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«Le colonel Siaka Sangaré, Délégué général aux élections et expert reconnu de l’ONU comme de la francophonie en matière électorale, a suggéré le report des municipales prévues en avril – mai. Demande relayée sans plus de succès par le Parena».

Cette information est donnée par l’hebdomadaire «Jeune Afrique», en page confidentielle, dans sa dernière parution, du 1er au 7 février 2009, n° 2508. L’hebdomadaire indique : «Dans un rapport confidentiel de la Délégation générale aux élections, organisme indépendant du gouvernement malien, la crédibilité des fichiers est sérieusement mise en cause. Datée du 17 septembre 2008, l’étude que J.A. a pu se procurer, épingle l’augmentation fulgurante du nombre d’électeurs passé d’un peu moins de 5,8 millions à plus de 7,2 millions en 2007».

Le journal souligne que le rapport mentionne que cette surprenante hausse à laquelle s’ajoutent de nombreuses anomalies relevées dans les opérations de révision des listes, fait peser de sérieux doutes sur la fiabilité du processus électoral de 2009 et pourrait créer un climat de méfiance et de crispation politique lors de la présidentielle de 2012.

Nous n’avons pas pu nous entretenir, hier, avec Siaka Sangaré, Délégué général aux élections, qui selon les agents de la DGE, était absent. Un cadre de l’Etat qui a requis l’anonymat, nous a signalé que le ministère de l’Administration territoriale et des collectivités locales et certains chefs de partis politiques détenaient ce rapport, qui, selon lui, n’était pas confidentiel.

Le secrétaire général du MATCL, Seydou Traoré, nous a fait savoir qu’il fallait s’adresser à la DGE, qui a produit ce rapport, pour connaître son contenu.

Donc, personne ne nie l’existence du rapport. Pourquoi la DGE, le MATCL et certains présidents de partis politiques cachent-t-ils le contenu de ce rapport accablant pour les organisateurs de nos élections ? D’autant plus que tous les indicateurs pertinents du processus électoral signalent que le report est inévitable, si, vraiment, le gouvernement tient à organiser des élections crédibles.

Selon nos informations, la CENI a commencé son travail tardivement et reste toujours confrontée au problème des moyens, les commissions de révision des listes électorales ont dépassé les délais qui leur étaient fixés et leur travail n’a pas été totalement supervisé, les cahiers de recensement ne sont pas fiables et concernant le fichier, le travail d’élimination des doublons et les radiations sont très mal effectués.

Le MATCL a annoncé le 26 avril comme date des élections, après que le président de la République ait pris les devants en proclamant que les élections auront lieu dans la dernière décade du mois d’avril.

Est-ce une raison suffisante pour maintenir une date que le Délégué général aux élections, Siaka Sangaré a jugée périlleuse pour la Nation ? Il faut rappeler que le Parena, citant le rapport de la DGE, avait signalé que cette structure avait conclu «qu’à défaut, les élections communales de 2009 seront non seulement très coûteuses mais peuvent connaître de nombreux recours, voire des contestations émaillées de troubles».

Lors de la rentrée politique du Cadre de concertation et de consolidation politique, le colonel Youssouf Traoré avait souligné que la date du 26 avril a été maintenue par ceux qui décident. Il avait pourtant reconnu qu’elle ne correspondait pas du tout à la date des dernières élections municipales. Pourquoi l’Etat a-t-elle fermement adopté la politique de l’Autruche ?

Baba Dembélé

04 Février 2009