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C’est une évidence : l’école malienne est gravement malade. D’où la recherche par les autorités d’une thérapie de choc, afin d’éradiquer le mal qui mine tout le système éducatif. Voilà l’objet du Forum national sur l’éducation qui s’ouvre aujourd’hui, sous la présidence du chef de l’Etat.

Ecoutes, organisation d’ateliers thématiques, concertations régionales : tel est le long processus qui mène aujourd’hui à la tenue du forum sur l’éducation initié par le gouvernement et dont l’objectif est de susciter, sans passion, un large débat autour de l’école malienne.

Pour préparer ce rendez-vous, un comité préparatoire dirigé par le professeur Salikou Sanogo, est à pied d’œuvre depuis quelques mois.
Dans une interview qu’il nous avait accordés la semaine dernière, le président du comité préparatoire, tirait déjà les conclusions de cette phase préparatoire: « Le sentiment qui se dégage d’une façon générale, c’est une forte attente. Compte tenu des problèmes que notre système éducatif connaît, la population et l’opinion attendent cette rencontre avec impatience pour que nous puissions discuter de ces grandes questions qui agitent le monde scolaire. Depuis un certain temps, vous aviez difficilement des années scolaires normales. Vous aviez des sorties, des grèves, ainsi que des agressions et la violence qui s’introduisent dans le système… »

C’est pour toutes ces raisons que la tenue de ce forum est fortement attendue par tous les acteurs. Sans langue de bois, pouvoirs publics, associations, syndicats, parents d’élèves, tous les acteurs de notre système éducatif sont appelés à réfléchir et à proposer des solutions idoines devant guérir le grand malade.

Pour cela, les balises ont été posées lors de la phase préparatoire.
Le président du comité préparatoire s’explique : « les gens se sont exprimés lors de nos écoutes, lors des ateliers thématiques. Nous avons fait une vingtaine d’ateliers thématiques, avec plus de 1 700 participants. Et nous avons senti aussi, au cours des concertations régionales, qu’il y avait un fort besoin de discussions, d’échanges autour du système éducatif, de tout le système éducatif malien… »
Au vu de l’engouement et de l’intérêt déjà constatés, le professeur Sanogo estime que le forum permettra d’engager « un débat large, approfondi sur les diagnostics qui ont été posés lors de la phase préparatoire ».

A l’occasion, les Maliens se sont exprimés et ont fait nombre de recommandations qui seront soumises au forum. Parmi ces recommandations, il y a la question portant sur le financement de notre système éducatif, la qualité des méthodes pédagogiques utilisées, la formation et le recrutement du personnel enseignant, la rémunération, les conditions de vie et de travail des enseignants…

D’autres recommandations, non moins importantes, portent sur la recherche d’un enseignement de qualité pour le supérieur, la régulation et la gestion des flux au niveau des écoles.

Les problèmes relatifs à l’organisation et à la qualité du secteur privé ont aussi largement dominé les débats lors de la phase préparatoire.

« Une des recommandations fortes est qu’il faut faire en sorte que notre enseignement supérieur contribue au développement économique et social de notre pays. Et que notre enseignement secondaire, surtout l’enseignement secondaire technique et professionnel aillent vers la formation pour l’emploi. Les gens ont insisté là-dessus, il ne faut pas que les enfants sortent de l’école sans avoir la possibilité soit d’exercer un emploi, soit d’exercer un emploi, soit d’en créer eux-mêmes. Donc, il faut que nous mettions l’accent sur la qualité de la formation professionnelle au Mali », estime le professeur Sanogo.


CH. SYLLA

30 Octobre 2008