A quelques encablures des élections présidentielles dont le 1er tour est prévu pour le 29 avril prochain, le voile se lève peu à peu sur le nom de ceux qui ambitionnent d’être candidats à la Magistrature Suprême du Mali. L’histoire retiendra que le président du RPM, Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK) est le premier à être investi de cette mission par son parti. Mamadou Bakary Sangaré dit Blaise de la CDS et Oumar Mariko du parti SADI ont également déclaré qu’ils seront candidats. Mais, si le RPM, avec plus de 40 députés et 1.590 conseillers élus n’a pas d’obstacles à franchir pour présenter un candidat conformément à l’article 147 de la loi électorale, titre III relatif aux dispositions particulières à l’élection du président de la République, tel n’est pas le cas pour la CDS et le SADI. Le RPM sera-t-il leur parrain ?
LES INNOVATIONS DE LA LOI ELECTORALE
L’une des innovations de la loi électorale qui régit les élections générales de 2007 au Mali et plus particulièrement les présidentielles est l’introduction du système de parrainage pour tout candidat. En effet, l’alinéa 2 de l’article 147 de la loi électorale en son titre III relatif aux dispositions particulières à l’élection du président de la République stipule que chaque déclaration de candidature doit recueillir la signature légalisée d’au moins dix députés ou cinq élus communaux dans chacune des huit régions du pays et du District de Bamako.
Si le RPM, avec une quarantaine de députés et 1590 conseillers communaux élus n’est pas concerné par cette disposition de la loi, tel n’est pas le cas pour la Convention Sociale Démocrate (CDS) de Mamadou Bakary Sangaré dit Blaise et Oumar Mariko du parti Solidarité Africaine pour la Démocratie et l’Intégration (SADI).
INCONTOURNABLE PARRAINAGE POUR LA CDS ET LE SADI
Ces deux formations politiques sont considérées à tort ou à raison comme des partis régionalistes, en terme de couverture du territoire car, n’ayant pas d’élus communaux ou nationaux dans chacune des régions du pays. La troisième région, et plus précisément Bougouni est considérée comme le fief de la CDS.
A l’Assemblée Nationale, les quatre députés de la CDS sont issus de la circonscription électorale de Bougouni. Au sortir des élections communales de mai 2004, c’est seulement dans les régions de Koulikoro et Sikasso que le parti de Blaise a obtenu ses 157 élus communaux, soit 11 dans la région de Koulikoro et 146 à Sikasso.
La CDS-Mototiguiya n’a obtenu aucun conseiller ni dans la région de Kayes, ni à Ségou, ni à Mopti, encore moins à Tombouctou, Gao, Kidal ou encore dans le District de Bamako. Idem pour le parti SADI qui n’a obtenu que 92 conseillers communaux au total, soit 2 dans la région de Koulikoro, 67 à Sikasso, 15 à Ségou et 8 à Tombouctou.
Dans les régions de Kayes, Gao, Kidal et dans le District de Bamako, le SADI n’a eu aucun conseiller. Et, à l’Assemblée Nationale, les six députés élus en 2002 au nom du parti SADI ont tous démissionné de la formation politique qui est à la base de leur élection comme députés.
Dans ces conditions, la CDS et le SADI sont obligés de se faire parrainer par des élus d’autres partis politiques ou par des indépendants s’ils veulent présenter un candidat à l’élection du président de la République. Tout porte à croire que le RPM est prêt à parrainer la candidature de Blaise Sangaré de la CDS et de Oumar Mariko du parti SADI.
En tout cas, ces derniers temps, Blaise s’est de plus en plus approché du RPM d’IBK. Sa présence le week-end dernier au congrès d’investiture de Ibrahim Boubacar Kéïta comme candidat à la Magistrature Suprême et le message qu’il a livré à l’endroit du RPM d’IBK en disent long sur le besoin qu’il a pour eux s’il veut être investi comme candidat également.
Quant au Dr. Oumar Mariko, il s’est transformé en avocat défenseur du RPM et d’IBK contre Mountaga Tall lors de la cérémonie d’ouverture du 2ème congrès ordinaire du RPM qui a investi IBK. Oumar Mariko n’a-t-il pas intérêt en ce moment à défendre IBK et son parti ?
LE LEGISLATEUR ET LE PEUPLE
En introduisant le système de parrainage à l’élection du président de la République, le législateur avait comme souci, dit-on, de limiter les candidatures fantaisistes quand on sait que chacun des 24 candidats aux élections présidentielles de 2002 a coûté au contribuable malien plus de 10 millions de francs CFA, rien que pour la confection de leurs bulletins de vote.
Si cette disposition de la loi électorale s’applique aux partis politiques pris individuellement, seul quatre peuvent présenter un candidat à la Magistrature Suprême. Ce sont : l’ADEMA-PASJ, l’URD, le RPM et le CNID-FYT qui ont chacun plus de 10 députés. Parmi ces quatre formations politiques, hormis le RPM qui a déjà investi son candidat, l’ADEMA, l’URD et le CNID ont clamé haut et fort qu’ils s’abstiennent de présenter un candidat contre le président de la République sortant, M. Amadou Toumani Touré.
Tout compte fait, il y aura moins de candidatures cette année à la Magistrature Suprême du pays qu’en 2002.
Daba Balla KEITA
30 janvier 2007.