences du phénomène. C’est pourquoi une délégation composée de trois ministres s’est rendue à Machôko pour s’imprégner davantage de la situation et prendre les mesures qui s’imposent.

Dado CAMARA

10 juillet 2006