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Les Aigles du Mali s’éloignent petit à petit de la première place du groupe 9, donc de la qualification pour la Coupe d’Afrique des nations de foot « Ghana-2008 ». Ils ne sont plus forcément les seuls maîtres de leur destin. Et le mauvais coaching de Jean-François Jodar y est pour beaucoup.

Mauvaise affaire ! Le nul de dimanche dernier au Stade de l’Amitié de Cotonou est même une très mauvaise affaire pour les Aigles du Mali. En effet, ce résultat éloigne les protégés de Jean-François Jodar de la première place de notre poule qualificative pour les Can « Ghana-2008 ».

Après quatre journées de compétition, les Aigles ont maintenant trois points de retard sur les Eperviers du Togo victorieux (1-0) à Freetown de la Sierra Leone. Une victoire d’ailleurs endeuillée par un accident d’hélicoptère qui a coûté la vie au ministre togolais des Sports et à une vingtaine de supporters.

Ce retard sera difficile à refaire. Il ne suffit plus en effet de gagner contre la Sierra Leone à Bamako le 17 juin prochain.

Il faudra aussi espérer que le Togo perd à Cotonou. Ce qui permettra à notre équipe nationale de rejoindre les Eperviers en tête du groupe 9 de ces éliminatoires. Et même là, le scénario n’est pas à notre avantage puisqu’il faudra dans ce cas aussi monter une opération commando pour aller arracher trois points aux Togolais chez eux pour se qualifier. Mathématiquement, la qualification est compromise pour Djilla et ses coéquipiers. Les Aigles ne sont plus forcément les seuls maîtres de leur destin.

Malgré les talents réunis au sein de notre sélection nationale, le Mali ne parvient plus à honorer son rang dans le gotha du football africain. Ces éliminatoires n’ont été, jusque-là que des rendez-vous manqués par les Aigles. A notre actif, une seule victoire en quatre rencontres. Un bilan loin d’être satisfaisant compte tenu de la classe de nos joueurs qui font aujourd’hui la pluie et le beau temps dans les plus grands clubs européens.

Contre le Bénin, nous n’avons pris que deux points sur six possibles. Parce qu’il ne faut pas se voiler la face, cette équipe béninoise est prenable. Seulement, elle a eu affaire à une sélection nationale sans âme aussi bien à Bamako (le 25 mars 2007) qu’à Cotonou dimanche dernier.

La préparation sacrifiée

La qualité individuelle des joueurs n’étant pas en cause, c’est le collectif qui est alors défaillant. Ce qui pose un problème de préparation et de coaching. Les matches amicaux ont tendance à disparaître du programme de préparation des Aigles. Du 25 mars au 3 juin 2007, les Aigles (même les locaux) n’ont fait aucun regroupement ou disputé un quelconque match amical. Cela se ressent dans leur prestation qui manque cruellement de cohésion, facteur d’efficacité dans les différents secteurs du jeu.

Lors des dernières rencontres, les Aigles n’ont pas souvent mieux joué qu’une équipe de quartier car la plupart de nos « stars » sont méconnaissables sous le maillot national. Et l’entraîneur a le complexe de les remplacer lorsqu’elles ne tournent pas. A Bamako, c’est un Kanouté diminué par une crise soudaine de dysenterie qu’il a laissé évoluer pendant au moins une heure de jeu.

A Cotonou, c’est un Djilla émoussé qu’il a laissé sur le terrain au détriment de Bassala Touré qui s’était retrouvé et dont les pénétrations en force commençaient à créer des failles dans la défense adverse. D’ailleurs, la sortie de Kokè a permis aux Béninois de se défaire de la pression offensive des Aigles et de créer le danger dans notre camp.

Comme le disait un confrère de L’Essor, « les nôtres peuvent s’estimer heureux de revenir avec ce match nul et vierge. Par chance, la domination béninoise en fin de match fut sans conséquences ». Il est incontestable que les Ecureuils ont eu la tâche facilitée par le coaching malheureux de Jean-François Jodar dont les remplacements n’ont pas été du tout judicieux.

« Si le Mali ne se qualifie pas, je démissionne », avait-il lancé à la face des confrères lors d’une de ses conférences de presse. Mais, en quoi une telle démission peut-elle servir le Mali si les carottes sont déjà cuites pour les Aigles ?

