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Pace à cette attitude jugée peu honorable, le bureau de la Section syndicale de la police nationale, a estimé que l’ingérence, voire la provocation de l’administration policière a dépassé les bornes. C’est ainsi que, suite à leur réunion d’hier matin avec les secrétaires généraux des comités de Bamako et de Kati, la SPN a décidé «d’appeler ses militants à une grande assemblée générale d’informations et de protestation ce matin dans l’enceinte du Groupement mobile de sécurité (GMS)».

Au terme de cette assemblée générale, un mémorandum sera transmis au ministre de la Sécurité Intérieure et de la protection civile sur les cas de violation de la liberté syndicale au sein de la police. Cette décision du bureau syndical est consécutive à la récente crispation des relations entre la SPN et l’administration de la police à travers le commandement du GMS. Celui-ci avait apposé un niet catégorique à la tenue d’une conférence de presse de ce syndicat, le mardi 6 juin, à son siège.

En effet, quelques jours avant cette conférence, le commandant par intérim du GMS avait donné un ultimatum de huit jours au bureau dirigé par Tidiani Coulibaly de vider le siège. Car la Direction avait donné un nouveau siège aux syndicats à l’Hippodrome. En réaction, le secrétaire général et ses camarades soutiennent mordicus que le siège actuel de leur syndicat n’est pas un patrimoine de la police, encore moins du GMS. Selon eux, c’est un local qui a été construit par un particulier et mis à la disposition du syndicat de la police il y a de cela plusieurs années. « Certes, la convention n°87 du BIT, reprise par le Code du travail du Mali, stipule que l’administration doit donner un siège au syndicat, mais dès lors que celui-ci a un patrimoine et décide d’y rester, rien ne doit l’obliger à s’en aller. Quand ce bâtiment fut remis au syndicat, mois je n’en étais même pas membre à l’époque », affirme avec force le secrétaire général.

Mécontent de ce qu’il considère comme un refus d’obtempérer du syndicat, le commandant par intérim du GMS, le Contrôleur de police, Moussa Camara, après avoir fait effacer les écriteaux sur la plaque au fronton du siège, a commis deux huissiers pour défoncer la porte du siège, le mercredi dernier, dans l’après-midi.

Même si, par la suite, il a mis un terme à leur opération, sans pourtant ouvrir les portes des trois bureaux qui s’y trouvent, le Commandant n’y installa pas moins un dispositif pour empêcher l’accès des lieux aux syndicalistes. En fait, expliquera Tidiani Coulibaly, le conflit qui oppose son bureau à l’administration policière est loin d’être une simple question de siège. « Depuis 1999, certains hauts cadres de la police se sont jurés d’en découdre avec la SPN pour des raisons qu’eux seuls connaissent », dit-il.

C’est ainsi que se créeront trois autres syndicats au sein de la police. Il s’agit des syndicats des commissaires, des inspecteurs et des sous-officiers. Or, à tous ces niveaux, la SPN se prévaut de militants qui continuent de lui faire confiance malgré la mise en place d’un intersyndical de la police par ces trois syndicats, depuis le 17 mai dernier, au cours de l’assemblée générale de protestation contre les attaques des commissariats par certains gendarmes.

En plus de l’affaire de siège, les militants de la SPN se disent aujourd’hui victimes d’acharnements, de harcèlements de la part des leurs chefs. Bon nombre d’entre eux s’attendent à des mutations arbitraires lors de la prochaine opération de mutation prévue pour les mois de juillet-août. Face à ces craintes, Tidiani Coulibaly et ses camarades, dans leur mémorandum, interpellent le ministre : « Nous ne cherchons pas une faveur au ministre mais nous voulons qu’il fasse respecter la liberté syndicale et l’équité entre tous les syndicats au sein de notre corporation. Depuis son arrivée au département, il a tout fait pour garder l’équidistance entre les différents syndicats. Malheureusement, la Direction Générale de la Police ne fait pas autant ».

Youssouf CAMARA

09 juin 2006.