De mémoire de Malien, c’est la première fois depuis la démilitarisation de la police en 1992 qui a vu naître le SPN, premier syndicat de la police nationale affilié à la centrale syndicale UNTM, que des agents de police prennent l’initiative de marcher. Deux faits qui se sont passés au courant de la semaine sont à l’origine de la montée d’adrénaline dans leurs rangs. Le premier est l’interdiction opposée par la direction générale de la police nationale, le mardi dernier au siège du SPN au GMS, de la conférence de presse organisée par le même syndicat.
Le lendemain mercredi, deux huissiers mandatés par la direction ont débarqué dans la cour du GMS pour défoncer les portes du bureau syndical au motif que le SPN devait déguerpir sous huitaine. Les pressions et chantages exercés sur les militants du SPN à travers l’arme de la mutation seraient des raisons supplémentaires de la marche.
Trois cents policiers (d’aucuns parlent même d’un millier d’agents) de Bamako, Kati et Koulikoro étaient mobilisés derrière leur secrétaire général, Tidiani Coulibaly vendredi dernier en direction de leur ministère de tutelle. Une marche décidée spontanément à la suite d’une assemblée générale, organisée très tôt le matin.
Les vérités du ministre
Les syndicalistes reçus par le ministre, le colonel Sadio Gassama, ont soumis principalement trois doléances : le respect de la liberté syndicale, conformément aux conventions du Bureau international du travail (BIT), la neutralité de l’administration dans les affaires syndicales et la protection des fonctionnaires de police dans l’exercice de leurs fonctions.
Comme pour donner raison aux marcheurs, le colonel Gassama a tout d’abord indiqué que la liberté syndicale est garantie par la Constitution de notre pays et qu’en aucune façon l’administration ne doit s’immiscer dans la vie syndicale. Il s’est en outre proposé de trouver une solution définitive aux agressions subies par les policiers dont le dernier cas en date reste l’attaque par des élèves gendarmes des commissariats de Niamakoro et de Faladié. Sur ce cas précis, il attend incessamment le rapport de la commission d’enquête.
Dans le souci d’apaiser la tension, une rencontre était prévue au courant du week-end entre le ministre, la direction de la police et le bureau du SPN.
Abdrahamane Dick
Deux agents de la SE échappent au lynchage
Deux agents de la Sécurité d’Etat (SE) avaient infiltré les rangs des marcheurs réunis au préalable en assemblée générale en leur siège au GMS. Il s’agit d’un policier et d’un gendarme. Comme les loups se connaissent entre eux, les deux « intrus » ont été identifiés par leurs collègues qui ont manqué de peu de les lyncher. Il a fallu l’intervention déterminée de Tidiani Coulibaly pour les sauver in extremis. Le policier a été invité à prendre place à côté du secrétaire général à la tribune. Le gendarme a été pour sa part conduit sous bonne garde dans le véhicule d’un membre du bureau du SPN au Camp I de la gendarmerie. Mais sa moto a été endommagée.
A. D.
12 juin 2006