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Le débat sur l’approche genre est loin d’être clos. Les questions du genre sont multisectorielles, multidimensionnelles et nécessitent une approche intégrée.

Si au départ certains hommes étaient réticents à toutes idées d’égalité, aujourd’hui ils apprennent à être moins macho. Au lieu d’égalité, ils prônent plutôt un partenariat.

« Pour moi, il n’y a jamais été question d’égalité entre l’homme et la femme, mais plutôt de partenariat et de complémentarité entre les deux. Je crois que les hommes sont d’accord avec le principe, mais pas avec les termes d’équité ou d’égalité. On tend vers ce partenariat qui est plus approprié », explique M. Traoré, professeur de sociologie, marié et père de six enfants.

Ce débat sur les concepts est pour la direction nationale de la population une mauvaise compréhension de l’esprit genre. La recherche des relations égalitaires signifie, dans le contexte malien, la promotion de la femme, de l’enfant, de la famille, des personnes âgées et l’implication des hommes dans ce processus.

Selon une étude menée par le Groupe Pivot droit et citoyenneté, il existe des inégalités entre homme/femme dans plusieurs domaines. Ceci est du surtout à certaines contraintes sociales qui relèguent la femme au 2e rang de la société.

Dans le domaine de l’éducation, le taux brut de scolarisation est seulement de 56,4 %, chez les filles alors qu’il est de 77,9 %, chez les garçons, 15,9 % de femmes sont alphabétisées contre 32,7 % d’hommes.

« Tant qu’on ne lutte pas contre ces inégalités et considérer la femme comme un être à part entière en laissant les préjugés sociaux, je vous assure qu’il n’y aura pas de développement. D’ailleurs, ne dit-on pas qu’une femme instruite est une famille instruite. Et une famille instruite est un village, voire un pays instruit », lance Mme Rachelle Dembélé, secrétaire de direction.

Aujourd’hui, de nombreuses femmes n’ont pas accès aux services de santé.
Le taux de mortalité maternelle est de 582 décès pour cent mille naissances vivantes, 6 % de femmes seulement utilisent la contraception moderne et le taux de prévalence des IST et du VIH/Sida chez les femmes était respectivement de 24,6 % et 2 % contre 6,5 % et 1,3 % chez les hommes en 2001.

Le bout du tunnel ?

Dans le domaine de la vie publique, le Mali dispose d’une composante féminine dynamique qui se bat pour relever les défis de l’accès des femmes aux emplois salariés, à une forte représentativité dans le secteur informel et à une forte insertion sociale et économique des jeunes et des personnes âgées à la vie de la cité, etc.

Au Mali, seulement 2,3 % des femmes sont salariées alors que ce taux est de 11,7 % chez les hommes et 5 femmes ministres sur 27 au total en 2004.

« Je crois que nos dirigeants sont en train de comprendre que la femme joue un rôle primordial dans la construction de la société. L’éducation, la santé des enfants, tout passe par les femmes.

C’est à nous de nous battre pour arracher cette équité en nous impliquant fortement dans la vie publique. Fini le temps de gardiens de la maison et d’attendre tout de son mari », dira Mme Konté Aminata Diarra enseignante.

Pour beaucoup d’hommes, la complémentarité homme/femme ne peut aller sans une participation accrue des femmes dans la prise en charge des dépenses familiales.

« Je suis d’accord pour cette équité, à condition que ma femme m’épaule dans le foyer en contribuant », explique Boubou, chauffeur de son état.

Pour diminuer les disparités et établir des relations égalitaires, il faut renforcer l’alphabétisation de la femme, la scolarisation de la petite fille, poursuivre la sensibilisation sur les droits humains, adopter le code de la famille.

Un accent doit être mis sur la promotion des jeunes et des personnes âgées et le renforcement de la représentation des femmes dans les instances de décision.

Avec la volonté politique affirmée du gouvernement qui a fait de la promotion de la femme, de l’enfant, des jeunes et des personnes âgées l’une des pierres angulaires du développement économique et social en créant un ministère des Femmes, les défis ne sont pas loin d’être atteints.

Il s’agit de renforcer le système de protection sociale à toutes les personnes âgées, élaborer, adopter et mettre en œuvre un plan d’action en faveur des personnes âgées.

Sidiki Y. Dembélé

28 juillet 2005