Pour limiter les impacts de la pollution et disposer d’un cadre de vie sain, le ministère de l’Environnement et de l’Assainissement a décidé de prendre le taureau par les cornes. Les mesures abordées à cet effet comprennent l’interdiction pure et simple des sachets plastiques et leur substitution par des modèles de sachets biodégradables qui seront rendus disponibles avant l’application de la loi dans toute sa rigueur.
Un projet de loi portant « interdiction de la production, de l’importation, de la détention, de la commercialisation et de l’utilisation de granulées et de sachets plastiques en République du Mali » a été élaboré par le département de l’Environnement et de l’assainissement et sera bientôt soumis à l’approbation du Conseil des ministres.
Cette mesure concernera les sachets plastiques (thermoplastiques régénérables en polyéthylène [PE] basse densité) utilisés dans l’emballage de l’eau, des denrées alimentaires ou tout autre produit.
Notre pays connaît un vrai problème de gestion des déchets plastiques et la pollution causée par ceux-ci est devenue un réel problème de salubrité publique. Avec l’introduction massive des sachets plastiques, les populations, particulièrement les ménagères n’utilisent presque plus les emballages à base de matériaux biodégradables facilement absorbés par les sols.
Les instruments comme les tasses, les calebasses, les paniers pour les achats de condiments, ne sont plus les bienvenus. Il est facilement constatable aujourd’hui dans les commerces que tous les produits et articles achetés sont emballés dans des sachets plastiques qui sont rejetés dans la nature après usage très souvent unique.
Chaque jour, ce sont les mêmes actes qui sont produits, favorisant ainsi une dispersion anarchique et excessive de ces déchets dans les rues, caniveaux, champs et sur les arbres. La situation représente un challenge pour le pays d’autant plus que les plastiques représentent 3 % du poids des déchets municipaux au Mali, selon les chiffres officiels.
Un problème de santé et de salubrité publiques
La récupération et le recyclage de ces déchets rencontrent des difficultés eu égard à l’insuffisance de technologie appropriée sur place. Les quelques opérations de ramassage de déchets plastiques initiées ainsi que les tentatives de valorisation demeurent infimes face à l’ampleur du phénomène. Les usines qui utilisent ces déchets comme matière premières sont rares. De source proche du ministère de l’Environnement et de l’Assainissement « sur les 17 089 tonnes de plastique produites ou importées, seulement 1 355 à 1 720 tonnes sont recyclées ».
Conséquences : pollution visuelle des sols en milieu urbain, dégradation des terres de culture en milieu rural. Le brûlage des sachets plastiques est une pratique qui engendre la production de polluants organiques persistants (dioxine et furanes) nocifs pour la santé et l’environnement. La consommation des sachets par les animaux domestiques constitue un véritable fléau actuellement pour l’élevage en terme de mortalité et de morbidité du cheptel. Chez les plantes vertes, ces déchets peuvent inhiber la photosynthèse.
Mesures envisagées
Le ministère de l’Environnement et de l’Assainissement est très avancé dans le processus d’élaboration de textes interdisant les sachets plastiques. Des mesures de substitution sont également envisagées, en ce qui concerne des modèles de sachets biodégradables qui seront disponibles.
Cette « interdiction de sachets plastiques et de granulées servant à leur fabrication repose sur les principes fondamentaux de protection de l’Environnement, notamment le principe de prévention qui consiste à limiter les impacts de pollution ou de nuisance », explique-t-on au ministère de l’Environnement et de l’Assainissement.
Le département de Tiémoko Sangaré a donc décidé de réagir par l’initiation d’une loi d’interdiction afin de lutter énergiquement contre ce fléau qui menace dangereusement notre cadre de vie. Ainsi le ministère malien s’inspire des exemples du Rwanda, du Kenya, de l’Erythrée, de l’Afrique du sud et du Gabon en Afrique et de la France et l’Irlande, en Europe qui ont procédé à la même interdiction.
B. Daou
06 Mai 2010.