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Après le report d’une multitude de dates des élections dans le pays, les Ivoiriens doivent encore s’armer de patience, avant de se rendre aux urnes. La période allant de la fin Avril à début Mai, encore proposée par la dernière réunion du Cadre Permanent de Concertation (CPC), tenue à Abidjan, n’est malheureusement pas une date immuable. La preuve, il se murmure dans certains Etats Majors politiques que des démarches souterraines sont en cours, dans le but de reporter les élections jusqu’au 30 Octobre 2010 prochain.

Ces informations se confirment par la récente déclaration de Porquet Désiré, Directeur de Campagne de Laurent Gbagbo dans la commune du Plateau, en ces termes : « le Camp Présidentiel n’ira pas aux élections tant que des éléments détiendraient illégalement des armes sur le territoire National ».

Selon l’opposition, toutes ces manœuvres et agitations du Camp Présidentiel visent à repousser, aussi loin que possible, les élections dans le but d’organiser d’abord les festivités du cinquantenaire de la Côte d’Ivoire.

En effet, le 7 Août prochain, le Pays d’Houphouët Boigny, à l’instar de plusieurs autres Etats d’Afrique Francophone en 2010, compte fêter avec faste son cinquantenaire. Pour réussir son pari, Pierre Kipré, Président du Comité National d’organisation, aura besoin de la bagatelle de 20 milliards CFA.

Somme qui reste encore à boucler, selon certaines indiscrétions. De sources proches du Comité National, l’Etat Ivoirien, confronté en ce moment à plusieurs difficultés comme le délestage, aurait décidé de n’octroyer que 20% de ce budget.

Le Camp Présidentiel qui compte engranger les dividendes de ce grand événement veut organiser ce cinquantenaire avant de se décider à mettre le fauteuil présidentiel en compétition. De sources dignes de foi, des émissaires du FPI auraient déjà pris le chemin de la négociation silencieuse auprès de certains États Majors politiques pour obtenir leur accord en vue de reporter les élections à la date du 30 Octobre prochain.

Pas de vote avant le Cinquantenaire

Il y a environ un mois, le Chef de l’Etat Laurent Gbagbo mettait fin simultanément à la mission du premier Gouvernement dirigé par Soro Guillaume et à celle du bureau de la Commission Electorale Indépendante (Cei). Aujourd’hui, après mille et une difficultés, les choses sont rentrées dans l’ordre.

Le Gouvernement Soro II, au complet, est déjà à l’œuvre et le nouveau Président de la Cei, Youssouf Bagayoko, après avoir été plébiscité par les commissaires de l’organe de régulation des élections en Côte d’Ivoire, poursuit le travail entamé par son prédécesseur Robert Beugré Mambé. Mais non sans difficulté.

En effet, à peine installé dans son fauteuil, le nouveau venu est confronté à deux problèmes cruciaux, à savoir ; la guerre du renouvellement des Cei locales et le sempiternel palabre du contentieux électoral.

Concernant le premier point d’achoppement, on assiste à un véritable pilonnage médiatique orchestré par le président du Fpi, Affi N’Guessan, demandant le renouvellement tout azimuts des Cei locales, avec comme grief contre celles-ci, leur complicité dans la fraude reprochée à l’ex-Président de la Cei.

L’opposition n’entend pas rester les bras croisés, à la remise en cause des différends accords signés, particulièrement celui de Pretoria II, qui a dessiné les contours de la Cei, dans sa configuration actuelle. Sur la question, plusieurs délégations, dont celle de la Primature, ont rencontré le RHDP, pour essayer de convaincre l’opposition sur la nécessité de renouveler les Cei locales, sans succès.

Le Président du Directoire Alphonse Djédjé Mady a prévenu le camp Présidentiel contre ses basses manœuvres. Il aurait menacé de reprendre la lutte, si le camp présidentiel tentait un nouveau hold up à la Cei.

La deuxième patate chaude entre les mains du Président de la Cei est le contentieux électoral. La semaine dernière, le secrétaire national aux élections du FPI, Sokoury Bohui a remis au goût du jour ce que les refondateurs ont appelé « désinfecter la liste électorale ». Selon lui, la Cei doit maintenant faire en sorte que la Côte d’Ivoire ait des listes propres. « Tant que les listes ne seront pas propres, déclare t-il, on n’ira pas aux élections ».

Toute chose qui a fait dire aux observateurs de la scène politique Ivoirienne que le Camp Présidentiel n’est pas du tout prêt à aller aux élections dans un bref délai. Deux dossiers brûlants entre Ies mains de Youssouf Bakayoko. Réussira-t-il à concilier les points de vues des uns et des autres pour mener le bateau Ivoire à des élections propres et apaisées ?

Avec la bénédiction du Représentant Spécial des Nations Unies en Côte d’Ivoire et de celle du Facilitateur Blaise Compaoré, la tâche n’est pas impossible, surtout que l’homme est précédé d’une renommée de fin diplomate.

Un membre influent du RHDP ne disait-t-il pas que Gbagbo n’est pas prêt à aller aux élections avant d’avoir fêter le cinquantenaire de la Côte d’Ivoire ?

En tous les cas, l’acharnement des proches du Chef de l’Etat à poser des préalables, chaque fois qu’on semble près du but, corrobore bien la thèse qui place le Cinquantenaire dans la priorité de la Présidence par rapport à la Présidentielle en Côte d’Ivoire.

Pour le Premier Ministre, Soro Guillaume, il est bien possible de voter en Mai, même s’il demeure convaincu que des élections précipitées peuvent mener la Côte d’Ivoire droit dans une guerre civile.

De Gildas, correspondant du Républicain à Abidjan

15 Mars 2010.