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Cette question mérite d’être posée, après la décision du gouvernement de traduire, en acte concret, le programme de consolidation et de modernisation de l’Etat civil pour doter notre pays d’un système d’état civil fiable, performant et conforme aux normes admises.

Cela est d’autant plus important quand on sait que les résultats des élections au Mali sont toujours contestés par l’opposition, qui remettent toujours en cause le Recensement Administratif à Caractère Electoral (RACE) sanctionné par la confection d’un ficher électoral informatise.

Le système électoral en cause

Au Mali, les élections sont régies par la loi n°02-007 du 12 février 2002, modifiée par la loi n°04-012 du 30 janvier 2004. Ainsi, les élections se tiennent à échéances régulières.

Cependant, pour la tenue d’élections libres, fiables et transparentes, d’importants efforts ont été réalisés. Il s’agit : du renforcement des capacités du ministère de l’Administration Territorial et des Collectivités Locales, de l’institution de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) et de la Délégation Générale aux Elections (DGE).

Malgré les efforts déployés par ces trois structures pour la bonne tenue des élections présidentielles et législatives en 2002, les résultats desdites élections n’ont pas été sans contestation. On se rappelle, à l’élection présidentielle de 2002, le président du RPM, Ibrahim Boubacar Kéïta, classé troisième dernière, le candidat indépendant, Amadou Toumani Touré, et le candidat de l’Adema Pasj, Soumaïla Cissé, avait clamé, sur tous les toits, qu’on lui a volé sa victoire.

A cette époque, certains observateurs politiques s’interrogeaient : comment peut-on sortir victorieux à une élection alors qu’on n’a pas participé au deuxième tour? Il convient de rappeler, à ce niveau, que le deuxième tour de cette élection présidentielle a opposé ATT à Soumaïla Cissé.

Aussi, notre pays a frôlé de justesse la catastrophe lorsque les responsables du RPM incitaient les populations à la violence, afin disaient-ils, d’obtenir leur dû. Grâce à la retenue, à la compréhension et à l’esprit de patriotisme des uns et des autres, un autre 26 mars n’a pas eu lieu, contrairement à ce que certains avaient prédit.

Après cette tentative vouée à l’échec, le RPM n’en démordait pas, il continuait avec d’autres camarades de l’opposition, regroupés, cette fois-ci, au sein du FDR, à critiquer le système électoral, qui, selon eux, est à la base de toutes les fraudes à cause de sa non fiabilité.

En effet, la dénonciation du fichier électoral informatisé assorti du RACE, était la principale arme de l’opposition lors des campagnes présidentielles et législatives de 2007. Il faut également le souligner, d’autres Maliens et certains spécialistes doutaient de la fiabilité du fichier électoral.

RAVEC pour un fichier électoral plus fiable

C’est compte tenu probablement de cette situation que le gouvernement du Mali, réuni en conseil des ministres, le mercredi 3 avril 2008, a décidé de l’organisation d’un Recensement à vocation d’Etat civil (RAVEC) avec pour, entre autres, résultats attendus : l’établissement d’un fichier central unique Etat civil avec des données biométriques (empreintes digitales et photographie) qui sera couplé avec le fichier électoral.

Cette opération conduira, sans nul doute, à une plus grande fiabilité du fichier électoral et à la confection de cartes d’électeur avec données biométriques. Déjà, un projet de décret portant approbation du marché relatif à la fourniture d’équipements et à des prestations de service dans le cadre de la mise en place du centre national d’Etat civil, a été adopté.

Attribué, après appel d’offres, à la société SAGEMDS pour un montant de 7,336 milliards de FCFA environ et un délai d’exécution de 12 mois, le présent marché est conclu en vue d’assurer la fourniture d’équipements et de prestations de services pour l’opération de RAVEC ainsi que pour la livraison clé en main, le démarrage et la formation du personnel d’un centre de collecte et de traitement des données d’état civil.

Avec l’organisation d’un tel recensement pour un fichier électoral fiable en vue d’une plus grande transparence, les opposants continueront-ils toujours à contester les résultats des élections?
Dans tous les cas, partout en Afrique, les vaincus ont toujours leurs mots à dire.

Moussa TOURE

04 Avril 2008.