Ces mesures promises et non tenues n’ont encore rien apporté dans le vécu quotidien des maliens qui s’enfoncent de plus en plus dans le marasme économique avec son lot de malaise social.
C’est surtout au niveau de l’évaluation trimestrielle de l’action gouvernementale où les récriminations sont très fortes. Cet exercice, dans la forme et le fond, paraissait intéressant à tous points de vue. Il était inédit. Cependant, dès la 1ère évaluation, la méthodologie a été plutôt assimilable à une présentation de bilan, plutôt qu’une évaluation des ministres. Une déviation qui va à l’encontre de la promesse faite par Pinochet de circonscrire la carence du gouvernement dans l’accomplissement du programme quinquennal du gouvernement.
Dans la coordination des actions de l’équipe gouvernementale, Pinochet avait adressé à chaque ministre une lettre de cadrage individualisée dans laquelle il leur demandait l’établissement d’un programme et d’un agenda de travail. Un agenda trimestriel qui devrait être évalué à la tâche avec à la clé des encouragements et des sanctions. Mais, force est de reconnaître aujourd’hui que cette véritable évaluation qui allait déboucher sur la sanction des ministres peu performants n’a jamais été faite.
Les principales réalisations du gouvernement pendant le 1er trimestre 2006 qui viennent d’être publiées par la Primature ne dérogent pas à la pratique instaurée par l’actuelle équipe gouvernementale. Mieux, ce document sonne le glas de l’évaluation gouvernementale car contrairement aux précédents rapports qu’on intitulait « présentation du rapport sur l’évaluation au titre de tel ministre….« , celui du 1er trimestre 2006 s’intitule « principales réalisations du gouvernement pendant le 1er trimestre 2006« . Ce document constitue un fourre-tout, sans pourcentage quelconque. Il s’agit simplement d’une énumération des réalisations faites dans les domaines du secteur agricole y compris la sécurité alimentaire ; les infrastructures ; la macro-économie et autres politiques économiques sectorielles ; l’éducation, formation et emploi ; la culture, jeunesse et sports ; la santé, solidarité, développement social, femme, enfance et famille ; la gouvernance.
Les grands dossiers
Des résultats certes appréciables sont perceptibles. Mais ces résultats ne permettent pas cependant de savoir ce qui n’a pas été fait et pourquoi, conformément à la lettre de cadrage. Ce silence signifie-t-il que Pinochet et ses ministres ont quelque chose à cacher au peuple Malien ? Ce peuple a le droit de tout savoir aujourd’hui car avec l’arrivée de cette présente équipe gouvernementale, les maliens s’attendaient à une amélioration de leurs conditions de vie, à l’amorce d’un décollage économique et à la mise en place d’une administration performante. Faut-il aussi rappeler que la lutte contre l’insécurité, le chômage, la relecture des textes fondamentaux de la République étaient, entre autres, les grands dossiers qui attendaient Pinochet et qui sont tous contenus dans le programme du gouvernement du candidat ATT. Le fait de se taire sur les obstacles rencontrés dans la réalisation de ces domaines inquiète. Aussi, l’actuelle équipe gouvernementale est-elle capable de réaliser encore le programme de développement proposé aux Maliens par Amadou Toumani Touré « Mon ambition pour le Mali ». A moins d’une année de la fin du 1er mandat de l’actuel locataire de Koulouba, l’attitude de l’équipe gouvernementale dirigée par Ousmane Issoufi Maïga est plus que frustrante. Cette farce de l’évaluation gouvernementale peut-elle encore continuer ?
Birama Fall
18 avril 2006