Si l’actuel Premier ministre Modibo Sidibé n’a encore manifesté aucune velléité de briguer la magistrature suprême du Mali en 2012, les candidatures du patron de l’URD, Soumaïla Cissé et du leader du RPM, Ibrahim Boubacar Kéita ne sont, elles, entourées d’aucun mystère. Ces trois hommes sont tous de gros calibres avec des atouts certains. Même si à l’un et l’autre ont quelques points faibles. Si ces trois ténors ont déjà posé des jalons sur le plan international en vue de leur accession au luxueux palais de Koulouba, tous attendent 2011 pour lancer les hostilités au plan national. La bataille promet d’être rude.
Le patron de l’Union pour la république et la démocratie (URD) et non moins actuel président de la Commission de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA), basée à Ouagadougou au Burkina Faso, Soumaïla Cissé, doit être actuellement très préoccupé par son retour au pays pour véritablement lancer l’opération de déblayage du terrain en vue de la présidentielle de 2012. L’enfant de Niafunké trépigne de rentrer au bercail pour donner un coup de pouce au travail que le président du parti, l’honorable Younoussi Touré est en train de faire, dans le but de sensibiliser les populations à voir en cet ancien ministre des Finances celui dont le Mali a besoin pour prendre en main les rênes du pays à la fin de ce second mandat d’ATT. Selon des informations fiables, le président de la Commission de l’UEMOA quittera ses fonctions à Ouagadougou en mars 2011. Il prendra alors ses quartiers à Bamako pour se lancer à la conquête de Koulouba. S’il est reconnu comme ayant un background admirable en terme de carnet d’adresses au plan international, le fondateur de l’URD est craint dans certains milieux pour ses capacités à diligenter une « chasse aux sorcières ». On le dit en mesure de pouvoir sortir de vieux dossiers (sales) pour poursuivre les indélicats.
Il a la réputation de ne pas badiner avec la corruption et la mauvaise gouvernance. Son passage à la tête du ministère des Finances aurait laissé des appréhensions dans ce sens. Soumaïla Cissé peut compter sur l’URD, dans ses efforts pour l’ascension de la colline du pouvoir (le palais présidentiel étant situé sur une colline), un parti qui compte 29 députés à l’Assemblée nationale et près de 2500 élus communaux répartis sur l’ensemble du territoire national.
Le président du RPM, Ibrahim Boubacar Kéita, aurait actuellement des soutiens extérieurs, notamment ses amis de l’Internationale socialiste, prêts à l’appuyer dans son ambition d’arriver au palais de Koulouba. Chez IBK, semble résonner un seul chœur : » 2012 ou jamais « .
L’homme a, malgré tout ce que ses détracteurs disent, une base de sympathie à Bamako et dans le Mali profond. Ancien Premier ministre, ancien président de l’Assemblée nationale et actuellement député élu dans la capitale Bamako, IBK a un carnet d’adresses de haut niveau et bénéficie aussi d’une discrète sympathie de l’actuel locataire du palais présidentiel. Le patron du RPM s’apprête à lancer sa machine électorale à l’intérieur du Mali le 30 juin 2011 lors de la célébration du dixième anniversaire de son parti.
On lui reproche souvent des airs de bourgeois ou une tendance à un grand train de vie. Ce qui pourrait donner à penser qu’il n’est pas proche du bas peuple. Ce que ses proches démentent, vu son penchant à aider les cas sociaux. Fort de 10 députés à l’Assemblée nationale et près de 1000 élus communaux, le RPM pourrait constituer une force de frappe pouvant conduire IBK loin dans ses ambitions pour le Mali..
Le Premier ministre Modibo Sidibé tarde certes à faire connaître ses véritables intentions par rapport à la présidentielle de 2012, mais des observateurs avertis de la scène politique malienne s’accordent à dire que la surprise de la bataille électorale à venir serait de constater qu’il n’est pas dans la course. Pour plusieurs hauts cadres de l’Etat, Modibo Sidibé est « l’homme de confiance du président Alpha Oumar Konaré « , le principal fondateur de l’ADEMA-PASJ.
A ce titre, Alpha pourra faire un lobbying en sa faveur pour que le parti de l’abeille lui fasse porter ses couleurs. D’ores et déjà, Modibo serait dans la dynamique discrète de devenir militant de l’ADEMA. Pour remplir les conditions d’une candidature interne au parti.
Sa force serait véritablement le soutien dont il bénéficierait de la part des présidents Alpha et ATT. Ce dernier devra batailler dur pour faire adhérer à sa candidature ses amis du Parti pour le développement économique et la solidarité (PDES). Mais, il semble qu’au plan interne, l’actuel chef du Gouvernement a du travail à faire pour convaincre les populations, les potentiels électeurs. On le dit par ailleurs distant, alors que ses proches lui reconnaissent volontiers une amabilité hors pair.
Comme on le voit, les forces et les faiblesses chez chacun de ces présidentiables s’équivalent quasiment. C’est donc le plus populaire d’entre les trois et celui qui marquera le plus de points lors de la campagne électorale qui l’emportera à l’issue d’un véritable combat de titans.
Bruno D SEGBEDJI
01 Décembre 2010.