En 2012, si tout marche comme prévu, avec l’autorisation du gouvernement malien, des multinationales vont commencer l’exploitation de l’Uranium et de la bauxite dans la commune rurale de Faléa, située dans le cercle de Kéniéba. Sous la bannière de l’Association des Ressortissants et Amis de la Commune de Faléa (ARACF), la population refuse d’assister impuissante à la dégradation de ses conditions de vie par l’action des futures mines.
Bénéficiant d’un appui de la ville de Genève, l’ARACF vient d’initier un projet citoyen à Faléa. Le 18 avril 2010, au cours d’une Assemblée générale organisée à l’école fondamentale de Djicoroni-Para, le projet et le premier lot de matériel mis à disposition par la ville de Genève, ont été présentés.
Me Toumani Keita, huissier de justice et Président de l’Association des ressortissants et Amis de la commune de Faléa (ARACF), a indiqué avec certitude qu’en 2012, la commune rurale de Faléa, située dans le cercle de Kéniéba, va devenir un grand centre minier, avec l’entrée en exploitation d’un gisement d’uranium estimé à 5000 tonnes et d’un autre gisement de Bauxite évalué à plus de 420 millions de tonnes.
« Au regard de tout ce que nous avons constaté dans les villages voisins des sites d’exploitation des mines d’or au Mali, avec l’implantation prochaine d’industries extractives dans notre commune, l’association des ressortissants a décidé de contribuer, aux côtés de l’Etat malien et de la municipalité de Faléa, à la réalisation effective des droits des populations résidentes : protection de la santé, du cadre écologique, des droits et des intérêts économiques et sociaux, de la culture et des aspirations des communautés », a-t-il déclaré.
Nouhoun Keita, secrétaire à la communication de l’ARACF, a ajouté que la première action de l’association dans le cadre de ce projet citoyen, est d’établir une cartographie du niveau de rayonnement gamma à la surface du sol avant le début de l’exploitation de la mine afin d’en mesurer les pollutions potentielles par la suite.
Selon lui, cette activité est très importante parce qu’elle permet de connaître les risques radiologiques en l’état afin de prendre des mesures rapides, le cas échéant, si les populations sont établies sans le savoir sur des zones à radioactivité naturelle élevée et surtout à déterminer la part de l’impact lié aux activités industrielles, d’habitude minimisé par les exploitants miniers, afin d’obtenir des travaux de remédiation adéquate après exploitation.
Il dira que cette cartographie se fera par une organisation citoyenne locale préalablement formée par un laboratoire scientifique spécialisée. Et comme l’ARACF n’a pas les moyens pour exécuter ce projet dans les bonnes conditions, son secrétaire à la communication a indiqué qu’elle bénéficie de l’accompagnement de la ville de Genève qui a décidé de lui apporter son concours financier et d’en assurer le parrainage. « Elle a octroyé une subvention de 25 000 euros pour couvrir les frais de formation au laboratoire, l’achat d’équipements appropriés, les voyages et autres dépenses nécessaires », a-t-il déclaré.
Mieux, il dira que le projet est déjà entré dans sa phase active avec la formation de deux membres de l’association au laboratoire de la Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité (CRIIRAD) de Valence en France. « La seconde étape consistera en une mission de formation et d’encadrement sur place à Faléa d’opérateurs locaux membres de l’ARACF et des communautés résidentes », a-t-il révélé.
Avant de conclure que la réalisation d’une cartographie initiale du niveau de rayonnement gamma à la surface du sol avant la mise en œuvre de l’exploitation d’uranium, avec l’appui de la CRIIRAD de Valence, en collaboration avec les habitants, s’inscrit en complément et en renforcement des pouvoirs publics maliens et en convergence avec les interventions des autres associations et ONG.
Assane Koné
20 Avril 2010.