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Pour prévenir d’éventuelles violences, avant, pendant et après les élections en Côte d’Ivoire, les Partis politiques s’étaient donné un code de bonne conduite à ne pas violer sous aucun prétexte. Il s’agissait, pour tous, d’éviter des injures et autres attaques belliqueuses, pendant la campagne électorale, respecter le résultat des urnes, sans verser dans des allégations mensongères à l’endroit des autres candidats. Avant même l’ouverture de la campagne présidentielle, toutes ces bonnes promesses et intentions sont aujourd’hui rangées au placard. Comment en est –on arrivé à cette situation ?

Ce qui se dessine à l’horizon en Eburnie, ne sent rien de bon. L’atmosphère délétère de ces dernières semaines, sur le terrain de l’identification et de l’enrôlement de la population, est un signe qui ne trompe pas. En effet, depuis le lancement des opérations visant à sortir une liste électorale fiable, le Parti au pouvoir ne cesse d’accuser l’opposition ivoirienne dans sa globalité, notamment le Rassemblement des Républicains (RDR), de vouloir faire figurer sur la liste électorale des étrangers.

La suspicion est réciproque des deux côtés. L’opposition, de son côté, soupçonne le parti au pouvoir de manœuvrer en sourdine pour bloquer le bon déroulement du recensement électoral. Parce que, disent-ils, un recensement bien mené consacrera la chute du FPI. Dans la mouvance, l’organe de contrôle des élections (la Commission Electorale Indépendante, CEI), dirigée par Beugré Mambé, est traité de tous les noms. Cette dernière est, de fait, accusée de parti pris en faveur de l’opposition, par le parti cher à Laurent Gbagbo.

La semaine dernière, l’atmosphère sociale s’est brusquement surchauffée, rappelant du coup les heurts qui avaient émaillé le bon déroulement des audiences foraines sous le Premier Ministre Charles Konan Banny, pendant qu’il était encore à la Primature. Ces incidents avaient causé des pertes en vies humaines et d’énormes dégâts matériels.

Les récents saccages des centres de collecte de Williamsville et du Plateau dans le District d’Abidjan, avec pour conséquence, des violences sur des agents recenseurs, des valises de la Sagem emportées, des ordinateurs confisqués et des formulaires déchirées, crée aujourd’hui une tension énorme au sein de la population.

Pour éviter d’atteindre, à quelques pas de la date du 30 Novembre 2008, un point de non retour, le premier Ministre Soro Guillaume a reçu tous les acteurs du jeu politique ivoirien le lundi dernier à son cabinet, notamment l’Ins, l’Oni, la Sagem, les chefs d’Etat Major des armées présentes sur le sol Ivoirien.

Les Partis politiques qui ont été les derniers à être reçus par Soro ont contribué à aplanir toutes les difficultés à savoir : insécurité dans les centres, grèves des agents, primes impayées. Ceux-ci, dans leur grand ensemble, se sont dits satisfaits des dispositions prises par le locataire de la Primature pour sécuriser les sites d’enrôlement et le bon déroulement de tout le processus d’identification.

Les partis politiques représentant le RHDP à la rencontre ont affirmé à la Presse avoir trouvé réponse à leurs préoccupations. Le Dr Alassane Salif N’Diaye de l’UDPCI, qui représentait les Houphouétistes, a affirmé retenir trois choses de positives de cette rencontre. « La première dit-il, c’est que des mesures appropriées ont été prises pour que très rapidement la machine se mette en marche. Réaffirmation du rôle et des attributions des différents opérateurs, la Cnsi, l’Oni, l’Ins, la Sagem sous l’autorité de la Cei. Nous ressortons de cette rencontre avec de l’assurance et de la responsabilité ».

Qui est derrière les attaques des centres d’identification ?

Lors de l’attaque des centres de collecte n° 001 de la chambre de commerce et n°002 du Collège moderne du Plateau, le lundi dernier, la trentaine d’agresseurs ont été reconnus par certains pétitionnaires, comme étant des éléments de la Fesci. Car disent ces témoins, après les attaques les assaillants auraient pris la direction de la Cité Rouge de Cocody.

Allégations que le Secrétaire Général de l’Organisation estudiantine, Mian Augustin, balaie du revers de la main. Il décline toute responsabilité dans les évènements malheureux qui se sont déroulés au Plateau le lundi. Malgré ce démenti dans la presse locale, de lourds soupons pèsent sur ce mouvement proche du pouvoir en place.

En attendant de situer les responsabilités sur les entraves à l’enrôlement, des mesures draconiennes viennent d’être prises pour sécuriser tous les sites, sur le territoire national par les forces militaires des deux camps (FDS et FAFN). S’agissant de la date des élections présidentielles, même si tout le monde sait que rien ne peut confirmer le maintien de cette date, y compris la classe politique, la Cei continue de mettre la pression pour qu’à cette date, tout soit prêt. Histoire d’être sûr qu’une autre date ne sera plus repoussée.
De Gildas, Correspondant du Républicain à Abidjan

23 Octobre 2008