En prélude à la tenue, les 23 et 24 juin 2006, à Ségou, des 4è journées paysannes, L’Indépendant s’est entretenu avec le Président de l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture du Mali.
Au cours de cet entretien, le premier responsable de l’APCAM a tenu, tout d’abord, à nous expliquer l’importance de ces journées. Des journées qui sont considérées, en quelque sorte, comme les Etats Généraux du monde rural.
Ces journées offrent aux paysans l’occasion d’échanger avec les autorités autour de leurs préoccupations de tous les jours, notamment avec le président de la République qui a toujours soutenu que le secteur agricole constitue la rampe de lancement d’une nation. Les journées paysannes permettent, d’autre part, aux paysans de parler le même langage pour mieux développer leurs activités.
Après ce rappel, le Président de l’APCAM a confié que les doléances posées par les paysans à Koutiala, Kita et Mopti, s’agissant de la dotation des producteurs, d’une façon générale, en matériel adéquat de travail, et de la disponibilité dans les zones de productions des intrants agricoles ont été satisfaites à plus de 75%.
A la date du 20 juin 2006, selon Bakari Togola, les intrants coton (engrais) sont disponibles à 100% dans toutes les régions CMDT du Mali. Pour les intrants céréales, ils sont disponibles aujourd’hui à 75 voire 80% dans tous les centres agricoles du pays.
Aujourd’hui, on peut dire que la dotation des producteurs en matériel agricole est chose faite. Depuis que la promesse a été faite à Kita et Mopti par le président de la République, Amadou Toumani Touré, le gouvernement du Mali a consenti d’énormes efforts pour satisfaire les paysans partout où ils se trouvent sur le territoire national. En effet, grâce aux différents accords de coopération signés entre le gouvernement et les partenaires au développement, les paysans sont sur le point d’être dotés de tracteurs de 75 et de 50 CV.
Suite à l’accord signé avec la Chine, un constructeur chinois est venu installer un atelier de montage de tracteurs à Sikasso en amenant avec lui les 150 premiers tracteurs déjà montés. Il faut préciser que l’installation de l’atelier de montage de notre ami chinois est en cours. Ce qui a permis aux autorités maliennes de bénéficier, à la date de ce 20 juin 2006, de 300 tracteurs, au nombre desquels ; 150 sont déjà montés.
Bakari Togola a déclaré que ces tracteurs seront présentés aux paysans lors des prochaines journées paysannes de Ségou, les 23 et 24 juin 2006. Il a, par ailleurs, déclaré que le gouvernement prévoit l’installation, dans un futur proche, d’une usine de montage de matériel agricole à Samanko.
Il ne suffit pas, selon le président de l’APCAM, de disposer de matériel agricole, voire des intrants agricoles, pour mieux produire.
La bonne production dépend aussi de l’eau. Dès lors, il faut se donner les moyens d’obtenir le précieux liquide toute l’année
A ce jour, des actions sont déjà entreprises par les autorités de concert avec l’APCAM, pour créer, après études, des retenues d’eau dans certaines zones de production agricole.
Bakari Togola d’ajouter qu’au cours d’une de ses tournées récemment à l’intérieur du pays, il a lui-même vu que beaucoup a été fait dans la création des retenues d’eau.
Actuellement, il en existe à Gao, Tombouctou, Ourikila, dans le cercle de Yorosso, à Manantali dans la région de Kayes et à Niono à l’intérieur de la zone Office riz. Ces retenues joueront, à n’en pas douter, un double rôle. Les paysans pourront alimenter leurs champs et les éleveurs abreuver leurs animaux sans trop de difficultés.
A Ségou il sera question de débattre, des meilleurs voies et moyens d’avoir des semences de qualité qui est aujourd’hui l’un des gros problèmes auxquels la production agricole, est confrontée.
Zhao BAMBA / Correspondant régional
La recherche agricole ne doit plus être académique
A quelques jours de la 4e édition des journées paysannes, le président de la commission des utilisateurs des résultats de la recherche de la région de Ségou, Bréhima Traoré pense que la recherche doit cesser d’être académique pour être axée sur les préoccupations réelles des paysans.
La semaine dernière a été mise à profit par les paysans utilisateurs des résultats de la recherche et les chercheurs pour réflechir sur la problémati de la recherche agricole.
Pilier important dans toute agriculture, la recherche permet de doter les différents secteurs du monde rural en semences et races animales plus rentables. Pour rapprocher la recherche des paysans et faciliter la vulgarisation des résultats, des commissions régionales des utilisateurs des résultats de la recherche agronomique ont été créées en 1994.
Ces commission visent également à impliquer les paysans dans le processus de la recherche, faire en sorte que les chercheurs puissent apprécier ce que font les utilisateurs de ces résultats.
Ces deux actions combinées ont pour but de faire en sorte que la recherche ne soit plus académique mais basée sur les préoccupations des paysans.
Aujourd’hui, la recherche connaît des difficultés dont les principales sont la rareté des financements et la non vulgarisation des variétés mises au point par les chercheurs.
Pour Bréhima Traoré, l’attente des paysans est que ces journées soient plus prolifiques que les trois précédentes qui avaient eu lieu à Koutiala, Mopti et Kita, en débouchant sur des solutions concrètes.
Youssouf CAMARA
21 juin 2006