Les Maliens éliront un nouveau président et des députés en 2007. Pour cela, les autorités sont entrain de mettre les bouchées doubles pour que les élections se passent dans des conditions transparentes. Mais avec la nouvelle innovation, l’introduction du bulletin unique, dont on dit moins coûteux que le bulletin multiple, suscite déjà des inquiétudes dans l’opinion publique.
Les élections ont un coût. Les Maliens le savent bien. Ils ont en mémoire le triste souvenir des élections de 1997 où personne ne sait jusqu’à présent combien de milliards ont servi à imposer Alpha Oumar Konaré, son parti et ses alliés alimentaires au pouvoir.
Si le ministère de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales et les partis politiques ont compris qu’il est temps de mettre fin à cette hémorragie de l’argent des contribuables, tant mieux.
Mais si c’est pour créer d’autres problèmes dont le pays n’en a vraiment pas besoin, il va falloir que les Maliens rompent leur contrat avec le sommeil pour faire échec aux ambitions démesurées de cette race de politiciens qui préfèrent la peste qu’eux.
L’innovation est de taille et salutaire. Mais à un pas de l’élection présidentielle, les gens se perdent en conjectures. Pour les uns, les élections partielles de Sikasso, de la CV du district de Bamako et de Mopti devraient servir de test à l’introduction du bulletin unique dans notre système électoral. Pour les autres, c’est la fraude qui s’annonce à grande échelle.
Pour notre part, nous disons que le bulletin unique viendra renforcer la machine de fraude électorale dont on ne cesse de mettre en place par la militarisation des structures chargées de l’organisation des élections.
Dans un pays où la quasi-totalité des électeurs ne savent ni lire, ni écrire, l’introduction du bulletin unique compliquera davantage notre vote et voire le décompte des voix. Ce qui nous réconforte dans notre conviction est qu’aucune sensibilisation n’a été faite autour de l’innovation.
Dans ces conditions, pour la première fois, les électeurs se feront accompagner d’une autre personne pour leur indiquer là où ils doivent mettre la croix. Ces nouveaux guides électoraux, si on peut les appeler ainsi, seront choisis par quelle structure ? Quel sera leur degré de moralité ? C’est cette question qui taraude les esprits des Maliens.
Ensuite, la disposition des photos des candidats sera une source de polémique entre les partis politiques. C’est sûr que certains ne vont pas accepter à ce que la photo de leur candidat soit en bas du bulletin.
Ce bulletin unique même s’il va réduire le coût des élections, entamera la crédibilité de notre démocratie. Car elle sera source de tension.
Yoro SOW
23 novembre 2006.