L’Indépendant : Monsieur le ministre, le Mali s’apprête à accueillir du 3 au 4 décembre le 23ème Sommet Afrique-France. Sous quel signe placez-vous ce rendez-vous historique?
Moctar Ouane : Le sommet de Bamako est placé sous le thème de la jeunesse africaine. C’est donc sous le signe de l’espoir et du défi que nous plaçons cette conférence que nous entendons réussir pleinement.
L’Indép. : Cette rencontre a une particularité par rapport aux précédentes étant donné que le thème central porte sur la jeunesse. Qu’est ce qui explique ce regain d’intérêt pour les jeunes ?
M.O : Le choix du thème s’explique par la caractéristique essentielle qui est que plus de 42% de notre population a moins de 25 ans. Ceci est également vrai pour l’ensemble des pays du continent ; c’est donc un défi qui interpelle tous ces pays. Il est extrêmement important de le relever dans la mesure où la jeunesse constitue à la fois un atout et une préoccupation parce qu’une jeunesse désœuvrée, désappointée constitue une source de préoccupation essentielle. C’est pourquoi, sur proposition du Mali et après consultation, ce thème a été retenu par la co-organisatrice et soumis à l’ensemble des pays participants à la conférence qui l’ont donc accepté.
L’Indép. : La réunion préparatoire du sommet aura lieu le 1er décembre. Elle regroupera les différents ministres des Affaires Etrangères. Pouvons-nous avoir une idée de cette rencontre ?
M.O : La réunion du 1er décembre est une rencontre préparatoire au sommet comme vous l’avez si bien dit. Comme vous le savez les chefs d’Etat se réuniront les 3 et 4 décembre sur le thème de la conférence. Mais leurs débats seront précédés de cette réunion ministérielle. L’objectif de cette rencontre est de contribuer à la bonne préparation des discussions au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement. C’est ainsi que nous allons passer en revue le thème central ainsi qu’une vue complète de la problématique de la jeunesse.
L’Indép. : Les autorités maliennes, co-organisatrices avec la France du 23ème sommet, ont-elles joué leur partition pour la réussite du forum ?
M.O : Toutes les composantes, tous les segments du comité d’organisation de ce sommet ont pleinement joué leurs rôles.
C’est ainsi que cette structure s’est occupée de la préparation matérielle et logistique du sommet en même temps que le ministère des Affaires Etrangères prenait en charge la préparation politique et diplomatique de l’événement. Je pense qu’en cela, chaque partie a pleinement joué son rôle et une parfaite coordination a présidé donc à la préparation de ce forum entre nous-mêmes et le comité national d’organisation.
Au demeurant, ce sont exactement cent agents du ministère des Affaires Etrangères qui sont à la disposition du comité d’organisation, dans différentes commissions et comités. Ce qui fait que notre département était totalement mobilisé dans le cadre du bon fonctionnement de l’organisation.
L’Indép. : Les détracteurs du sommet Afrique-France l’assimilent à une rencontre à relent néocolonialiste dont la France seule tire les dividendes en terme d’amélioration de son image sur le plan international. Partagez-vous ce point de vue?
M.O : Les sommets Afrique-France sont un cadre de concertation entre la France et l’ensemble des pays africains qui y prennent part. En cela, je pense qu’il s’agit de faire en sorte que chaque participant y trouve son compte, la participation étant faite sur une base volontaire. C’est donc un cadre de concertation informel. Le choix des thèmes débattus lors de ces assises permet aux uns et aux autres de se sentir concernés. Il y a un thème central, d’autres questions peuvent également être soulevées par les pays participants.
Je ne pense donc pas que les sommets Afrique-France soient organisés pour tenir compte des seules préoccupations de tels ou tels autres pays.
Que non. Il s’agit encore une fois de faire en sorte que tous les pays participants y trouvent leur compte. C’est pourquoi, la concertation préside au choix des questions qui seront débattues.
Il n’y a pas lieu de considérer ces rencontres comme ayant quelques relents passéistes ou autres.
L’Indép. : Mais, qu’est-ce que la jeunesse africaine peut attendre de la rencontre de Bamako ?
M.O : Elle peut attendre beaucoup de cette rencontre. D’abord, les grandes questions relatives à la problématique de la jeunesse seront examinées de manière approfondie. Cela a déjà fait l’objet de discussions au niveau d’un forum où les jeunes se sont réunis le 8 novembre dernier.
Ils étaient venus de tous les coins du continent pour dire exactement quelles sont les difficultés auxquelles, ils sont confrontés, qu’est-ce qui les intéresse ? Qu’est-ce qui les interpelle, qu’est-ce qu’ils aimeraient porter à l’attention des dirigeants de leurs pays?
Cela a fait l’objet d’une adresse, consignée dans un document qui sera présenté par leur porte-parole au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement. Ils réagiront à ce message sur la forme qu’ils jugeront appropriée. Celles-ci se résument en terme d’éducation, d’emploi, d’insertion, d’immigration, d’environnement socio sanitaire.
A toutes ces questions, il y’aura des pistes de solutions qui seront envisagées par les chefs d’Etat et de gouvernement. Il ne s’agit pas, compte tenu du format du sommet, de penser que cette réunion va aboutir à l’adoption de solutions toutes faites, comme d’un coup de baguette magique, résoudre tous les problèmes posés. Ce n’est pas cela. Le langage de vérité impose que ce ne soit pas l’objectif ni la finalité du sommet Afrique-France, en l’occurrence de la rencontre de Bamako.
Ce dont il s’agit, c’est de se saisir d’un problème majeur qui est celui de la jeunesse et de voir dans quelle mesure des contributions utiles peuvent être faites afin que des solutions soient trouvées à cette problématique. C’est ce qui sous-tendait la proposition du thème. Je suis certain que les conclusions du sommet de Bamako seront à la hauteur des attentes.
L’Indép. : Enfin, Monsieur le ministre, est-ce que le Mali est fin prêt à jour « J » moins deux pour accueillir ce grand rendez-vous de l’année ?
M.O : Je pense que le Mali est prêt. Vous n’êtes pas sans savoir que les deux bâtiments, notamment la salle polyvalente de la presse et celle devant abriter la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement ont été réceptionnés, en même temps que tout le matériel.
L’ensemble de la communauté internationale a été témoin de la qualité des travaux qui ont été effectués. Je pense que du point de vue de la préparation politique et diplomatique, les choses se sont également très bien passées.
La concertation a été étroite entre co-organisateurs, c’est-à-dire nous-mêmes et la France. Elle a été régulière entre les deux ministères des Affaires Etrangère et les hautes autorités des deux pays.
Je pense qu’aujourd’hui, on peut considérer que tout est fin prêt à la fois sur le plan logistique, intellectuel et institutionnel.
Chahana TAKIOU
30 novembre 2005.