L’histoire au Mali est en train de se réécrire avec des plumes de canard sauvage. Il est temps que les acteurs vivants apportent leurs témoignages éclairés.
Une fois n’est pas coutume, mais plus de deux fois valent habitude. Abdoulaye Sow a encore menti en disant que lors des émeutes des étudiants d’avril 1993, le président de la République et le président de l’Assemblée nationale lui auraient demandé de faire sortir la troupe pour, selon lui, « écraser » les étudiants.
Il faut vraiment être débile mental pour oser affirmer qu’un responsable politique malien (quelle que soit sa fonction) puisse ordonner le coup de feu à l’armée après ce qui s’était passé en mars 1991. Remember « Qui a tiré, qui a donné l’ordre de tirer ? »
Même si le président Konaré était un Docteur Folamour, l’armée aurait à juste raison refusée d’obtempérer à un ordre aussi insensé après 1991. Le fait est que le 5 avril 1993, les élèves et étudiants en grève dure, s’attaquèrent aux biens publics et privés (l’Assemblée nationale, le domicile privé du président de la République, entre autres).
Un conseiller du président prit sur lui de descendre de Koulouba pour aller voir au domicile familial de Konaré : chemin faisant, il s’arrête au ministère de la Défense dont le fauteuil était (hélas !) occupé par le sieur Abdoulaye Sow et lui demanda une escorte.
Effectivement, M. Sow répondit qu’il n’était pas possible d’engager des militaires dans ce genre d’opération. Il appela M. A. Badara Diouf alors directeur de la police (qu’il repose en paix !) pour demander des éléments d’escorte. M. Diouf répondit que tous ses effectifs étaient en opération.
Le conseiller se rendit donc seul au domicile familial de Konaré. Voilà ce que m’en a dit le conseiller en question. Il me semble que c’est cet épisode que M. Sow transforma en injonction du président de la République et du président de l’Assemblée nationale. Quand la mémoire va ramasser du bois mort, elle ramène le fagot qui lui plaît !
Avec le « courage » qu’on lui connaît, peut-on imaginer Abdoulaye Sow refusant d’exécuter un ordre de Konaré et de réclamer un écrit ?
Seulement, voilà, M. Sow n’est pas seul à avoir de la mémoire même si la sienne fait des cabrioles.
M. Sow a-t-il oublié que c’est bien lui qui a remplacé M. Younoussi Touré à la Primature ? Comment alors va-t-il s’y prendre pour nous expliquer qu’ayant présenté sa démission de ministre de la Défense le matin, pour divergences profondes avec le président, il ait accepté le soir d’être Premier ministre ? Sacré farceur de grand-frère !
Les morts ne sont pas là pour présenter leurs faits (honte à qui mentira sur un défunt !), mais beaucoup de protagonistes de cet épisode somme toute récent de notre histoire sont là et bien vivants.
Pour l’honneur du Mali, il serait peut-être temps qu’ils puissent témoigner. Faute de quoi, l’histoire au Mali est en train de se réécrire avec des plumes de canard sauvage.
Un voisin du quartier de l’Hippodrome
08 Septembre 2008