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C’était le samedi 21 mai 2005 à la Dette Publique. Animée par M. Iba N’Diaye Directeur général de l’Agence Nationale pour l’Emploi, ancien Maire du District de Bamako et président d’honneur de l’Association des municipalités du Mali, cette conférence s’est tenue en présence du Docteur Abdoulaye Sall Président de Cri 2002 et de Me Moussa Goïta qui jouait le rôle de modérateur.

En expliquant le sens de cette conférence, le docteur Abdoulaye Sall dira qu’elle s’inscrit dans une dynamique que Cri 2002 a initiée depuis les dernières élections dans notre pays avec l’appui du Bureau de la coopération suisse. Cette conférence, selon le président de Cri 2002, répond donc dans l’ordre normal des décisions de Cri 2002 qui entend mener une campagne d’éducation civique de façon permanente dans notre pays.

Le Modérateur de la conférence Moussa Goïta, de son coté, dira que le Cercle de réflexion d’information pour la consolidation de la démocratie au Mali (Cri 2002) avait déjà, au mois de mars 2004, entrepris des séries d’actions tendant à la promotion, à court, moyen et long terme, auprès des citoyens et des autorités politiques et administratives, des valeurs, des capacités, des compétences et des comportements de participation consciente et active pour la consolidation de la démocratie.

C’est dans ce cadre qu’il a indiqué que Cri 2002 a conçu et mis en oeuvre l’initiative citoyenne qui ambitionne de participer activement avec les partis politiques et l’Etat, à l’information, à la sensibilisation, à la formation, bref à l’éducation du citoyen. En se référant à la définition donnée par le petit Larousse, il a défini le concept de l’éducation par l’action d’éduquer, de former et d’instruire quelqu’un. Eduquer donc, selon lui, c’est former l’esprit de quelqu’un, développer ses capacités intellectuelles et physiques, son sens moral, lui apprendre les usages de la société, les bonnes manières et le savoir-vivre.

Rapport éducation-enseignant
Après les mots du Modérateur qui a souligné que le concept de l’éducation recouvre un domaine beaucoup plus étendu que celui de l’enseignement, le conférencier Ibrahima N’Diaye a fait savoir, que s’il s’agit d’enseignement, le département de l’Education Nationale est le principal acteur. Mais dès lors qu’on parle d’éducation, les acteurs sont multiples, nombreux et leur rôle dans la formation de l’homme malien équivaut et peut être dépasse même les institutions en charge du formel.

Situant le contexte historique du système éducatif malien, il a rappelé la réforme de 1962 qui a fait date et qui continue d’être une référence pour toutes les générations qui se sont succédé notamment par sa taille et sa profondeur. Mais pour le conférencier, son importance lui vient du fait qu’elle concernait l’éducation qui constituait le socle et l’instrument fondamental pour la réalisation efficace du projet de société.

Pour le conférencier, une politique volontariste imprimera à cette époque une dynamique qui consacrera une réelle démocratisation de l’enseignement et les avancées seront spectaculaires au niveau de l’éducation de base.

Mais il a révélé que les évènements de 1968 briseront la dynamique, même si le système, dans son fondement, s’est maintenu. La révolution de 1991, a-t-il ajouté, remobilisera de nouveau le fonds de l’éducation. L’ensemble du système officiel de l’éducation sera revisité et tous les niveaux d’enseignement connaîtront des changements significatifs qui interviendront dans un contexte de défiance totale de l’autorité de l’Etat.

Pour le conférencier, 45 ans après, notre société a évolué et il importe de s’interroger sur la question en posant la question autrement. L’action éducative, soulignera-t-il, comporte trois formes principales : le formel, le non formel et l’informel. Pour Iba N’Diaye, les trois concourent tous à l’apprentissage, les deux premiers concourent à l’instruction et le troisième, de l’avis du conférencier, doit dominer le volet éducatif pur lorsqu’on fait abstraction pure de l’instruction soulignant l’importance de cette éducation c’est à dire l’éducation informelle. Selon lui, le renforcement du rôle d’autres acteurs pour l’éducation citoyenne et des Maliens et Maliennes s’impose.

Bamako la vitrine

Après avoir donné des statistiques sur le taux de scolarisation, la couverture géographique et l’accessibilité en terme de moyens financiers, le conférencier a indiqué qu’il y a eu des progrès incontestables au niveau national et à Bamako en particulier. Les résultats de ces efforts, selon lui, sont nets et appréciables par rapport aux objectifs de l’accès de tous à l’enseignement.

Avec un taux de scolarisation avoisinant les 95 % à Bamako, on pourrait difficilement parler d’enjeu de l’éducation car ici, cette bataille est en train d’être gagnée. Même si pour le Mali, l’accès de l’éducation demeure un enjeu fondamental, il n’en demeure pas moins que sur ce plan, la capitale représente une vitrine, un miroir qu’il faut préserver et consolider davantage. Car pour Ibrahima N’Diaye, si nous voulons gagner l’objectif 100% dans l’éducation, cela ne devrait passer que par Bamako.

Pour le conférencier, l’enjeu c’est la qualité de l’éducation. Cet enjeu, ajouta-t-il, est une tâche perpétuelle, une quête permanente qu’il faut faire ressortir à un moment où tout le monde est unanime pour constater une baisse de la qualité de l’enseignement. Cela deviendrait un enjeu, d’autant que pour le conférencier, il faut inverser la tendance, un autre enjeu, pour la survie du système.

Sur ce plan, le conférencier reconnaîtra qu’il y a eu énormément d’efforts, mais selon lui, quand on voit les phénomènes auxquels on est confronté dans le domaine de l’éducation et de l’emploi, nous devons nous poser la question sur l’adaptation de ce système au contexte et réalité socioculturelle et économique du pays.

A coté de ces enjeux importants, selon le conférencier, s’ajoutent d’autres comme l’adéquation du système, la centralisation et la déconcentration.
S’agissant des opportunités, le conférencier a cité des exemples.

ll s’agit d’une volonté politique forte (plus de 22% du budget est alloué à l’éducation) et d’un cadre institutionnel favorable : l’existence des compétences même si elles sont insuffisantes, l’adhésion des populations, l’engagement des partenaires au développement et leur disponibilité pour le Mali.

Quant aux défis, ils existent car pour le conférencier, il s’agit des phénomènes qui secouent, ébranlent et compromettent les objectifs. Ce sont entre autres, l’incivisme, la croissance démographique qui est difficile à maîtriser surtout à Bamako.

Face à la persistance et à l’ampleur du phénomène, le conférencier a révélé ce qui doit être le rôle de la famille, des partis politiques et de l’institution scolaire elle-même dans l’éducation. La corruption a été également évoquée par le conférencier qui pense qu’il s’agit des phénomènes auxquels il faut trouver des solutions.

A l’ouverture des débats de cette conférence-débat, plusieurs intervenants ont signalé l’ouverture de notre système éducatif au monde et des influences qu’il subit à travers celui-ci. Pour d’autres intervenants, l’alphabétisation mérite qu’on lui accorde une attention particulière à Bamako. Le problème de planification, de l’avis d’un intervenant, est aussi un autre problème.

Laya DIARRA

24 mai 2005