Personne ne saurait donner des justifications à ce qui s’est passé au Stade du 26 mars et en dehors. Certes, le public avait de sérieux motifs de déception, mais de là à casser et à menacer l’intégrité physique des personnes, il y avait un pas à ne pas franchir. Mais certaines personnes stupides ne l’ont pas compris. Par leurs actes, ils ont causé des dégâts importants, dont il faut évaluer le coût. Quant au préjudice moral, nul ne peut, pour l’instant, en mesurer l’ampleur. L’image du pays a pris un sacré coup. Et, il faut certainement s’attendre à des sanctions sportives et pécuniaires de la part des instances comme la Fifa.
Que dire des «dégâts» psychologiques causés à l’intérieur même de la sélection nationale ? Plusieurs joueurs de notre équipe nationale n’ont connu le pays qu’à travers cette sélection, ils ont opté pour les couleurs nationales plus par patriotisme que pour d’autres considérations. Tel est le cas de Frédéric Oumar Kanouté.
Dimanche, ces jeunes ont eu une autre image de leur pays d’origine par le comportement inqualifiable d’une bande de voyous. Car il ne s’agissait que de gens malintentionnés et qui n’avaient d’autres intentions que de profiter du sport.
Malheureusement, toute la nuit de dimanche, ces bandes d’excités ont régné sur la ville. Ils étaient maîtres des rues. D’où des interrogations sur l’absence des forces de l’ordre. Où étaient-elles ces forces ? Pourquoi ne sont-elles pas intervenu pour rétablir l’ordre. Elles dont la mission première est d’assurer justement la sécurité des personnes et de leurs biens. Aussi bien la police, la gendarmerie et la garde nationale, toutes ces forces disposent pourtant de compagnies de maintien d’ordre. Mais, le dimanche nuit, la capitale était livrée à elle-même. A tout moment, le pire pouvait se produire. «Heureusement. Nous avons un pays béni !» se contenta de nous lancer un sexagénaire.
Un pays béni, oui. Mais aussi et surtout un pays où le mal s’enracine de jour en jour. Un pays où des gens peuvent se lever et casser les biens sans être inquiétés. Combien de fois, des feux tricolores ont-ils été cassés à Bamako ? Combien de fois des édifices publics ont-ils été cassés ? Des biens privés pillés, emportés ou saccagés ?
Mais à chaque fois, les actions judiciaires entamées, pour punir les auteurs se sont achevées en queue de poisson. Un pays béni ! Mais aussi un pays laxiste. Un pays dans lequel certains ont le don de détruire et non de construire.
Et maintenant ? La question est à deux niveaux. Pour l’équipe nationale, il faudrait encore du temps pour cicatriser les plaies de ce Mali-Togo.
Faut-il cependant craindre une démobilisation générale. En dépit des contre-performances actuelles, nous disposons de talents et des individualités qui peuvent, dans l’avenir, nous hisser au premier plan continental.
Et maintenant ? La question est également valable pour tous ces vandales pris en flagrant délit de vol et/ou de pillage. Ces malfrats devront répondre de leurs actes devant la justice. En effet, l’Etat se doit d’être ferme et il doit surtout rompre définitivement avec cette complaisance maladive en vigueur envers les casseurs. Ceux-ci doivent être punis avec la dernière rigueur, afin que certains puissent comprendre que dans notre pays, on ne peut indéfiniment et impunément détruire des biens publics et privés.
C.H Sylla
30 Mars 2005