De toutes les manières, lui n’a rien à perdre parce qu’il aurait déjà encaissé son salaire et ses primes. Ce sera aux Maliens de faire le deuil de leurs ambitions sportives. Lui et les autorités du pays n’ont pas mesuré ce jour, la portée de cette déclaration de Jodar, sinon il aurait été sage de le démettre de ses fonctions dès cet instant-là.

Les carottes n’étant pas encore totalement cuites, il est temps que chacun prenne ses responsabilités, toutes ses responsabilités.

Moussa Bolly

Ils ont dit

Jean-François Jodar (entraîneur des Aigles) :
Ce nul s’explique par le fait que nous avons eu des occasions sans pouvoir les concrétiser. Il y a eu beaucoup de déchets dans notre jeu. Et en attaque, les joueurs ont péché soit par maladresse ou par précipitation. A nous de mettre maintenant les bouchées doubles pour gagner le prochain match contre la Sierra Leone car nous n’avons plus droit à l’erreur”.

Waby Gomez (entraîneur des Ecureuils) :

Je félicite l’adversaire qui a été bon. Seulement, il lui a manqué un tout petit peu de chance, surtout en seconde période. Je félicite les jeunes pour leur prestation. Ce nul nous permet de croire encore en nos chances de qualification. Au départ, les Maliens nous ont posé des problèmes, notamment en défense. Nous nous sommes repris par la suite et nous avons même réussi à nous imposer au milieu puis en attaque… A présent, nous pensons au prochain adversaire, le Togo, et nous jouerons comme on l’a fait ce soir. La qualification est encore longue et il faut s’y prendre à temps”.

Propos recueillis, à Cotonou, par
Boubacar Diakité Sarr

Dans les coulisses

La presse étrangère indésirable

Les journalistes maliens ont travaillé dans les conditions extrêmement difficiles à Cotonou. Les Béninois avaient tout mis en œuvre pour que la presse malienne ne puisse pas suivre la rencontre. Les photographes ont été empêchés d’accéder à la main-courante pour faire leur travail comme d’habitude. Ils étaient obligés de rester dans les tribunes pour prendre des images. Les autres reporters ont été pris à partie par les supporters qui avaient pris leurs places dans les tribunes et qui refusaient de les céder.

Formidables supporters des Aigles

Pour supporter les Aigles, les Maliens avaient massivement fait le déplacement de Bamako, d’Accra, de Ouaga, d’Abidjan, de Lomé, de Cotonou, etc. Ainsi, environ 5000 supporters maliens avaient pris d’assaut la capitale béninoise pour soutenir leur équipe nationale. Plus de dix cars s’étaient donné rendez-vous à Cotonou. Côté officiel, on n’était pas resté en marge de cette grande mobilisation. De l’ambassadeur du Mali à Accra en passant par le vice-président de l’Assemblée nationale (Assarid Ag Imbarcaouane), du directeur national des sports, au président de Malifoot, sans oublier le représentant du Comité national olympique et sportif du Mali (Cnosm)… un beau monde avait fait le déplacement pour soutenir les Aigles. Il faut souligner que le Cnosm avait mis un car à la disposition de la presse nationale pour couvrir cette rencontre.

Des spectateurs peu ordinaires

L’attaquant des Eperviers du Togo, Adebayor Sheyi, et le défenseur Nibombé Daré ont été aperçus dans les tribunes du Stade de l’Amitié de Cotonou dimanche lors du matche Bénin-Mali. Au même moment, leurs coéquipiers évoluaient à Freetown contre la Sierra Leone. Ils se sont imposés par 1-0. Certainement que les deux Eperviers étaient partis espionner les Ecureuils en vue du match Bénin-Togo qui aura lieu dans deux semaines à Cotonou.

La bouteille de Maha

La bouteille d’eau de Mahamadou Sidibé, gardien de but des Aigles, a été emportée par un jeune ramasseur de balle à l’instigation d’un responsable des Ecureuils juste après la mi-temps. Nos adversaires pensaient que c’était un gris-gris. Malheureusement, pour eux, c’était une bouteille… vide abandonnée par le portier des Aigles.

Rassemblés par
Boubacar Diakité Sarr
(envoyé spécial)

05 juin 2007.