Les autorités sud-africaines ont tenu, par ce geste, à témoigner de l’engagement constant et irréductible du Mali aux côtés de l’African National Congress (ANC) dans la lutte sans merci que cette organisation a conduite, plusieurs décennies durant, contre l’odieux système de l’apartheid qui offrait tout au Blanc sud-africain tandis que le Noir était ravalé au rang de sous-homme, taillable et corvéable à souhait.
Modibo Kéïta fut parmi les tout premiers leaders africains à tendre une main fraternelle et solidaire à Nelson Mandela- qui lui a rendu visite en 1961 à Bamako- et à ses compagnons de lutte.
Sous son leadership, la diplomatie malienne, très influente à l’époque, sera de toutes les initiatives tant à l’OUA, au Mouvement des Non Alignés qu’aux Nations Unies pour accélérer la fin de l’inique politique de « développement séparé » et promouvoir un Etat qui restaure à l’homme sud-africain sa liberté et sa dignité.
Bien inspiré, le N°1 sud africain reconnaît à travers ce geste hautement significatif, le rôle combien noble que le Mali a joué pour la libération de l’Afrique du Sud du Joug de l’apartheid.
Au temps de Modibo Keita, malgré ses modestes moyens le Mali a soutenu financièrement et militairement l’ANC. Aussi, était-il de toutes les luttes contre la ségrégation raciale.
Le droit à la citoyenneté, un homme, une voix, égalité entre noirs et blancs sont entre autres combats auxquels le Mali progressiste a vaillamment participé.
Même le régime qui a succédé à celui de Modibo Kéïta a su maintenir cette flamme à travers la constance de la ligne diplomatique. Des biennales entières étaient consacrées au système inhumain de l’apartheid, décrié à travers des pièces de théâtre, des chansons et même des pas de danses.
C’est pourquoi, le président Mandela, élu président en 1994 a visité le Mali un an après, en reconnaissance à tout ce que le Mali a fait pour l’ANC.
Il s’était adressé à l’Assemblée nationale où il a rappelé que jeune avocat qu’il était en 1961, il a rencontré Madéra Kéïta à Bamako. Il avait aussi reconnu le soutien constant du Mali aux nobles idéaux que l’ANC défendaient et continue encore de défendre.
Le successeur de Mandela qui a voulu également reconnaître à sa manière, l’engagement du Mali auprès de l’ANC a jugé utile de décorer à titre posthume feu Modibo Kéïta. C’est un honneur pour tout le Mali. Pas seulement pour l’US-RDA ou la famille de feu Modibo Kéïta.
Chahana TAKIOU
19 avril 2006.
